Tataw Tabe James : Ultime voyage pour le général
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Il sera inhumé samedi à Ossing, son village natal.

La cour de l’Hôpital général de Yaoundé grouille de monde hier 19 septembre. Il s’agit de la mise en bière du général de division en deuxième section, Tataw Tabe James. Plusieurs responsables de l’armée camerounaise et leur patron, le ministre de la Défense (Mindef), Joseph Beti Assomo, sont venus rendre hommage à leur frère d’armes tombé sous le coup de la maladie, à l’âge de 86 ans, le 24 juillet 2019 à Paris. L’un des ultimes honneurs sera fait ce jour à la Cour d’honneur de la Brigade du quartier général à Yaoundé. Après le cérémonial, la dépouille du général de division en deuxième section, ainsi que sa famille, vont prendre un vol à la Base aérienne 101 pour Bamenda, région du Nord-Ouest. Par la suite, le cortège va se rendre dans la région du Sud-Ouest, plus précisément à Mamfe, où un dernier hommage sera rendu au défunt demain samedi, 21 septembre, à la Place d’armes de Mamfe. Après cette escale, le corps de Tataw Tabe James va être transféré dans son village natal à Ossing pour inhumation. « Les membres de la délégation n’auront pas à craindre de leurs vies. Le général était très aimé dans la région. Il pouvait se mouvoir à son aise », apprend-on d’un soldat qui réagit pour taire les commentaires sur les conséquences de la crise qui sévit dans les deux régions anglophones.

« Il n’y aura aucune attaque. Le Grand dialogue national arrive à grands pas », ajoute-t-il, tout sourire. Un sourire qui est accompagné d’un témoignage. Que des qualificatifs mélioratifs pour parler du passage terrestre du disparu. Frères d’armes et proches n’ont pas tari d’éloges à son sujet. « C’était un homme bon, généreux, disponible, travailleur,… », confie le vice-amiral Ngouah N’gally. Encore sous le choc, Me Ntumfor Nico Halle, un ami du défunt, place également un mot. « Il était plus qu’un ami. C’était un frère. Il laisse un grand vide. Il va beaucoup nous manquer », s’attriste l’avocat.

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C’est vrai, il avait 86 ans. Mais la perte d’un être cher est toujours douloureuse et difficile à accepter. La mine triste qu’affiche Nche Ntuifa Ossing, son épouse, renseigne suffisamment sur sa douleur. Depuis l’arrivée, le 17 septembre dernier, de la dépouille du disparu à l’aéroport international de Yaoundé-Nsimalen, la veuve a réalisé qu’elle ne va plus partager la vie de son époux. Ses cris et ses pleurs renseignent sur sa peine et son chagrin. L’atmosphère est lourde. Son témoignage, consigné dans le document de la célébration de vie de son époux, met à nu sa tristesse. « […] Je continue de penser que tu es juste allé en voyage, et que tu reviendras un de ces quatre. Pendant 47 ans de [notre] vie, nous avons bataillé sous le soleil et la pluie. Nous avons vaincu les vicissitudes de la vie avec toi, en tant que le capitaine de [notre] bateau. Tu étais strict, direct, discipliné, honnête et généreux… Tu avais ta manière propre de prendre soin et un grand sens de l’humour. Tu te plaisais à aider les autres, comme preuve, tu as adopté plusieurs enfants. Te voici maintenant couché immobile, et je ne puis t’entendre chanter nos chansons préférées de l’artiste Jim Reeves “I’ll fly away’’ », peut-on lire.

Par amour, il a fait de la jeune dame de Mbambalang, princesse Susan Ghogomu et reine d’Ossing-Nche Ntuifa Ossing. Maintenant, il la laisse, avec une famille très nombreuse et diverse. « Tu as adopté plusieurs enfants à tous les niveaux, aux différents stades de la vie et de plusieurs régions du pays. Tu nous laisses derrière, dans une zone de turbulence, où seul le Dieu de miracles peut nous voir. J’essaie de me consoler et de me réconforter avec les chants de la chorale ‘‘Female Choristers’’ (la chorale que tu aimais tant). Et je vais transporter ça auprès du Seigneur et y laisser. Va et repose-toi bien. Tu nous manques et nous t’aimons. Mais Dieu [notre] Seigneur t’aime plus. A bientôt », témoigne mama Suz.

Ses enfants, dont le colonel médecin Tataw Tabe Joseph Martin, aiment à se souvenir de lui comme une bibliothèque gratuite, ouverte H 24. Une encyclopédie vivante toujours prête à diffuser de la connaissance à tous ceux qui l’approchait. Comme anecdote, il garde en mémoire, le rapport du chiffre 13/8. « Tellement tu leur bluffais avec ce chiffre. Je me souviens qu’à chaque entrée dans un service de médecine, ton moment favori était la prise de paramètres. Tu tendais fièrement, et avec léger sourire, ton bras en disant : ‘‘Allez-y, ce sera 13/8’’, et effectivement, après la prise, c’était toujours exactement ce rapport de chiffre », se souvient-il.

Carrière militaire

Né le 05 septembre 1933 à Ossing, dans l’actuel arrondissement d’Eyumo-jock, département de la Manyu, région du Sud-Ouest, le général Tataw Tabe James a fait ses études primaires de 1939 à 1948, et secondaires (de janvier 1949 à 1953) dans sa région d’origine. Six ans après (1959), il fait son entrée dans l’armée. Ce natif de la localité d’Ossing suit alors pendant un an, une formation d’élève-officier à l’Ecole spéciale d’instruction d’officiers (Rosts) de Teshi près d’Accra au Ghana. En 1961, il est le commandant du Centre d’entrainement militaire du Cameroun à Ngaoundéré. Un an après, il est le commandant de la 13e Compagnie d’infanterie. Il est chargé d’emmener la nouvelle compagnie d’environ 480 hommes à Bamenda, et de remplacer le capitaine Bevo et son unité, la 5e Compagnie d’infanterie. En février 1971, Tataw Tabe James est chef des opérations pour toute la zone de défense tactique de « l’Ouest », englobant les ex-provinces du Littoral, de l’Ouest, du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. Dans les années 80, ce général de division en deuxième section est commandant de l’armée camerounaise et chef d’Etat-major des forces terrestres. Celui qui reposera pour toujours à Ossing, a été fait chef d’Etat-major de l’armée de terre en septembre 2001. « Adieu mon général. Va et repose en paix ». Un ultime souhait de son fils, le colonel médecin Tataw Tabe Joseph.

Bio express

  • 1959 : Elève-officier Rost Tesh Accra-Ghana
  • 1959 - 1960 : Elève-officier
  • 1960 : Sous-lieutenant
  • 1962 : Lieutenant
  • 1965 : Capitaine
  • 1968 : Chef de bataillon
  • 1973 : Lieutenant-colonel
  • 1978 : Colonel
  • 1983 : Général de brigade
  • 2001 : Général de division.

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