Projet du barrage hydroélectrique du Grand Eweng : Est-ce une spoliation des riverains ?
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La firme américaine Hydromine a récemment réaffirmé, son intérêt pour la construction au Cameroun, du barrage de Grand Eweng en amont du fleuve Sanaga qui longe plusieurs villages et cantons environnants dans les départements du Nyong et Kellé (région du Centre), et de la Sanaga-Maritime (région du Littoral).

A la suite de cette nouvelle annonce, les riverains des deux rives de la Sanaga, sont particulièrement inquiets quant à leur existence et au respect de leur droit inaliénable.

Les populations de Grand Eweng spoliées ?

Rendu au bureau local occupé par Hydromine au départ du projet, silence de mort, seul subsiste un bâtiment abandonné portant encore les traces du passage de la firme américaine. Personne pour nous répondre. Le représentant régional a mystérieusement disparu depuis des mois et pourtant, toute la communication orchestrée par Hydromine ces derniers jours, semble vouloir signifier des avancées dans la construction de ce barrage.

Les seuls souvenirs du passage de la société Hydromine dans le département de la Sanaga-Maritime, selon les propos d’un riverain rencontré à Pouma, se limitent à l’évocation de petits sacs de riz accompagnés de quelques kilogrammes de poisson distribués à la volée çà et là il y a quelques mois.

Autant de faits qui illustrent à suffisance la démarche outrageusement méprisante d’Hydromine vis-à-vis des populations riveraines. A en croire un homme politique du coin, l’objectif de cette firme est donc clair : acheter le silence des pauvres villageois en leur jetant quelques morceaux de poisson au lieu de la rétribution financière à laquelle ils peuvent prétendre, et procéder à une spoliation à bas-bruit des populations autochtones en évitant que tous les riverains de Grand Eweng ne se regroupent pour parler d’une seule voix et défendre leur patrimoine ancestral.

Une attitude laissant entrevoir la volonté affichée de flouer l’Etat ….

« C’est ainsi, qu’au lieu de privilégier des consultations publiques au niveau des chefs-lieux d’arrondissement avec l’association des riverains, le management d’Hydromine préfère approcher individuellement et de façon informelle, les chefs de village dans le but de leur tordre de bras ; un responsable d’Hydromine rétorquait il y a quelques mois à un riverain inquiet pour son avenir, qu’importe vos préoccupations ancestrales et vos récriminations à la fin nous gagnerons même si l’Etat est de votre côté », nous confie un jeune du coin, étudiant à l’Ecole nationale supérieure polytechnique de Yaoundé.

« Le gain financier au détriment de l’Etat du Cameroun et des populations riveraines, telle semble donc être l’unique motivation de la société Hydromine aux regards des agissements de ses mandataires sur le terrain », pense pour sa part, un spécialiste de la Finance, rencontré par Camerbe.

Pour y parvenir, nous apprend-on, Hydromine n’hésite pas à travestir la vérité quant à son expertise et sa surface financière. En effet, au-delà des effets d’annonce de ses promoteurs une rapide visite du site internet de la société et les échanges avec les experts du secteur permettent de s’apercevoir qu’Hydromine est en vérité une petite société junior sous-capitalisée qui n’a jamais réalisé un barrage hydroélectrique de l’envergure de Grand Eweng. Ce n’est donc pas un hasard si la seule représentation de cette société hors de ses frontières se situe au Cameroun car ailleurs il semble qu’ils n’aient jamais rien fait. En maquillant la vérité, Hydromine mène en bateau l’Etat du Cameroun et les Camerounais du Nyong et Kelle et leurs frères de la Sanaga- Maritime qui gardent encore en mémoire les déboires de la défunte CELLUCAM.

L’expertise d’Hydromine en question….

Selon des savants de l’hydroélectricité, la société Hydromine, dépourvue d’expertise technique et de capitaux, tente un coup de poker menteur en s’appuyant sur un simple accord de développement (non engageant) signé en juin 2018 adossé à la lettre d’intention d’achat de l’énergie par ENEO, pour tenter de s’associer avec des partenaires techniques d’envergure et lever les financements notamment du côté de la Chine où les dirigeants d’Hydromine font pied de grue devant les portes de multinationales chinoises spécialisées dans le Bâtiment et Travaux Publics (BTP).

D’autres sources nous confient que le projet de Grand Eweng semble être le seul actif majeur dont se prévale Hydromine pour valoriser son portefeuille

alors que ce projet ne lui a jamais formellement été attribué par l’Etat. C’est la raison pour laquelle on est légitimement en droit de s’interroger sur la surface financière d’Hydromine et sa capacité à développer un projet comme le barrage de Grand Eweng.

« Comment une société inconnue dans le gotha des multinationales du BTP, dont les dirigeants sont peu ou pas connus du Cameroun, et disposant d’un capital limité peut-elle prétendre s’accaparer un patrimoine national comme le fleuve Sanaga au préjudice de l’Etat et des populations riveraines ? », s’interroge un riverain, cadre dans l’administration financière camerounaise, et fils du coin.

Une approche s’apparentant au Braconnage…

D’aucuns pensent que la démarche adoptée par Hydromine dans le cadre de son intérêt pour Grand Eweng est assurément désastreuse et conduira à une catastrophe environnementale, sociale, communautaire et par conséquent politique dans les villages du Nyong et Kellé et de la Sanaga-Maritime impactés par ce projet, et qui verront débarquer sur leurs terres toutes sortes d’aventuriers avides de gains faciles à travers la spoliation de leurs ressources.

Aussi, est-il impératif pour certains analystes, que l’Etat mène toutes les diligences (environnementale, sociale, financière...) afin de garantir la crédibilité des partenaires retenus pour Grand Eweng ainsi que celle de leurs travaux.

« En outre, au moment où l’on parle de décentralisation et de développement local, il est plus que jamais de la responsabilité de l’Etat de protéger, et comme toujours, garantir la rétribution et donc l’autonomie financière des populations riveraines dont les revendications sont légitimes, en exigeant de tout contracteur que ces derniers soient à travers leurs principaux représentants associatifs, partie prenante tout au long du cycle de vie du projet dans un cadre de rencontres formelles », conclut enfin dépité, un élu local qui nous a discrètement, permis d’entrer dans ce que d’aucuns appellent « la nébuleuse Hidromine, relativement au projet de construction du barrage hydroélectrique du Grand Eweng, entre les département du Nyong et Kellé, et de la Sanaga - Maritime.

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