Axe Kribi-Grang Zambi : Opération d’exhumation des corps sur fond de tension
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Les populations n’ont pas apprécié que les engins détruisent des tombes sans notification préalable.

Ecoeurement, vive altercation, courroux et grincements de dents mercredi 3 juillet au village Bilolo à une dizaine de kilomètres du centre urbain de la cité balnéaire du Sud. Les populations de cette localité de l’arrondissement de Kribi II ont négativement accueilli le lancement officiel de l’opération d’exhumation et ré-inhumation des restes mortuaires dans le cadre du projet d’aménagement de la route Kribi-Grand Zambi, longue de 53 Km et qui dessert la ville de Kribi à celles de Bipindi et Lolodorf.

Elles n’ont pas apprécié que les engins détruisent des tombes et qu’on exhume les restes des leurs sans notification préalable. « Je suis très indigné par cette manière de procéder. Je m’insurge contre le fait que les tombes de mes parents soient démolies à mon insu », grogne Daniel Mvoula. A en croire ce dernier, informé de cette activité, il s’est rendu à la base de l’entreprise Cgcoc plusieurs fois pour avoir la date exacte des exhumations afin qu’il prenne des dispositions pour ré-inhumer dignement les siens. « Ils ont promis de m’appeler. Le portail des camerounais de Belgique. Mais à ma grande surprise, je vois les engins sur le terrain sans aucune notification », justifie-t-il son courroux. « Que cet engin arrête immédiatement de creuser sinon le sang va couler ici », fulmine son frère aîné, placé devant la grosse machine. Dans sa colère, il exige que les ossements des siens soient enterrés dans un cercueil digne de ce nom non pas dans une caisse mortuaire «rafistolée», comme les caisses en bois apprêtées pour la circonstance.

Il est 10h. Les discussions sont houleuses. L’ambiance est électrique. Les travaux sont arrêtés. Le sous-préfet de l’arrondissement de Kribi II, Gilles Christian Sadi et le 2e adjoint préfectoral de l’Océan, Josiane Nko’o Ella qui supervisait l’opération, entament une négociation avec les concernés. Malgré l’approche des « chefs de terre », les hommes furieux ne décolèrent pas. Après plus d’une heure de négociations, les insurgés reviennent à de meilleurs sentiments. La scène suscite de la nostalgie chez certaines femmes du 3e âge qui fondent en larmes.

Les personnes en colère soutiennent qu’elles n’ont pas été notifiées au préalable. Si tel était vrai, le tort reviendrait au chef du village qui n’aurait pas relayé l’information. Car après la phase de recensement des tombes, une sensibilisation a été menée toute la journée du vendredi 28 juin. Josiane Nko’o Ella a parcouru les 11 villages concernés ce jour-là, faisant escale à chaque chefferie, en vue d’informer les populations de l’activité à mener. L'info claire et nette. Reprise des travaux à 11h et demi. L’entreprise Ambani, dont l’expertise en matière d’exhumation et ré-inhumation est reconnue par le ministère des Travaux publics, remet son engin en marche. A 12h, on atteint le fond de la première tombe. Aucun ossement humain. Juste des morceaux de la veste qui recouvrait le corps de François Bikouande, enterré il y a 40 ans. Ils sont mis dans la caisse mortuaire et ré-inhumés à quelques mètres derrière la case parentale. Quatre autres tombes sont traitées. A cette date, Joseph Bingana, directeur général de l’entreprise Ambani informe avoir déjà déplacé 18 demeures des morts sur les 596 prévues.

Soulignons que c’est la société de droit chinois China Geo-Engineering Corporation (Cgcoc) qui est adjudicataire du marché pour l’aménagement de ce linéaire. Le nouveau tracé définitif prévoit 53km de routes pour sept mètres de chaussée et 1,5 m de trottoir des deux côtés. La durée de l’opération est de 90 jours au maximum.

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