DEUXIÈME ENLÈVEMENT DU CHAIRMAN : John Fru Ndi et Joshua Osih ne s’accordent pas
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Pour la seconde fois depuis le mois d’avril, le leader du Social Democratic Front a été victime, vendredi, d’un enlèvement. L’identité de ses ravisseurs semble bien connue. Le Chairman, sans surprise, les décrit comme faisant partie d’un groupe de séparatistes ambazoniens. Une version contredite par Joshua Osih, député et vice-président du SDF, qui a également révélé samedi à Radio France internationale (RFI) que des hommes en civil cagoulés, qui se sont introduits chez John Fru Ndi munis de Kalachnikovs, ont opté pour un mode opératoire différent des sécessionnistes ambazoniens.

Les circonstances, une nouvelle fois, de son enlèvement à son domicile de Ntarikon à Bamenda ne sont pas élucidées. Une situation similaire à celle vécue il y a quelques semaines, lorsque se rendant aux obsèques d’un cadre de son parti politique, le Chairman du Social democratic Front (SDF) avait été, contre toute attente, extrait de son cortège par l’une des fractions rebelles qui sèment la terreur dans la Région du Nord-Ouest avec destruction des biens publics (écoles, hôpitaux), vols de bétails, assassinats de fonctionnaires ou enlèvements de civils contre rançons. Etc.

Pour éviter de nouvelles polémiques, sur son second enlèvement survenu vendredi dernier, l'opposant John Fru Ndi qui a recouvré la liberté depuis samedi 29 juin au soir, après avoir été retenu plus de 24 heures, a donc pris soin d’apporter des éclairages sur les circonstances de son rap par un groupe se revendiquant de la rébellion anglophone ambazonienne. Le portail des camerounais de Belgique. « J’ai entendu du bruit dans la maison, puis un tir, je me suis levé, j'étais au lit. Ils m'ont attrapé et m'ont traîné par terre. J'ai essayé de leur expliquer que je venais de sortir de l'hôpital, je leur ai demandé si je pouvais prendre mes médicaments avec moi. En brousse, je n'ai pas pu prendre mes médicaments. Ils m'ont libéré vers dix heures hier soir et je suis maintenant de retour à la maison », a déclaré à Radio France internationale le leader du parti SDF. Sur l’identité de ses ravisseurs, le Chairman a sa petite idée: « C’était un groupe de séparatistes ambazoniens. Ils ont pris des photos avec moi en brousse. Ils ont hissé un drapeau ambazonien et ils chantaient l'hymne national ambazonien ».

La victime laisse entendre qu’une fois conduite dans la forêt, ses bourreaux lui ont demandé de retirer ses députés du parlement camerounais. Une exigence à laquelle John Fru Ndi n’a jamais apporté de réponses favorables. Sans doute la raison pour laquelle d’autres membres de sa famille ont eux aussi déjà été kidnappés à plusieurs reprises et ses biens saccagés par des indépendantistes. Selon un communiqué de son parti, des individus non identifiés ont fait irruption à l'entrée du domicile de Ni John Fru Ndi vendredi en milieu d'après-midi. Ils ont procédé à des tirs de sommation pour tenir à l'écart sa garde avant d'entrer dans la résidence. Ni John Fru Ndi « est alors sorti pour s'enquérir de la situation et c'est alors que les assaillants l'ont enlevé pour une destination inconnue ». Son garde du corps qui a essayé de s'interposer a reçu des balles à bout portant et a été grièvement blessé.

CONTRADICTION

Samedi, à RFI, Joshua Osih, député et vice-président du SDF, précisait que « La plupart des groupes sécessionnistes se sont désolidarisés de cette action ». Il décrivait une scène de guerre : « Nous savons qu’il a été enlevé chez lui, par des hommes en civil cagoulés, avec des Kalachnikovs, ce qui n’est pas le modus operandi normal des sécessionnistes ambazoniens… », a-t-il souligné. C'est la deuxième fois en l'espace de deux mois que le Chairman paie de sa personne par des rapts dans cette région en crise. Le Social Democratic Front n’en avait pas encore fini avec l’enlèvement de sa sénatrice la veille, suivi de sa libération quelques heures après. Que samedi 27 avril, le parti devait gérer le kidnapping à Kumbo de son président-fondateur, Ni John Fru Ndi qui se rendait aux obsèques du député Joseph Banadzem, président du groupe parlementaire du SDF à l’Assemblée nationale. Ses ravisseurs qui l'avaient gardé captif plusieurs heures avant de le libérer exigeaient qu’il rallie leur cause en demandant à ses députés et sénateurs de déserter le parlement. Ni John Fru Ndi s'y était opposé.

La communication sur la libération de Ni John Fru Ndi avait aussi entretenu la controverse. Mark Bareta, figure bien connue des milieux séparatistes, avait publié un message sur sa page Facebook, jetant ainsi le doute dans les esprits: « Selon nos informations, Fru Ndi n’a pas été kidnappé. Il a été retenu pour une brève discussion alors qu’il traversait le territoire contrôlé par les combattants ambazoniens. Il a été relaxé et autorisé à poursuivre son voyage ». Pas suffisant pour taire la polémique. Au contraire. Pour d’aucuns, ce kidnapping n’était en réalité qu’une mise en scène. L'info claire et nette. Une thèse rejetée par Joshua Osih pour qui le courage politique de Ni John Fru Ndi «a conduit à l’incendie d’une partie de la résidence du président national à Ntarikon lors de notre dernier congrès, la destruction complète de sa résidence à Baba II, l’enlèvement du vice-président SDF du Sénat devant la résidence du président national, des intimidations et des menaces sur la vie à la quasi-totalité des représentants élus du SDF, le double enlèvement du frère du président national toujours en captivité ainsi que l’enlèvement plus tôt de la sœur du président national». Un lourd tribut que paie le premier parti de l’opposition camerounaise.

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