LUTTE CONTRE BOKO HARAM : La guerre oubliée
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La secte est affaiblie. Mais continue de représenter une menace surtout pour l’Extrême-Nord. Même si la guerre déclenchée en 2014 sombre peu à peu dans l’oubli.

Depuis de longs mois, comme rarement par le passé, le Cameroun occupe le devant de la scène internationale. Et il n’y en a plus que pour la situation qui prévaut dans le Nord-Ouest et le Sud- Ouest. Quand la diplomatie se met en branle, dans les rapports des organismes internationaux en charge des droits de l’homme, l’actualité dans les médias internationaux, quand on parle de réfugiés et autres personnes déplacées, c’est avant tout de ces deux Régions qu’il s’agit. Or dans ces Régions, le Cameroun n’est pas officiellement en guerre. Dans leur déploiement, les forces de défense et de sécurité s’occupent avant tout du maintien de l’ordre et de la préservation de l’intégrité territoriale du Cameroun. Cette forte exposition est peut-être due au fait que la diaspora anglophone fait un lobbying tous azimuts.

Un lobbying qui, pour autant, ne justifie pas le peu de cas fait désormais de la situation que vit l’Extrême-Nord, toujours en proie à des exactions de Boko Haram. Même dans les journaux camerounais, c’est à peine si on évoque encore la guerre contre la secte terroriste. Tout à son mérite d’avoir écrit et publié les premiers articles sur cette guerre imposée au Cameroun, Guibai Gatama occupe pratiquement seul aujourd’hui un champ qui semble sombrer dans l’oubli ou l’indifférence. Sur sa page Facebook, le patron du trihebdomadaire L’oeil du Sahel anime une rubrique intitulée ‘’Le Cameroun en guerre’’, à travers laquelle il relaie les attaques quasi quotidiennes de la secte. Depuis début juin, celles-ci ont fait près d’une quarantaine de morts. « Déjà 30 morts (militaires et civils) après l'attaque de Darak (lac Tchad) par les terroristes de Boko haram dans la nuit du 9 juin », informe-t-il.

Son journal, en raison sans doute de son ancrage dans le septentrion, reste pratiquement l’unique organe de presse local à s’intéresser à ce conflit qui sombre un peu dans l’oubli. Pourtant, dans un rapport International Crisis Group (ICG) note que « dans l’Extrême- Nord du Cameroun, Boko Haram est aujourd’hui un mouvement affaibli. Il conserve néanmoins une capacité de nuisance, y compris contre de petites cibles militaires, en exploitant les vulnérabilités du dispositif sécuritaire et la complicité de certaines catégories sociales. » En lieu et place des attaques d’envergure du début de cette guerre déclenchée en 2014, le mouvement terroriste « privilégie depuis des mois des attaques de nuit. Il brûle des maisons, égorge ou tue à l’arme blanche, pose des mines, vole du bétail et du mil ».

En dépit de son affaiblissement, Boko Haram continue de représenter une menace, surtout pour la Région de l’Extrême-Nord. ICG note qu’en 2017, la secte terroriste « a perpétré sur le territoire camerounais environ 80 attaques et enlèvements, et planifié 90 attentats-suicides (dont 51 ont été déjoués ou ont échoué), tuant au moins 210 civils et près de 30 militaires. Depuis janvier 2018, Boko Haram a causé la mort d’au moins 135 civils et dix-huit militaires. » Autant dire que la situation humanitaire reste aussi une préoccupation. « Le nombre de réfugiés et déplacés y a augmenté en 2017. Le portail des camerounais de Belgique. En mai 2018, la région comptait 96 000 réfugiés nigérians (dont 65 000 dans le camp de Minawao) et 238 000 déplacés camerounais. Sur les quatre millions d’habitants que compte la région, 2,1 millions avaient besoin d’assistance humanitaire en janvier 2018 », relève ICG. Un responsable local des services de sécurité rappelle que la secte terroriste reste bien implantée de l’autre côté de la frontière nigériane et profite de la moindre baisse de vigilance de l’armée camerounaise et de la Force mixte multinationale pour faire des incursions au Cameroun en s’en prenant surtout aux populations. Pour lui, il n’y a que l’éradication de Boko Haram au Nigeria qui mettra le Cameroun à l’abri.

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