Mgr Bala : Un crime trop parfait
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Paru cette année aux Editions du Schabel, l’ouvrage de Léger Ntiga refait le film des évènements qui ont entouré cette affaire tout en tentant de l’élucider.

En ouvrant le livre « Mgr Bala : Un crime trop parfait », on est torturé par mille questions. Mais en le refermant, la douleur infligée par ce questionnement s’est quelque peu atténuée. Le 31 mai 2017, l’évêque de Bafia disparaît en laissant un message intriguant dans son véhicule garé au pont d’Ebebda : « Je suis dans l’eau ». Le 02 juin, son corps sans vie est donc repêché des eaux troubles et tumultueuses de la Sanaga. Près de deux ans après ce tragique incident, Léger Ntiga, journaliste, publie un ouvrage qui ambitionne de comprendre ce qu’il s’est réellement passé.

Paru en avril 2019 aux Editions du Schabel, l’ouvrage est d’abord une chronique des faits ayant précédé et succédé la mort de l’évêque de Bafia. Faisant vibrer sa fibre journalistique, il raconte la dernière journée du prélat à l’évêché. Une journée comme toutes les autres a priori. Quoique plusieurs sources approchées par l’auteur indiquent que le défunt était visiblement perturbé par la mort « brutale » et « violente » de l’Abbé Armel Ndjama, qui lui était proche. Le lecteur rencontrera de tels témoignages quasiment à chaque page. Au même titre que d’autres documents ou prises de parole ayant marqué cette affaire (le communiqué du procureur en charge de l’affaire ou l’homélie-réquisitoire de Mgr Akonga Essomba le 02 août à la cathédrale Notre Dame des Victoires de Yaoundé).

De l’alerte disparition à l’inhumation, et même au-delà, l’auteur décrit la tension qui a régné autour de cette mort. Tension elle-même engendrée par les désaccords concernant la cause du décès. Deux thèses voient rapidement le jour : le suicide par noyade et l’assassinat. Tandis que le clergé et les fidèles catholiques soutiennent la thèse du meurtre, le ministère public quant à lui privilégie la voie du suicide. S’en suivra alors un affrontement à distance entre l’église et les autorités. La situation est telle que plusieurs autopsies seront effectuées sur le corps de Mgr Bala. C’est à ce niveau que l’auteur prend clairement position et privilégie la thèse de l’assassinat. Ce dernier s’appuie sur les conclusions de la première autopsie dont le gouvernement ne publiera jamais les résultats. C’est pourtant cette expertise médico-légale qui constitue la seule preuve d’un homicide.

Puisqu’il est catholique pratiquant, l’on peut penser que Léger Ntiga opte pour l’assassinat afin de protéger sa foi. Mais à y regarder de plus près, l’on note que l’auteur convoque, en plus de l’autopsie évoquée supra, une bibliographie conséquente. Laquelle permet au lecteur de tirer lui-même ses propres conclusions au regard des éléments et indices mis à sa disposition. Pour le reste, Léger Ntiga convie le lecteur à une balade au diocèse de Bafia : 50 ans d’âge, 48 paroisses, 50 prêtres. L’on en sait également un peu plus sur Mgr Bala : sa vie, sa personnalité, ses combats, ses victoires et ses défaites. Peut-être s’agit-il d’un coup du sort. Mais « Mgr Bala : Un crime trop parfait », apparaît comme une suite inattendue d’un livre de l’auteur paru à peine quelques mois avant la mort de l’évêque : « L’Eglise des martyrs au Cameroun ». L’ouvrage revient sur les multiples meurtres non élucidés ayant frappé l’église catholique au Cameroun.

Si l’on peut déplorer une impression de redits et la présence de quelques coquilles, l’on relève néanmoins que la lecture de « Mgr Bala : Un crime trop parfait » est assez aisée du fait d’une écriture digeste.

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