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© La Nouvelle : Jacques Blaise Mvié
- 05 Mar 2019 20:29:00
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Cameroun, Affaire des 147 000 euros: Mebe Ngo’o finance-t-il la B.A.S.? :: CAMEROON
Son nom est cité dans l’affaire d’argent qui divise les casseurs regroupés autour du mouvement insurrectionnel dénommé la Brigade anti-sardinards (Bas).
Depuis quelques jours, dans des vidéos qui circulent en boucle sur les réseaux sociaux, le nom d’Edgard Alain Mebe Ngo’o est cité sans maquillage comme celui qui a expédié la somme de 147 000 euros, soit plus de 96 millions de Fcfa, à l’origine de la brouille actuelle entre les principaux ténors de la Brigade anti-sardinards (Bas).
Pourquoi lui et pas un autre baron du régime de Yaoundé ? Et pourquoi l’aurait-il fait quand on connait sa proximité avec le président Paul Biya ? Esquisses de réponses après nos investigations.
Après avoir offert au monde entier le spectacle le plus déprimant que puisse connaitre une démocratie, en s’attaquant sauvagement aux ambassades du Cameroun à Paris, à Berlin et à Bruxelles le 26 janvier dernier, les inlassables agitateurs de la Brigade antisardinards (Bas) empoisonnent depuis plus d’une semaine les réseaux sociaux avec ces puériles querelles de chiffonniers dont la tendance à utiliser un vocabulaire grivois et ordurier comme si une certaine exaltation de l’injure était nécessaire pour mieux se faire entendre dans cette « Brigade » où la schizophrénie apparait d’emblée comme une maladie bénigne et courante.
Une vraie foire aux bêtises et aux boules puantes qui hurlent dans tout les sens avec une vulgarité excrémentielle. Ce qui a fini par faire dire à l’ex-commissaire de police Junior Zogo, un ancien membre aussi de la Bas, qu’«on ne peut pas mener une révolution avec des abrutis, des affamés, des bandits » qui utilisent « le nom Bamiléké pour s’enrichir », renchérit dans la foulée le pasteur Kennedy Ejacka, un autre sympathisant de la Bas.
Ultimatums intempestifs
Insultes, empoignades, accusations, révélations incendiaires, les membres de la Bas n’en finissent pas, en effet, d’étaler sur la place publique de graves dissensions. A l’origine de ces surprenantes et profondes lignes de fracture comme dans une armée en campagne dans laquelle Carlos Mbuende et d’autres responsables de la Bas sont accusés de haute trahison ? 147 000 euros (près de 96 millions de Fcfa), son fumet et ses délices. Et comme la vase éclate à la surface de l’eau pour étaler les puanteurs de la boue verdâtre des fonds des marigots, l’on découvre un Ben Barra Blegoudé Niat, de son vrai nom Benjamin Niat, remonté comme une horloge, vociférant des ultimatums intempestifs comme un seigneur invulnérable au milieu des siens, tempêtant à la limite de la frénésie, avec une assurance qui oscille entre bravade et crise de nerfs, les menaces à peine voilées à l’adresse de tous les membres de la Bas qui ne veulent plus de lui dans le site de la Brigade anti-sardinards sur Facebook ; et déployant des trésors d’ingéniosité pour tenter de convaincre son ami Carlos Mbuende de ramener les 147 000 euros prétendument envoyés à la Bas par un ponte du régime de Yaoundé, même s’il y a quelque chose de paradoxale dans cette intransigeance. « Carlos, comme je te l’ai dit, Carlos, reviens à la raison mon frère ! Reviens à la raison, il y a encore le temps, tu n’as pas encore touché cet argent là. Tu peux revenir à la raison, tu te confesses devant le peuple camerounais et tu remets l’argent. C’est l’argent du contribuable camerounais. Ne partage pas cet argent, Carlos ! Je vais sortir de mes gonds, s’il te plait. Tu es un grand frère à moi.»
Comme on peut le constater. C’est dit dans un premier temps sans éclats de voix particuliers, mais avec des circonlocutions extrêmement développées qui ne trompent personne. Comme toujours dans ces milieux d’affaires louches et compliquées, plus le ton s’affirme affable, plus le fond se révèle acide. Ici donc, Ben Barra Blegoudé Niat en s’adressant à son compère Carlos Mbuende ne fait pas exception.
Au contraire, il le prouve dans son monologue sur Facebook en usant des phrases lapidaires, toutes empreintes de courtoisie pour ne pas laisser paraitre cette aigreur qui le mine pourtant dans son for intérieur. Mais c’est suffisant pour comprendre que ça ne tourne plus rond entre les 2 sulfureux casseurs de la Bas : « D’ailleurs, tu sais que je te respecte beaucoup en tant que mon grand frère. Ne partage pas cet argent là. Il est arrivé devant moi, toi même tu le sais. Tu as parlé d’assassinat et des tas de trucs. Je sais que c’était pour que je n’aille pas au direct sur la toile. J’ai compris. Seulement si vous ne voulez pas comprendre ce que je dis, je vais mettre tout sur la toile. J’ai les preuves que cet argent est arrivé. (…) Sois sage ! Reviens à la raison Carlos ! Toi et ton complice, Roméo de Lyon.»
C’est ainsi que joint à un exercice qu’il maitrise désormais sur le bout des ongles, Ben Barra Blegoudé Niat a multiplié les directs sur Facebook pour demander à son compère Carlos Mbuende de venir lui restituer ces 147 000 euros destinés à être partagés au départ à 3, en secret : Carlos Mbuende, Roméo de Lyon et lui. « C’est toi Carlos qui m’as montré cet argent en me proposant que j’aurai la plus grande part. Ne prends pas la grosse tête pour rien. Ne fais pas l’orgueil. Remets cet argent. Je parle comme ça parce que le gros cul de ta mère sent, tu comprends ? Je parle aujourd’hui par rapport au gros cul de ta mère. Imbécile. Un salaud comme ça … ».
Profusément étreint par un haineux souci d’en découdre avec son compère Carlos Mbuende qui refuse carrément de lui remettre cette importante somme d’argent, c’est lui qui, comme un fox-terrier, traque le gibier en allant crânement de son fiel pour distiller son degré d’acrimonie. Une paranoïa de grossier et rustre affabulateur cosinus qui n’est ni nouvelle ni cachée.
S’engage alors une course désespérée pour tenter de reconquérir par tous les moyens sa part de pognon, malgré tous ceux qui essayent en vain de l’en dissuader. Le comble, ce qu’il répète ad nauseam que cet argent est un « argent de sang », bon à être partagé uniquement aux associations de la région de l’Ouest au Cameroun. Alors question subsidiaire : pourquoi seulement à celles de la région de l’Ouest, et non à celles des autres 9 régions du Cameroun ?
Lors de nos investigations, nous n’avons pas pu obtenir une réponse à cette lancinante question. «Je suis avec des témoins, ça va pêter. Ça va pêter Carlos. Sois sage. J’ai vu les 147 000 euros. Nous étions normalement 3 pour le partage. Mais j’ai dit que je ne veux pas prendre l’argent du sang des Anglophones. On prend 20 associations au Cameroun et on fait le tirage au sort pour les leur donner. Même le peuple camerounais va nous prendre comme les héros.» Pour être une excuse, celle-ci apparait comme le paravent de la plus primitive des démagogies. Surtout que sa proposition apparemment anodine, voire salubre, est automatiquement jugée irrecevable par Carlos Mbuende. Elle n’aura d’ailleurs jamais l’assentiment de ce dernier.
Pour la petite histoire, Carlos Mbuende qui se confie en petits comités, se souvient que Niat et lui ne se sont jamais émus auparavant de la détresse de ces pauvres hères extenués restés dans les villages de l’Ouest en recevant les autres importantes sommes d’argent. Mais d’où lui vient cette soudaine et surprenante bienveillance ? se demande Carlos Mbuende pour n’y voir dans l’argumentaire de son compère qu’un prétexte farfelu. Ce qui va aussitôt donner lieu à un échange pour le moins aigre entre les 2 agitateurs de la Bas. Mais l’irrésistible envie de se faire justice va résolument continuer à traverser l’esprit de Ben Barra Blegoudé Niat pour laisser apparaître dans les différentes vidéos qu’il va publier à un rythme effréné, un dévot hystérique à l’exubérance verbale nauséabonde, une âme en peine qui en veut à mort à ses rusés et félons complices.
Questions essentielles
« On doit montrer au public que «voici ça qui est venu au Cameroun,voici ça.» «Comme ça quand quelqu’un meurt,on sait pourquoi il est mort», tente-t-il ubuesquement d’enjoliver ses dénonciations par un argumentaire monté de toutes pièces pour mieux faire effet. La prétention est de faire ainsi croire que seul lui, Ben Barra Blegoudé Niat, demeure après tout le vrai combattant qui a à cœur les problèmes des populations au Cameroun.
Pourtant la réalité est autre, parce que il s’estime avoir été roulé par Carlos Mbuende et les autres membres de la Bas dans le partage de ces 147 000 euros. « Alors que les gens veulent vraiment croire à ce changement, les gens ont l’argent dans les mains. 147 000 euros, c’est pas 147 dollars. 147 000 euros, c’est beaucoup d’argent. J’ai les preuves. J’ai toutes les preuves. Oui, la Bas a reçu 147 000 euros d’Edgard Alain Mebe Ngo’o », lâche-t-il courroucé, dans un récit inédit qui ne semble oublier aucun détail.
Surtout dans cette vidéo où il s’adresse cette fois à Kamoa Jean Jacques, alias Kamoa « la Panthère ». Pour la petite histoire, ce frère aîné de Niat est activement recherché au Cameroun par un avis de recherche signé le 6 décembre 2018 par le commissaire divisionnaire Temde Joseph, directeur de la police judiciaire. « Kamoa, tu es gros salaud. Carlos a pris 147 000 euros ; moi-même j’étais là ! Venant du réseau d’Edgard Alain Mebe Ngo’o (…). C’est moi qui vais vous traquer ici à Paris. Kamoa, le gros cul de ta mère ! Carlos Mbuende a pris de l’argent, j’étais avec lui à Bruxelles. Moi j’ai vu de l’argent. Kamoa a partagé cet argent avec Carlos et Romeo de Lyon. Kamoa, je te donne un dernier avertissement. Je vais te faire enlever. Tu sais que nous avons tous grandi à Limbé. Kamoa, ta police de merde que tu fais ici en France. Je vais te faire les problèmes. Tu sais que je connais le secret là… », vocifère-t-il à tue-tête à l’endroit de son frère aîné. C’est ainsi que de guerre lasse, Ben Barra Blegoudé Niat passe à table à travers plusieurs autres vidéos sur Facebook en lâchant à tous les coups le nom d’Edgard Alain Mebe Ngo’o comme l’expéditeur des 147 000 euros que reçoit à Bruxelles, Carlos Mbuende.
Une hypothèse qui eût semblé improbable il y a quelques semaines. Or voici que contre toute attente, l’un des ténors de la Bas, la claironne sur tous les toits. Que l’argent ait été reçu ou pas, mais cette affaire de 147 000 euros prétendument envoyés par Mebe Ngo’o, offre une plongée saisissante dans ce drôle d’univers installé dans les rues des grandes cités européennes par le Mrc dans sa logique du « chassement » du président Paul Biya.
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