POUVOIR SUPRÊME : Jeune Afrique, propagateur de ragots
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Dans son édition du 17 février 2019, l’hebdomadaire panafricain commet un article sur l’épouse du chef de l’Etat camerounais. Entre jugements de valeurs et contre-vérités, Jeune Afrique expose sa méconnaissance des pratiques républicaines au Cameroun.

L’article ressemble fort bien à un marronnier dont on a simplement changé quelques données pour paraître actuel. L’on n’est d’ailleurs pas surpris puisqu’il s’agit du même rédacteur. Seulement, qu’il s’agisse de l’article du 15 novembre 2016 ou de celui du 17 février 2019, il se dégage une constante : Jeune Afrique expose un certain nombre de contre-vérités, se contredit et se trompe. Mais tout se résume en ce que Chantal Biya, au fil des années, a pris une part importante dans la gestion des affaires de l’Etat. Pourtant, le 5 septembre 2012, Jeune Afrique, avec [toujours] Georges Dougueli à la manette, publie un article sur son site internet intitulé «Cameroun: Chantal Biya, la femme invisible».

Dans lequel les premières contrevérités apparaissent sur le rôle de l’épouse de Paul Biya au Palais d’Etoudi: «Son caractère bien trempé et son influence auprès du président l’ont aidée à s’imposer à ceux qui, au début, la regardaient de haut [...]» Un peu comme si le journal de Béchir ben Yahmed la scrutait à la loupe, le 15 novembre 2016, il écrit: «Cameroun: Chantal Biya, une première dame qui décoiffe». Pour dire que «À 45 ans, son influence auprès de son époux est de plus en plus grande et son empreinte sur les affaires publiques marquée».

Et l’on trouve déjà les prémices des ragots contenus dans l’article du 17 février 2019: «Au sein de la présidence, elle a placé «ses» hommes. Beaucoup viennent de la Haute-Sanaga, le département d’origine de sa mère, comme le secrétaire général de la présidence, Ferdinand Ngoh Ngoh, et l’influent conseiller technique Oswald Baboké (Aujourd’hui directeur adjoint du cabinet civil de la présidence de la République). L'info claire et nette. Les autres sont issus de la région voisine de l’Est, foyer d’une partie de sa famille. Ainsi du directeur adjoint du cabinet civil Joseph Lé et du conseiller spécial Dieudonné Samba… Au gouvernement aussi : le ministre des Sports, Pierre Ismaël Bidoung Mkpatt, lui doit une part de sa carrière. Dans la haute administration, le plus emblématique de ses protégés est Antoine Félix Samba, le directeur général du budget. »

Trois années plus tard, Oswald Baboké est devenu « un ami de la First Lady [que] Chantal considère comme son frère ». Sur la tribu d’origine de Chantal Biya, Jeune Afrique se perd entre la Haute-Sanaga et la Région de l’Est où elle a grandi pour finir par écrire le 17 février 2019, à la faveur de la nomination de Bertrand Pierre Soumbou Angoula au poste de directeur général de l’Ecole nationale d’administration et de magistrature (ENAM), que «Chantal Biya est de la tribu Yezoum». L’hebdomadaire panafricain paraissant à Paris en France trouve que «l’entourage du chef de l’Etat est composé des «hommes de Chantal Biya» que sont Ferdinand Ngoh Ngoh, Samuel Mvondo Ayolo, Oswald Baboké et Dieudonné Samba». En somme, le journal lui prête un pouvoir d’embrigadement de son époux. Après écrit que «Paul Biya l’appelle «Mme la présidente » ». Jeune Afrique attribue cette appellation aux courtisans et décrète que «plus qu’un début d’émancipation, c’est la révélation d’un vrai pole de pouvoir ».

HUMANITAIRE

Pourtant, en 2016, Jeune Afrique admet que «la Constitution [camerounaise] n’attribue aucun rôle à la Première dame». En réalité, c’est mal connaître Paul Biya que de croire qu’il peut subir l’influence d’un tiers, moins encore de sa femme, dans la conduite des affaires du pays. Chantal Biya ne prend de l’épaisseur en public que grâce à ses activités humanitaires. Ce qui n’est pas une exclusivité de l’épouse du chef de l’Etat camerounais. Dominique Ouattara, s’y investit tout comme Bernadette Chirac, fondatrice et présidente de France Libertés. Sans que Jeune Afrique n’en dise un mot. L’on ne peut cependant nier qu’elle joue son rôle d’épouse auprès de son mari en lui donnant quelques conseils sans pour autant prétendre se substituer à lui.

Prétendre alors que Chantal Biya contrôle le secrétariat général à présidence de la République et le cabinet civil est erroné sur la base du dernier remaniement ministériel du 4 janvier 2019. Au terme duquel, pour les cas Ferdinand Ngoh Ngoh, élevé au rang de ministre d’Etat, et Pierre Ismaël Bidoung Mkpatt, désormais ministre des Arts et de la Culture, Jeune Afrique estime, comme des officines au sortir de ces mouvements, que des ministres prétendument impliqués dans le scandale présumé de la CAN 2019 ne devaient pas être reconduits. Et qu’ils doivent leur promotion ou leur maintien à Chantal Biya. «C’est mal connaître Paul Biya qui n’agit jamais sur le coup», indique un habitué des couloirs d’Etoudi. Sur la sortie de Belinga Eboutou que le journal évoque, Georges Dougueli parle d’«une mise à l’écart [de Belinga Eboutou] par Chantal Biya». Il entre en contradiction avec son employeur qui, dans la rubrique «Confidentiel» de l’édition précédente, affirmait que «c’est sur les conseils de ses médecins genevois que Paul Biya a consenti à le laisser aller se reposer ».

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