Le Bir découvre un village nigérian dans l'Extrême-Nord
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Les commandos de l'opération Alpha sont tombés sur un hameau d'un millier de ressortissants étrangers à une trentaine de kilomètres de Waza, le week-end dernier.

Yeme! C'est un lieu qui ne dit rien à personne et pour cause il n'existe pas. C'est les militaires de l'opération Alpha du Bir qui en ont fait la révélation en début de semaine. Au cours d'une mission de ratissage, les commandos du secteur centre de l'opération Alpha sont tombés sur un curieux rassemblement. Ils étaient à près de 30km de Kossa et ne redoutaient que de rencontrer des combattants de Boko Haram ou des animaux féroces échappés du parc national de Waza voisin.

Seulement, ce n'était pas le cas. Dans une approche prudente, ils ont observé que c'était un paisible hameau de personnes visiblement sans armes. Un village qui pourtant, ne figure pas sur leurs très renseignées cartes d'état-major. Après renseignement à des sources autorisées, le village ne figure non plus dans les registres de l'administration territoriale. Ils se sont avec beaucoup de précautions approché des cases. Ils y ont découvert tout un monde. Des hommes et femmes de tous âges, des enfants, des troupeaux bien soignés, des champs fraîchement moissonnés. Ils ont interrogés en Kanuri les habitants. Le portail de la diaspora camerounaise de Belgique. Ils étaient arrivés à Yeme. Le village est organisé. Ils ont un chef qui s'est présenté docilement aux militaires. Il a fait la conversation avec le lieutenant-colonel Ndikum Azieh, le commandant du secteur centre de l'opération Alpha. Le chef a expliqué que le village s'appelle Yeme. Il a dit qu'ils sont des ressortissants nigérians venus de la ville de Bama et de ses environs.

C'était en 2014. Ils auraient fui Les combattants de Boko Haram. Courant août cette année-là, la secte s'est emparée de Bama. Ils ont chassé les militaires. Les populations étaient en débandade. Les terroristes multipliaient exactions et monstruosités pour provoquer la terreur absolue, la sidération. Les populations des localités que les djihadistes envahissaient n'avaient pas grand choix : se rallier à la cause, se faire égorger devant sa famille, se faire enterrer vif ou s'enfuir. Beaucoup ont choisi de fuir. C'était chacun pour soi mais, on finissait par se trouver, se retrouver et se reconnaître. L'info claire et nette. L'on se regroupait par affinité pour organiser la fuite plus efficacement. Ils voulaient d'abord se rendre à l'intérieur du Nigeria mais, Boko Haram leur coupait la route. Ils ont décidé de partir vers l'ouest, vers le Cameroun. Ils ont marché longtemps avec les bêtes qu'ils ont pu rassembler et les affaires qu'ils ont pu emporter. Ils sont arrivés à Kossa, dans l'arrondissement de Mora.

Le lamido de Kossa à qui ils auraient demandé refuge leur aurait indiqué un coin loin du village où ils pouvaient s'installer en attendant que la sécurité revienne. Ils ont commencé à s'installer et sont restés assez discrets. En plus de quatre ans, jamais Yeme n'a été signalé officiellement. La vie s'y est poursuivie paisiblement. Ils écoulent leurs récoltes au marché de Djabire. Les militaires ont procédé à un dénombrement des habitants : plus de 800 hommes, femmes et enfants peuplent Yeme. Le ratissage du week-end dernier n'est pas fortuit. Boko Haram a un regain d'activités depuis la fin de la saison des pluies. Les combattants dotés d'une puissance de feu qu'on leur croyait perdue ont attaqué les bases militaires nigérianes de Rann, Zari, Kumshe, Gambaru...

Ils ont mis en déroute l'armée nigériane et tué plusieurs militaires et civils. Au Cameroun, ils ont piégé la route de Gouzda Vreket en plantant une mine sur laquelle une patrouille de l'opération Alpha a sauté. Ils ont aussi envoyé des kamikazes qui ont échoué à Boudoua près de Limani, la semaine dernière. Ils ont surtout une activité de prédation le long de la frontière. Ils pillent les hameaux isolés à la recherche de vivres et de médicaments. Toutefois, une activité plus dangereuse a été signalée aux autorités camerounaises. Boko Haram achète des munitions au Tchad et les achemine à travers le Cameroun en passant vers Waza. Les militaires ont donc décidé de nettoyer les zones frontalières où traînent des forces résiduelles de la secte.

Elles veulent démanteler des hameaux comme Yeme, Madina, Njamina... peuplés de ressortissants nigérians installé de façon illicite au Cameroun. L'on redoute qu'à la longue, les Nigérians ne s'installent et ne revendiquent ces champs qu'ils travaillent et qu'ils ne les déclarent leurs, comme cela s'est vu pour la péninsule de Bakassi.

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