Modification de la Constitution au Gabon : l'opposition dénonce "un coup de force"
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Modification de la Constitution au Gabon : l'opposition dénonce "un coup de force"

La Cour constitutionnelle du Gabon a modifié la Constitution mercredi 14 novembre 2018 pour pallier l'absence du président Ali Bongo Ondimba, hospitalisé depuis trois semaines à Ryad, une décision dénoncée jeudi avec véhémence par l'opposition et la société civile qui parlent de "coup de force".

C'est en pleine nuit que la Cour constitutionnelle a convoqué la presse. A sa tête, la présidente de la Cour, Marie-Madeleine MBorantsuo, une proche de la famille présidentielle, notamment d'Omar Bongo dont elle a eu deux enfants. Devant les caméras, les juges sont en tenue civile. Traits tirés, visages fermés. Ils viennent de modifier la Constitution gabonaise, pour ajouter un alinéa à l'article 13 qui, selon eux, comportait "une lacune".

En cas d'indisponibilité temporaire du président de la République pour quelque cause que ce soit, certaines fonctions dévolues à ce dernier peuvent être exercés selon le cas, soit par le Vice-président de la République, soit par le Premier ministre sur autorisation spéciale de la Cour Constitutionnelle.
François De Paul Adiwa Antony, juge de la Cour constitutionnelle

Pas de vacance du pouvoir donc pour la Cour qui introduit la notion d'"indisponibilité temporaire", et autorise ainsi le vice-président "à convoquer et à présider un Conseil des ministres". Une prérogative qui n'appartenait jusqu'ici qu'au seul président...

Pour l'opposition et la société civile, ce n'est rien de moins qu'un coup de force, "opéré dans une logique de confiscation du pouvoir coûte que coûte".

La Cour constitutionnelle a mis à terre la Constitution de la République gabonaise, et ça a tout l'air à ce moment-là d'un coup d'Etat et nous disons non à cela.
Bertrand Noël Boundzanga, porte parole de la société civile

Selon la Coalition pour la nouvelle République (CNR), formée pour soutenir Jean Ping, rival malheureux d'Ali Bongo à la présidentielle de 2016, "l'acte (de la Cour) prouve une fois de plus, une fois de trop, la violation flagrante de notre loi fondamentale, par la Cour constitutionnelle garante de celle-ci".

C'est inadmissible, c'est inacceptable et là nous allons voir comme nous responsables de l'opposition nous allons réagir parce qu'il n'est pas question de laisser la Cour bafouer la Constitution, à la traiter comme si c'était une serpillière.
Vice-président du Sénat représentant l'opposition, Jean Christophe Owono

La décision de la Cour vise à pallier l'absence d'Ali Bongo, hospitalisé depuis trois semaines en Arabie saoudite. Il se trouve, selon la formule de la présidence, "dans une phase de recouvrement de la plénitude de ses facultés physiques", à la suite d'un "malaise", de "vertiges" et d'un "saignement". Aucune précision n'a été donnée sur le mal dont souffre Ali Bongo, 59 ans.

Il n'y a ni démission, ni décès, ni condamnation définitive du chef de l'Etat, et par conséquent il ne peut y avoir de vacance ou d'empêchement définitif. Et c'est pour cette raison-là que la Cour a été saisie.
Télésphore Ondo, spécialiste du droit constitutionnel

Pour Télésphore Ondo, constitutionnaliste à Libreville, la Cour a un "pouvoir d'interprétation" et de "régulation des institutions" et est donc dans son droit en modifiant la loi fondamentale. Cette décision a selon lui pour but de "sortir des turbulences institutionnelles" et la Cour constitutionnelle a dû agir "dans l'urgence".

Aucun conseil des ministres ne s'est tenu en l'absence d'Ali Bongo depuis trois semaines. Et nulle précision n'a été communiquée pour l'heure sur la date éventuelle de son retour au Gabon.

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