Cameroun, Livre :: Discours sur le tribalisme et l’unité de la nation.
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Cameroun, Livre :: Discours sur le tribalisme et l’unité de la nation. :: CAMEROON

Le tribalisme au Cameroun figure, au même titre que la corruption, parmi les maux dont souffre grandement le pays. Il n’est cependant pas suffisamment stigmatisé, pour la simple raison que nombre de personnes s’y livrent spontanément et en bénéficient.

Dans le Cameroun d’aujourd’hui, il a pris différentes formes et, à la différence de la situation qui prévalait pendant les dernières années de la lutte pour l’indépendance nationale où le peuple dans sa grande majorité avait conscience d’être confronté avant tout à un ennemi commun qui était l’envahisseur européen, il est devenu la caractéristique dominante de la population.

Mais le fléau du tribalisme au Cameroun a une origine, il a connu une évolution, il aura un apogée, s’il ne l’a pas déjà atteint, puis il s’estompera finalement. Pour tout dire, il a une histoire. En conséquence, il est possible avec le temps, de le juguler, de l’éradiquer.

I- Qu’est-ce que le tribalisme ?

Nul besoin de s’embarrasser de savantes définitions pour décrire ce phénomène que tous les Camerounais connaissent parfaitement, car il en existe une toute évidente : c’est une discrimination fondée sur l’appartenance ethnique.

Un tribaliste est par conséquent une personne qui pratique cette discrimination sans état d’âme. Peu importe la justification à laquelle elle a recours pour cela.

III- Une idéologie pernicieuse.

Le tribalisme est une idéologie très néfaste. Pratiqué à outrance, il se transforme en haine, et est en mesure de détruire, entièrement, un pays. Le continent africain a déjà connu par le passé un tel drame.

En 1994, au Rwanda, un génocide s’est produit entre les populations Hutu et Tutsi. Des milliers de personnes ont été massacrées, à partir de la haine tribale secrétée par des hommes politiques, de prétendues « élites », des personnages divers véreux. Il aura fallu des efforts colossaux, pour venir à bout de ce drame. Et il faudra par ailleurs plusieurs générations d’hommes pour le faire oublier, et, surtout, extirper la haine qu’il a générée et qui gît, pour longtemps, au fond du cœur des gens, et qui se transmettra aux générations futures.

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VII- Un exemple de tribalisme irréductible en Europe

L’exemple le plus édifiant de l’incompatibilité ethnique au monde, malgré les années qui passent, est celui de la Belgique. Dans ce petit pays d’Europe occidentale, tout juste deux ethnies cohabitent : les Flamands, qui s’expriment en Néerlandais, et les Wallons, qui s’expriment en Français. Les Flamands constituent 60% de la population, et les Wallons, 40%. Entre les deux groupes ethniques, le moins que l’on puisse dire, est que l’entente n’a jamais été parfaite. Continuellement, il survient, entre ceux-ci, des problèmes graves, qui, par bonheur, n’ont pas, à ce jour, abouti à une guerre civile. Mais, sait-on jamais ?

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VIII- L’apparition du tribalisme au Cameroun.

Le tribalisme au Cameroun a vu le jour à la suite de l’invasion allemande de notre terre en 1884. Avant ce tournant capital dans l’histoire de nos peuples, dès lors que chacune des ethnies qui

constituent aujourd’hui le Cameroun, vivait séparément des autres, il n’est guère possible de parler de tribalisme. Ce phénomène est né après que ceux-ci se sont retrouvés regroupés sous une même autorité, et dans des frontières communes.

Toutefois, le tribalisme est demeuré latent pendant toute la durée de la domination étrangère de notre pays, d’abord par les Allemands, puis, simultanément, par les Britanniques et les Français. Les populations avaient, en ce temps-là, deux préoccupations communes et majeures : 1/- se débarrasser des envahisseurs européens, de 1884 à 1916, puis ; 2/- en plus, reconstituer notre patrie divisée arbitrairement par les envahisseurs français et britanniques.

Il va sans dire que tout au long de cette période, les Camerounais ne manquaient pas de se définir, avant tout, par leur appartenance ethnique ; mais, cela ne se traduisait que très peu sur le plan politique, ne serait-ce que parce que la décision politique ne leur appartenait pas à l’époque. Le Blanc était l’ennemi, et non pas le concitoyen.

(…)

Mais, l’intrusion du tribalisme dans la société camerounaise telle que nous le vivons aujourd’hui, remonte véritablement aux dernières années de la colonisation. Les envahisseurs coloniaux s’étant retrouvés dans l’incapacité d’endiguer la revendication de la population pour la réunification et l’indépendance du Cameroun, ont exacerbé considérablement les antagonismes tribaux au Cameroun.

Ce faisant, ils ont détourné l’attention des Camerounais, de l’ennemi et envahisseur européen, à un ennemi et envahisseur imaginaire national, celui de la tribu à laquelle on n’appartient pas.

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X- Le rôle pervers des élites.

Les grands vecteurs du tribalisme au Cameroun à ce jour, sont avant tout les « élites», dont certaines se servent de leur appartenance ethnique pour négocier des positions de pouvoir dans l’administration publique, comme dans la politique. Elles

embarquent, pour cela, leurs congénères tribaux dans leurs batailles, en leur brandissant l’épouvantail du «retard» de leur groupe ethnique, ou de la discrimination dont ils doivent prémunir celui-ci, et doivent pour cela demeurer « vigilants ».

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Enfin, les « élites », du monde des affaires, se servent de l’appartenance tribale commune avec des personnes, pour les exploiter économiquement. Des hommes d’affaires et commerçants, abusent très souvent de ce fait, de la solidarité tribale pour rémunérer, à moindre coût, leurs employés, contrecarrer des grèves dans leurs entreprises, etc.

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XII- Le melting-pot ethnique camerounais.

Les peuples du Cameroun, depuis qu’ils se sont retrouvés dans des frontières communes, vivent un véritable phénomène de brassage national, plutôt que d’intégration. Car, l’intégration nationale, thème de l’idéologie dominante, suppose des groupes ethniques homogènes, organisés et réfractaires à toute assimilation mutuelle de leurs membres. Tel n’est nullement le cas au Cameroun. Nous assistons plutôt à un phénomène réel de mélange ethnique, à travers les mariages mixtes.

Le peuple camerounais de demain, sera ainsi entièrement métissé. Il ne sera plus possible, bien avant la fin du 21ème siècle de retrouver au Cameroun, une famille homogène sur le plan ethnique. Le phénomène de brassage des populations entamé avant l’arrivée des envahisseurs allemands, avait été stoppé, de 1884 à 1945, à cause du régime de l’Indigénat, dans la partie du Kamerun sous domination française, et du régime de discrimination équivalent qu’appliquaient les Anglais dans la partie du Kamerun sous leur domination. Notre peuple ne disposait plus de sa liberté de déplacement. En conséquence, les mariages mixtes et les contacts entre les groupes ethniques, avaient diminué de manière considérable. Le régime colonial d’avant 19-45, était restrictif, à outrance, au niveau de la liberté de circulation, pour les «indigènes » que nous étions.

Mais, aussitôt que notre peuple a retrouvé sa liberté d’aller et venir, le brassage des populations a repris de plus belle. Ainsi, dès les années cinquante, le phénomène des mariages inter-ethniques a recommencé. Celui-ci s’est accentué avec l’avènement de l’indépendance, en 1960, et de la réunification, en 1961. Il ne va faire que s’accentuer, avec le brassage de plus en plus important et de plus en plus inexorable de la population camerounaise. Chaque famille, au bout du compte, demain, sera composée d’un parent quelconque au moins, qui sera issu d’un groupe ethnique différent de celui du chef de famille. Tel sera le peuple camerounais de demain, un peuple toujours noir, certes, mais métissé.

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