ELECTION PRESIDENTIELLE 2018: Mon candidat, c’est le Kamerun
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Rien n’oblige personne à prendre la parole quand on n’a rien à dire ou, surtout, quand plus personne n’écoute. Et il y a un peu plus d’une semaine que notre pays est entré dans une zone de brouhaha électoral qui, forcément, ne garantit ni lucidité, ni capacité d’écoute.

Or subir ce tourbillon électoral sans esprit de discernement est précisément le piège tendu à l’intelligence politique des Kamerunais. L’assourdissement dû aux décibels des manœuvres électoralistes est la menace à gérer. Et le moindre affaissement moral risque de précipiter l’immersion de la nation kamerunaise dans l’abîme, au moment même où se perçoivent quelques lueurs d’espoir pour sa survie.

Ces lueurs d’espoir sont ces projets de société et ces programmes de gouvernance que présentent certains candidats à l’élection présidentielle de 2018, tous aussi motivants les uns que les autres, quoique d’inégale pertinence. Au Cameroun, cet exercice est nouveau et ses contenus novateurs. La politique sur programme est en effet si porteuse qu’elle a surpris et dérouté bien des conforts. En cette matière, les plus embarrassés ne sont nullement ceux qu’on aurait pensé : le Président candidat par exemple a dû ramer ferme : pour rattraper le train de cette innovation, il s’est souvenu d’un ouvrage daté de… 1987, année où l’un des candidats à l’élection présidentielle de 2018 n’avait encore que 6 ans ! Et le 12 septembre 2018, une messe a célébré à grands frais le baptême de deuxième génération d’un Projet de société vieux de plus de trente ans !

Seulement en 36 ans, la routine aura pris racine. Et la routine ne se laisse pas aisément déraciner : faute de bourgeonner, la croûte de la routine vante la force de l’expérience. L’ennui c’est que « L’expérience, disait Auguste, est une lampe qu’on porte sur son dos : elle n’éclaire jamais que les choses passées ». Au nom de l’expérience, on peut se souvenir, mais l’on ne peut se projeter. Pourquoi s’est-il avéré urgent de rééditer cet ouvrage en 2018, toute une génération après sa première parution? Son Président d’auteur, candidat à l’élection présidentielle de 2018, aurait-il subitement découvert qu’il n’avait rien de frais ni de comestible à servir aux Kamerunais ?

L’opinion attendait du Président candidat un état de mise en œuvre ou d’application du Libéralisme communautaire. Faute de ce bilan, et dans une fébrilité inspirée par l’instinct de conservation (du pouvoir), il a fait reproduire à grands frais cet ouvrage dont l’auteur qu’il est n’aura pas lui-même parlé un seul instant pendant trois longues décennies… !

Et lourde la facture : une fois encore, la dépense a dépassé la pensée : l’Etat dépensant a supplanté l’Etat pensant, comme pour certifier qu’au Kamerun, deux clans sociopolitiques se toisent : ceux qui pensent et ceux qui dépensent. Les Kamerunais ont vu le livre. Mais depuis 32 ans, ils attendent d’être livrés. Tous attendent encore la livraison.

Face aux candidats à perspective, un candidat de la rétrospective s’efforce néanmoins de se faire porter par un passé d’occasions manquées et d’opportunités gâchées. Il y a trente ans

l’on pensait encore à penser un projet de société, même sans sincère volonté de l’appliquer. Aujourd’hui, cette furtive velléité de réflexion s’est dégradée en active pratique d’adoration. Il suffit d’ouvrir les yeux et les oreilles pour lire, voir ou entendre la chorale unanimiste qu’un pouvoir en déficit d’innovation a fébrilement organisée et généreusement financée pour que personne n’entonne un cantique autre que celui de l’éternité présidentielle. Le Kamerun confirme ainsi qu’il s’est bien enlisé dans la dépression éthique : la longue expérience des manœuvres d’uniformisation des regards et de la pensée a fini par dévaloriser une fonction d’exigence et de prestige. Une nation perd toujours quand l’Etat met les intelligences nationales en uniforme : «Obéir sans adorer, c’est la république même » (Alain). Mais quand on déserte à ce point la réflexion prospective pour se complaire dans l’adoration mystico rétrospective, l’on n’est déjà plus en république.

Les manœuvres décriées n’ont donc pas tardé à produire une toute nouvelle et une bien curieuse confession politico religieuse, que nous appellerions La Congrégation des Repentis de l’Opposition. En dépassement numérique des Douze de la mythologie judéo chrétienne, ses apôtres autoproclamés sont une vingtaine. Ils se sont reconnus et cooptés sous une condition unique : renoncer ostensiblement à la fierté citoyenne qui les aura faits contestataires et, surtout, confesser publiquement leur ’’crime’’ de contestataires progressistes. Dans leur zèle de repentance, les vingt Repentis tiennent à se racheter de leur indignation d’hier. Ils s’appliquent à s’en faire absoudre. Ces Rachetés du pouvoir se sont donc bruyamment convertis à l’antique religion du Renouveau à laquelle, hier encore, ils ne trouvaient ni le moindre attrait, ni le moindre mérite, ni la moindre éthique. Les voies de l’Eternel sont insondables, dit-on. Les voix de la faim aussi, visiblement. Hélas les voix de la mendicité politique sont d’autant plus inaudibles que les Affamés sont réputés insolvables.

Il n’est donc point de Racheté du pouvoir que le pouvoir n’ait acheté. Le scandale d’Atalaku et de mendicité politique auquel le Kamerun assiste, l’orchestration de la chorale unanimiste qui en découle, constituent deux raisons majeures pour que les Kamerunais revisitent les fondements de leur pays pour retrouver les fondamentaux de l’existence du Kamerun.

C’est toute la justification de l’appel qui suit, inspiré de l’Upécisme, et lancé à l’attention des candidats porteurs d’avenir : présentez un candidat consensuel aux populations du Kamerun et ces populations en feront leur Président. Le reste viendra de surcroit, car il y a beaucoup de places dans la Maison Kamerun.

Les candidats porteurs d’avenir se trouvent ainsi mis à l’épreuve du Kamerun, au nom de l’upécisme dont le propre est d’être non partisan. L’Upécisme, rappelons-le, est une production intellectuelle, socioéconomique, politique et culturelle des Pères fondateurs du Kamerun. Dès sa conception et depuis sa naissance, il s’est défini, a œuvré et a milité pour l’ensemble des populations du Kamerun, par delà leurs diverses régions et religions. L’Upécisme a ainsi dépassé et débordé le cadre partisan de l’UPC. Il ne se prétend naturellement pas au-dessus des partis politiques existants, mais il se situe bien au-delà desdits partis, de manière aussi transversale et transethnique que transculturelle, en vue de l’avènement d’une gouvernance transpartisane.

Tel fut le rêve des héros de la lutte pour la réunification et l’indépendance du Kamerun. Leur grandeur fut d’avoir fait de leur raison de vivre une raison de mourir. Se réclamer de leur sacrifice et de leur héritage revient donc à réapprendre à mourir un peu à soi pour mieux renaître Kamerunais et faire renaître le Kamerun. C’est la quintessence du message de recentrage politique et de recadrage patriotique que diffuse Le Projet Kamerun - coordonné par Louka Basile et mis à la disposition de tous les candidats à l’élection présidentielle. Il appartient aux candidats actuels et aux électeurs de demain de se l’approprier et de le décliner, chacun selon sa propre sensibilité. Le Projet Kamerun ? ’’Prenez, et mangez-en tous’’, car ceci est le rêve originel de Kamerunais pour la nation kamerunaise.

Pour toutes nos populations en effet, le seul et véritable candidat à l’élection présidentielle, c’est le Kamerun dans ses rêves originels et dans ces engagements patriotiques d’avenir. Ce sont ces rêves et ces engagements qui font de l’upécisme non pas une posture d’agitation saisonnière de positionnement, mais bien ce qu’elle est depuis 70 ans et qu’elle ne devra jamais cesser d’être : une culture patriotique de fondation transpartisane et transethnique, pour la restauration d’un idéal transpersonnel et intemporel. C’est en cela qu’au-delà des individus qui l’animent au fil du temps et des intempéries, l’upécisme constitue « l’âme immortelle du Peuple Kamerunais ».

Par delà le brouhaha de la campagne électorale qui s’achève, j’exhorte humblement les candidats désireux de mériter de la nation à se constituer candidats du Kamerun par leur renoncement aux honneurs de candidat personnel, pour l’honneur d’une nation à rebâtir.

Les neuf candidats ne sont pas tous neufs. Et preuve par neuf oblige, 36 égale zéro. S’il y a des candidats qui ont zéro expérience, il s’en trouve dont l’expérience se résume à zéro. Les uns ont prouvé leur intelligence d’ambitions, les autres leur intelligence de gestion, la plupart leur intelligence intellectuelle. Pour le 07 Octobre 2018, tous devraient prouver leur intelligence patriotique. Ce sera par leur capacité de s’oublier un peu pour se faire porter par les Kamerunais, en vue de cette gouvernance transpartisane dont le destin du Kamerun éprouve un urgent besoin.

Mais au delà des sympathies et même des amitiés personnelles, mon candidat c’est le Kamerun de troisième génération, pas le Kamerun du troisième âge.

Mon candidat, c’est le Kamerun de la Jeunesse, par la Jeunesse et pour la Jeunesse.

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