Paul Éric Kingue : “Il n’y a pas d’ennemis permanents en politique”
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Le directeur de campagne de Maurice Kamto se prononce sur son ralliement au candidat du Mrc à l’élection présidentielle du 7 octobre prochain.

Vous avez rejoint le candidat Kamto, dont vous dirigez la campagne... Les raisons de ce choix ?
Merci de l’opportunité que vous me donnez de revenir sur cette question. Les raisons de mon choix du professeur Maurice Kamto sont purement d’ordre logique et d’honnêteté. Rendu au moment où je le rejoins alors que je n’étais pas personnellement candidat, il fallait agir. Et agir pour moi supposait rallier un camp sans passions, sans faiblesses, sans émotions, mais un camp qui me semblait plus proche que les huit autres. Dans ces conditions, on ne privilégie ni le village, ni les familles, ni les amitiés, ni les camps, on pense en premier au peuple et on fonce. C’est ce que j’ai fait pour l’intérêt supérieur du peuple camerounais qui de toutes ses cordes appelle à un changement de leadership à la tête de notre pays. Je ne pouvais donc pas rester indifférent.

Il y a quelque temps vous avez été assez critique vis à vis de ce candidat... Vous estimiez en l'occurrence qu'il était moins expérimenté que vous en politique... Cette question est d’un intérêt capital et mérite que j’y apporte des éclairages nécessaires. Voyez-vous, le 04 juin 2017, alors que je lance le mouvement patriotique pour un Cameroun nouveau à Douala, je fais la déclaration suivant laquelle je suis colonel et le professeur Maurice Kamto lieutenant. A ce moment précis, aucune autre vérité n’était au-dessus de celle-là, pour une raison au moins, j’étais un élu dont le nom était connu au-delà des frontières politiquement parlant, ce qui n’était pas le cas pour le professeur Maurice Kamto dont le nom résonnait beaucoup plus dans les amphithéâtres que sur le terrain politique proprement dit. A ce moment donc, alors que j’accumulais par ailleurs 20 années de militantisme politique à des différentes fonctions électives au sein du RDPC, le professeur Kamto avait pour fait d’arme d’être à la tête du MRC. Le portail de la diaspora camerounaise en Belgique. Il est vrai que le MRC existait, mais sa percée était encore limitée, comment donc ne pas comprendre à ce moment-là que je suis colonel et lui lieutenant ? Seulement, comme un sprinteur, le professeur Kamto s’est lancé irrémédiablement sur le terrain dans l’ensemble du territoire pour toucher du doigt les misères du peuple camerounais. Comme un drogué et sans repos, il a bravé cours d’eaux et buissons pour rencontrer ses compatriotes. Au total donc, près de 300 communes parcourues et des centaines de milliers de Camerounais rencontrés. Au terme d’un travail aussi harassant et herculéen, comment ne pas reconnaitre en toute honnêteté cette métamorphose de celui qui était lieutenant hier ? Tout travail bien fait mérite des galons, et parlant des galons, il en a pris entre le 04 juin 2017 et le jour de notre alliance. Sur le plan caricatural, il est parti du grade de lieutenant à celui de colonel. Ce qui me caractérise en particulier c’est mon honnêteté à reconnaitre les efforts des autres, une fois que ces efforts ont été reconnus et devant la main tendue du professeur Kamto, je n’avais pas d’autres choix que de l’accompagner à la victoire du 07 octobre prochain. Surtout parce qu’il avait déjà occasionné un penalty pour lequel je devrais apporter mon encadrement et surtout dans un environnement où rode un vieillard de 86 ans près à lui faire le mauvais tacle. Les Camerounais doivent savoir qu’il n’y a pas d’ennemis permanents en politique, seules les préoccupations du peuple doivent être permanentes et les souffrances du peuple camerounais commandaient que je descende dans l’arène.

Les contempteurs de votre candidat n'arrêtent pas de l'accuser de " tribalisme "...Pourquoi ?
Le Cameroun est une particularité sur la planète terre, c’est l’un des pays où l’aigreur et la jalousie ont installé leur QG, on en est parfois à se demander si Dieu est un jour passé par ici. Dans ce pays, personne n’a le droit d’être normal et correct, personne ne doit être honnête, il faut toujours quelque chose pour salir l’autre. Que ne dit-on pas de qui au Cameroun ? Ces contempteurs de Maurice Kamto qui l’accusent de tribaliste sont eux-mêmes les tribalistes en chef. Comment peut-on l’accuser de tribaliste quand il a à ses côtés moi Eric Kingue et désormais Penda Ekoka ? Nos deux origines ne viennent-elles pas démontrer que le professeur Kamto n’est pas tribaliste ? Ekoka et moi-même sommes-nous bamilékés ? Si Pour mon cas j’ai 25% de sang bamiléké, en est-il de même pour Ekoka ? Qu’on laisse Kamto déployer son programme et qu’on le juge sur la base de ce programme. C’est la pertinence de son programme et une vision minimale commune de notre société qui nous a rapprochés. Je viens là de vous démontrer que notre présence auprès de Maurice Kamto dilue complètement ces élans tribaux qu’on pouvait lui coller sur le dos.

Le Mrc a refusé de toucher les fonds du gouvernement destinés à la campagne. Cela veut dire que vous voyez différemment la question du financement des partis politiques...
La question du financement des partis politiques pendant la campagne est une véritable préoccupation qui mérite que nous dénoncions avec la grande fermeté les agissements de monsieur Paul Biya et de ses collaborateurs. Le Cameroun et le régime de Paul Biya doivent au minimum présenter au monde entier l’image d’un pays moins hideux, moins délabré mentalement et exceptionnel quant à ses dérives. Comment comprendre qu’un candidat à la présidentielle distribue à ses adversaires l’aumône quand il veut, comme il veut et au taux qu’il veut ? Alors qu’en même temps, ce candidat utilise les fonds publics à sa guise ajoutant à ceux-ci le personnel de l’Etat y compris les chefferies de village ? Le mode de gestion de l’Etat par Paul Biya est extraordinaire en ce qu’il n’a ni honte ni décence et se comporte comme si le Cameroun n’était plus un Etat moderne. L'information claire et nette. Comment comprendre que les candidats donnent à l’Etat 270 millions en terme de caution et que l’Etat leur rétrocède 135 millions en guise de financement de leurs campagnes ? Il faut être au Cameroun pour vivre cela. En tant que directeur de campagne du candidat Maurice Kamto, j’invite la communauté nationale et internationale à constater non sans intervenir, cette démarche de deux poids deux mesures. 50 milliards de francs CFA sont prévus cette année pour les élections dans le budget public, que fait-on de ces 50 milliards ? Veut-on nous faire croire que seuls les impressions des bulletins de vote et la prise en charge des membres d’ELECAM qui couteront 50 milliards de francs CFA ? La Direction de campagne du candidat Kamto dit non et interpelle Paul Biya à vite réparer cette situation qui laisse transparaître dans l’opinion universelle que ces gens ont complètement détruit la caisse publique. Comment continuer à laisser des voleurs comme ceux-ci au pouvoir ? A y voir de près, vous constaterez que le Président Paul Biya et ceux qui l’entourent avalent à eux seuls plus de la moitié du budget du Cameroun annuellement, et ceci doit cesser.

Avez-vous une stratégie particulière pour le Moungo, votre fief ?
La question se rapportant sur le Moungo me fait sourire, car mes tentacules sont bien plus larges que le territoire du Moungo. Je n’ai pas de stratégies particulières pour le Moungo, j’ai une stratégie tout court pour la candidature de Maurice Kamto. Et cette stratégie est en train d’être progressivement bouclée, elle va de la mobilisation à la surveillance de nos votes et l’avenir très proche nous le dira.

On ne vous le rappellera jamais assez : vous êtes un ancien du Rdpc...
(Rires...) Avoir été au RDPC signifie quoi exactement ? Est-ce un péché, un crime ou un déni ? Au RDPC il y a des humains, même s’ils sont à peine 2%, je faisais partie de ces 2%, j’en veux pour preuve les sacrifices que j’ai consentis (8 ans de prison) pour les plus faibles de ma localité, mes combats ont fait évoluer là-bas des salaires de 18000 FCFA à 42000 FCFA, ce qui reste bien sûr insuffisant, mais un pas tout de même. Et je suis honoré de savoir que mon combat a permis à des milliers de familles d’ajouter une tomate dans leurs repas quotidiens. Grace à mon combat aussi, la commune de Penja a commencé à toucher une partie de ses impôts. Comment ne pas en être fier ? Pourtant ces combats, je l’ai ai menés dans le RDPC, pour dire en d’autre termes qu’au RDPC tout le monde n’est pas béni. Il y a quelques graines très très infimes mais qui existent tout de même, qui travaillent pour le peuple camerounais. En conclusion RDPC signifie gabegie, bêtise, folie à 94%, quelques graines seulement n’y sont pas pourries et j’en faisais partie.

Vous venez, sujet d'actualité, d'assister au ralliement à votre candidat, de Christian Penda Ekoka ; que vous apportent de tels ralliements ? Y en a-t-il d'autres en route ?
L’arrivée au sein de notre plateforme de monsieur Christian Penda Ekoka est une véritable victoire, la victoire du pluralisme culturel, la victoire du renforcement des capacités intellectuelles susceptibles de construire ce pays, la victoire de la pertinence en terme de vision sur les légèretés qui existent ci et là. Monsieur Penda Ekoka est une valeur sure connue de tous et reconnue par tous sur le plan intellectuel dont l’apport pèsera sur la balance à venir. Nous la célébrons avec beaucoup de fierté et comme lui, nous appelons d’autres valeurs à se rallier au candidat Maurice Kamto. Notre coalition est ouverte à tous, même aux candidats en compétition. Des talents comme Serges Espoir Matomba, camer.be, Cabral Libii peuvent encore se mettre au-dessus de leurs orgueils personnels si véritablement leurs préoccupations tournent autour du peuple camerounais qui appelle de tous ses vœux au changement à la tête de ce pays. Nous restons ouverts à tous.

Les élections au Cameroun ont souvent été entachées de contestations. Qu'elles sont les dispositions prises par l'équipe de votre candidat pour ne pas être victime de ces problèmes ?
Il est connu universellement qu’aucune élection au Cameroun depuis 30 ans n’a été normale. Autrement dit, le président Paul Biya n’a jamais été légitime à gouverner ce pays. Et l’exemple le plus récent est l’élection de 2011 où sur plus de 20 millions de Camerounais, il n’a obtenu que 3 millions de voix de Camerounais, c’est-à dire bien en deçà de ce qu’un dirigeant normal devrait avoir pour gouverner un pays. D’un côté, le peuple s’abstient à s’inscrire, et de l’autre, quand bien-même il s’inscrit, il s’abstient de voter car il pense en permanence que les dés sont jetés d’avance. Nous sommes en train de travailler pour que 2018 soit différent, nous ne dévoilerons pas ici nos secrets, mais croyez-moi, les choses seront bien différentes.

Le militant estudiantin des années 90 trouve-t-il chez Kamto l'idéal recherché depuis le temps ?
Le professeur Kamto sur le plan strictement académique représente un rêve du jeune Africain, sur le plan politique, il s’est forgé une carapace qui rassure quant à l’avenir de la relève politique au Cameroun. Il représente pour moi ce qu’il faut pour créer un éveil des jeunes générations qui se lancent en politique. Ce que nous gagnons avec le professeur Kamto, contrairement aux années antérieures, est qu’il est futé mieux que ses huit autres concurrents. Pour cela donc, j’invite le peuple camerounais dans sa grande majorité, qui rêve du changement dans ce pays, de nous faire confiance en votant le professeur Maurice Kamto auprès de qui ma caution pour ce peuple n’est pas négligeable.

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