Cameroun: Politique tribale et Préjugé de confirmation
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Cameroun: Politique tribale et Préjugé de confirmation :: CAMEROON

Un vieil adage dit que «si tout ce que vous avez est un marteau, tout se résume à être un clou». Le véritable problème n’est pas la possession d’un marteau, mais la certitude que tout ce dont vous avez besoin est un marteau. En d’autres termes, c’est un échec de l’imagination – une sorte d’arrogance – qui est vraiment à blâmer ici: «J’ai mon marteau et c’est tout ce dont j’ai besoin. Alors que vous aviez déjà un problème qui ne ressemblait ou ne se résumais pas à un clou?»

Il s’agit d’une version de ce que l’on appelle le «préjugé de confirmation» – la tendance à n’accepter que les faits qui étayent vos points de vue. Dans le cas de Patrice Nganang, c’est un sujet qui trouve toute son actualité.

En effet M. Nganang, militant des droits civils, universitaire et romancier connu, se présente souvent avec une mentalité exempte de parti pris, de «préjugé de confirmation». Il essaye d’apparaître non pas comme un idéologue, mais un pragmatiste scientifique, et un intellectuel désintéressé ne poussant aucun autre programme ou agenda que ce que tous les experts conviennent comme étant la meilleure politique pour le Cameroun. Pourtant la plupart de ses idées ont tendance à être très étroites et tribales. Même s’il fait semblant d’avoir raison, il a pour habitude de penser que la vraie vérité est inspirée par une « science infuse Bamiléké », voire une «science infuse Bagangté».

Ce genre de pensée arrogante ne conduit pas seulement à de mauvaises politiques, mais renforce également une psychologie de masse qui suppose simplement que les Bamiléké ont un accès exclusif à la Vérité. C’est comme avoir Dieu à vos côtés sans avoir à croire en Dieu. Cela ne veut pas dire que Biya n’est pas un dictateur, mais qu’essentialiser la politique est très dangereux. Je ne peux pas être d’accord avec l’idée que la politique s’aligne toujours sur une vision du monde tribale particulière.

Par conséquent, je ne peux pas être d’accord avec l’idée de Nganang selon laquelle les Bamiléké ont toujours raison quand les Bulus ont toujours tort. Ce sont simplement des conneries. De plus, cette vision du monde particulière a laissé de côté, beaucoup de Bamilékés qui, depuis la guerre d’indépendance, se sont rangés du côté des colonialistes et des néo-colonialistes, et ont même été des tueurs notoires. Ainsi, je ne fais aucune confiance à une personne qui veut m’enfermer dans une identité particulière, notamment dans un pays où aucun de nous n’est vraiment spécial, mais issu d’une bande de «nègres» réunis par le pouvoir colonial.

Cela signifie que nous n’avons pas d’autre choix que d’inventer un véritable modèle de démocratie et de justice sociale, puis de résister à toute autre forme de droits spéciaux, de privilèges et de statut. Vu sous cet angle, ce que Nganang et Biya ont véritablement en commun c’est de revendiquer une sorte de privilège créé de toute pièce pour s’auto-octroyer un statut spécial, ce qui est très antidémocratique et très dangereux. C’est exactement le genre de charlatanisme qui mène droit aux politiques génocidaires.

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