Lutte contre la corruption : Comment la CONAC s'est imposée
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La création de la Commission nationale anti-corruption par le président de la République traduit sa ferme volonté de débarrasser le Cameroun d’un fléau qui plombe ses efforts de développement.

2006 peut être considéré comme le second  âge  de la  lutte  contre la  corruption  sous  l’ère  Biya. Le 06 novembre1982  lorsqu’il accède  à  la  magistrature  suprême,  le président de la République place son mandat sous le signe de  « la Rigueur et la Moralisation ». Paul Biya a privilégié l’approche pédagogique en invitant ses compatriotes à un changement de  comportement  à  l’égard  de  «  la  chose publique ». Mais face à la persistance  des  pratiques  déviantes vis-à-vis de la fortune publique, le chef de l’Etat monte en puissance dans la croisade contre ce fléau. La création de la Commission nationale Anti-Corruption  (Conac)  par  décret du  11  mars  2006  traduit  sa ferme volonté de  débarrasser le  Cameroun  d’un  fléau  qui plombe  ses  efforts  de  développement.

Cet organisme public indépendant qui vient renforcer  le  cadre  institutionnel de la lutte contre la corruption au Cameroun se place au cœur de  la  croisade.  La  Conac  est placée  sous  l’autorité  directe du président de la République. Dotée ainsi des pleins pouvoirs pour tordre le cou à cette vermine qu’est la corruption, l’institution est chargée de contribuer à la lutte contre la corruption sous toutes ses formes.  

Ses  missions  sont  axées  sur trois  piliers  fondamentaux.  A savoir, la prévention et la communication à travers l’information  et  la  sensibilisation,  les études et la coopération avec d’autres  structures  et  personnes œuvrant dans la lutte contre  la  corruption  et  la  répression  par  le  biais  des  enquêtes,  des  investigations  et des propositions de sanctions. Ces trois dorsales représentant également  les  trois  divisions opérationnelles de la Conac et qui  sont  sous  la  coordination du  secrétariat  permanent.  Le Comité de coordination constitué  de  neuf  personnalités  à l’intégrité  morale  digne  de confiance et à l’expérience professionnelle  avérée  dans  les domaines relevant  du mandat de la commission est chapeauté par  un  président  assisté  d’un vice-président.

Douze  ans  après  son  avènement  et  dix  ans  après  le  démarrage effectif de ses activités, la Conac présente un bilan satisfaisant.  Il  y  a  lieu  de  signaler, comme le précise Irene Tche Morikang, chef de la Division de la prévention et de la communication,  que  la  Conac n’est pas une structure de recouvrement  des  fonds.  «  Elle agit pour que l’Etat rentre dans ses droits et empêche les détournements  des  deniers  publics ». Depuis sa création,  l’institution  a  ainsi  fait  gagner  à l’Etat  du  Cameroun  des  centaines de millions à travers ses investigations et audits. A titre d’illustration, le gouvernement a pu recouvrer plus de 15 milliards de F suite aux investigations menées auprès d’un opérateur  de  téléphonie  mobile, auprès  des  banques  et  dans les industries brassicoles. Elle a évité la perte de 34,5 milliards de F grâce aux actions menées dans  le  cadre  des  indemnisations des terrains utilisés pour la construction du Port en eau profonde de Kribi et la construction de la route Ayos-Bonis.

Au  total,  ce  sont  plus  de  plus  de 200  milliards de  F  qui  ont pu être  sauvés.  L’institution  est actuellement en train de traiter les dossiers pouvant empêcher l’Etat de perdre environ 1000 milliards de F. En 2017, grâce à  son  Antenne  d’intervention rapide, la Conac a effectué 60 descentes  qui  ont  permis  de faire échec aux actes d’arnaque ou aux cas de flagrant délit de corruption. Dans  la  même  période, la Conac a réalisé 36 enquêtes dont 35  au  Cameroun et une à l’extérieur. L’institution travaille actuellement pour que le combat qu’elle mène  soit  inscrit  dans  la conscience  collective  des  Camerounais et ce,  grâce aux actions  de  communication.  

Des changements d’habitude sont perceptibles dans les administrations  et  dans  l’opinion  publique  où  s’installe  progressivement une culture de dénonciation. Le  nombre  de  dénonciations  reçu  à  la  Conac  est passé de 227 en 2008 à 3 982 en 2017. Selon les informations fournies par le chef de la division de la prévention et de la communication, depuis l’ouverture de la ligne verte (le 1517) le  24  avril  2018,  l’institution reçoit en moyenne 100 appels par jour. Preuve que désormais, il ne s’agit plus pour les citoyens de subir  en silence  ou en  observateurs passifs les actes de corruption  mais  d’en  être  des acteurs du combat .

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