Le Cameroun plie face au FMI
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Pris en flagrant délit de jonglerie budgétaire lors de la dernière revue trimestrielle du Fonds au pays entre avril et mai derniers, le gouvernement, prié d’opérer un reprofilage budgétaire, a dû ajuster à la hausse ses dépenses et ses recettes afin de disposer de projections réalistes pour l’exercice 2018.

Corinne Delechat aura annoncé des couleurs lors du point de presse qui a sanctionné le séjour de la mission du Fonds monétaire international au Cameroun entre avril et mai 2018. «Les hypothèses budgétaires de la loi des finances ne sont plus réalistes », avait-elle indiqué à la presse le 14 mai dernier au ministère des Finances. En cause, le pays avait puisé dans la caisse pour assurer le financement des dépenses sécuritaires, subventionner les prix des produits pétroliers à la pompe et soutenir les prix de l’électricité.

Le Fonds avait instruit le gouvernement d’opérer un reprofilage budgétaire question de disposer d’hypothèses qui reflétaient la sincérité et la réalité des opérations budgétaires. Il n’aura pas fallu longtemps pour que le gouvernement s’ajuste et redéfinisse les projections de dépenses et de recettes. C’est ainsi que le président de la République a signé une ordonnance qui consacre une augmentation du budget de l’Etat pour l’exercice 2018.

Celui-ci passe ainsi désormais de 4513,5 milliards de FCFA à 4689,5 milliards de FCFA, soit une augmentation en valeur absolue de FCFA 176 milliards et de 3,9% en valeur relative. En fait, le gouvernement, pris en flagrant délit de jonglerie budgétaire, avait utilisé les ressources pour financer la guerre dans les zones anglophones contre les bandes armées, et dans l’Extrême nord contre Boko Haram. Raison pour laquelle, le reprofilage budgétaire demandé par le FMI fait ressortir 77 milliards de FCFA en vue de la prise en charge des dépenses liées au soutien des prix des carburants à la pompe, 20 milliards au titre du soutien du prix de l’électricité, en raison du retard enregistré dans la mise en service du barrage de Memve’ele, 32 milliards de FCFA dédiés aux dépenses sécuritaires et 18 milliards des dépenses liées à l’organisation des prochaines échéances électorales.

Les ressources qui vont combler ce gap proviennent selon le chef de l’Etat, proviennent des «performances optimales observées dans le recouvrement des recettes pétrolières et non pétrolières». Dans le détail, l’ordonnance présidentielle indique que du fait des performances de l’administration fiscale en fin d’année dernière, les nouvelles prévisions permettent d’espérer des recettes additionnelles de 67 milliards de FCFA. Car, souligne-t-il, «les réalisations de recettes fiscales à fin 2017 ont été plus importantes que celles estimées lors de la préparation du budget et utilisées comme base de projection des recettes fiscales de 2018».

Cette augmentation fera ainsi passer la pression fiscale à trois points, soit de 13,1% du PIB en 2017 à 13,4% en 2018. La remontée des cours mondiaux du baril de pétrole, dont les hypothèses de vente pondérées dans la prévision de la loi de Finances 2018 s’établissaient à 41 dollars, est la principale cause de l’explosion des recettes attendues des ventes de pétrole. «Le cours du baril de pétrole se situe aujourd’hui autour de 64 dollars. Ce qui entraîne une augmentation des recettes pétrolières de FCFA 82 milliards par rapport à la prévision initiale », précise l’ordonnance du président de la République.

APPUIS BUDGÉTAIRES

En plus des ressources propres, le pays compte sur les appuis budgétaires consentis par ses partenaires techniques et financiers. Cependant, une menace pèse sur le volume réel des financements attendus du fait des «fluctuations du taux de change du dollar et du risque lié au non décaissement éventuel de l’appui budgétaire de la BAD». En fait, après deux ans de hausse soutenue, le dollar est dans une pente descendante qui érode le volume en franc CFA des appuis budgétaires.

Pour les contributeurs, la BAD qui doit apporter 118 milliards de FCFA en 2018, est en passe d’annuler le décaissement de son appui. Mais rassure l’ordonnance, «le décaissement en 2018 de l’appui budgétaire de la BAD prévu en 2017, à concurrence du même montant, va compenser l’appui non décaissé en 2018 ». Du coup, en raison de ces deux variables, le niveau des appuis budgétaires de 2018 s’établit à 334 milliards de FCFA contre une prévision initiale de FCFA 347 milliards de FCFA. Le gap de 13 milliards de FCFA ainsi causé, sera compensé par les reliquats de fonds des projets clôturés. Ceux-ci représentent 40 milliards de FCFA.

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