Les Camerounais et les inscriptions sur les listes électorales
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Les Camerounais et les inscriptions sur les listes électorales :: CAMEROON

Les chiffres d’Elecam stagnent alors que la population en âge de voter augmente, et que d’autre part, les partis politiques et la société civile incitent les potentiels électeurs à s’inscrire. Analyse d’une curiosité.

Combien seront-ils autorisés à voter lors des prochaines échéances électorales au Cameroun ? Au 18 janvier dernier, Elecam annonce qu’il y a 23.557 nouveaux inscrits. Au début de ce mois et selon les statistiques délivrées par Abdoulaye Babalé, directeur général des élections, 403.069 nouveaux électeurs ont été enregistrés pendant les 6 mois qu’a duré la campagne des inscriptions en 2017. On y dénombre 159.154 femmes pour 243.915 hommes. Parmi ces inscrits, le nombre de jeunes de moins de 35 ans enregistrés est de  285.076, soit 70% du total d’inscrits. On note également que la région du Centre a connu le plus grand nombre d’inscrits avec 113.603. Elle dépasse largement la deuxième région au classement, le Littoral (75.281 inscrits), et l’Ouest, 3e avec 43.701 inscrits.

Les régions de l’Est et du  Sud-Ouest ferment la marche avec respectivement 16.898 et 11.962 inscrits. Les chiffres sont bas. Du coup, les acteurs concernés multiplient des initiatives pour faire inscrire le maximum de personnes. A commencer par Elecam qui est visible quasiment dans tous les carrefours. Ses équipes mobiles se rendent aussi dans les milieux de regroupements. On les voit lors dans les lieux de cérémonies de diverses natures. « Dans toutes les zones où les problèmes de sécurité ou d’insécurité se posent, les bureaux de vote peuvent être délocalisés pour être relocalisés là où les populations se trouvent. Nous nous rapprochons non seulement des autorités administratives et des autorités municipales territoirement compétentes et même aussi des autorités traditionnelles.

La 3e possibilité est la  campagne que nous allons mener pour sillonner toutes les localités en insécurité et inscrire ceux et celles des camerounais qui veulent figurer sur les listes électorales», promet Abdoulaye Babale, le Directeur général des Elections. Il y a ensuite les partis politiques. Le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc) a publié le 9 janvier dernier, une circulaire portant organisation de la révision des listes électorales du Rdpc au titre de l’année 2018.

Signée de Jean Nkuete, le secrétaire général du Comité central, elle est adressée aux membres du comité central, à la présidente du bureau national de l’Ofrdpc, au président du bureau national de l’Ojrdpc, aux Chefs des délégations permanentes régionales du Comité central, aux chefs des délégations permanentes départementales du Comité central, aux responsables des bureaux des organes de base Rdpc, Ofrdpc et Ojrdpc, et aux responsables des Commissions constituées. « Comme nous le savons tous, une élection se gagne avec des électeurs et grâce aux électeurs. C’est donc pour nous un impératif catégorique de tout mettre en œuvre maintenant, afin d’assurer au Parti le plein des voix nécessaires aux victoires éclatantes auxquelles il aspire», écrit-il.

Ces responsabilités du Rdpc sur l’ensemble du territoire national sont estimés à au moins deux millions 500 personnes. Cette masse humaine constitue en elle seule le tiers de  l’ensemble des électeurs au Cameroun. Du moins si on s’en tient aux chiffres des dernières élections chez nous. Or, si l’on ajoute les militants et les sympathisants de cette formation politique, l’on peut penser que les stratèges du parti veulent exploiter leurs propres ressources.

Partis politiques et société civile

Mais ils ne sont pas seuls sur le terrain. D’autres partis, le Sdf, le Mrc, etc incitent les Camerounais à s’inscrire massivement. A côté des partis politiques, il y a les organisations de la société civile. C’est le cas de Cabral Libii, cet acteur qui avait lancé en 2017 l’opération 11 millions d’inscrits. « Nous sommes partis des chiffres rendus publics par Elecam. (...). L’organe indépendant des élections au Cameroun affirmaient qu’il y avait 6,5 millions d’inscrits sur les listes électorales. En plus de cette information, nous avons lu un article paru dans le quotidien « Cameroon Tribune » de Septembre 2016 qu’une estimation de l’Institut National de la Statistique indiquait que la population en âge  de voter oscillait entre 13 et 14 millions de Camerounais.

Cette estimation de l’INS paraissait logique dans le cas où si on tient compte du recensement de la population (3e recensement de 2010) qui avait donné le chiffre de 20 millions d’habitants au Cameroun et que le Bureau Central du recensement de la population (Bucrep) qui avait opéré ce comptage précise dans ses documents que le taux de croissance annuel démographique était autour de 3,1%, en faisant un calcul simple, en 2015 par exemple la population oscillait autour de 25 millions d’habitants au Cameroun ». Il a donc décidé d’aller vers les jeunes. Il n’a pas atteint les résultats escomptés.

Mais pourquoi autant de réticences nonobstant les initiatives ? « Malgré la croissance de la population camerounaise et donc du potentiel électoral, le nombre d'inscrits depuis 1992  oscille entre 4 millions et 5.5 millions », analysait déjà, il y a quelques temps, Augustin Tala Wakeu , universitaire. Il explique que le taux de réalisation des  inscriptions sur les listes électorales est très faible dans certaines régions et très élevé dans d'autres.

« C'est la preuve que la non-perception des enjeux varie en fonction des régions et influence de facto sur le taux d'abstention qui lui aussi varie en fonction de chaque région et effrite le nombre d'inscrits sur l'ensemble du pays ». Mathias Eric  Owona Nguini, analyse que si les enjeux d’une élection ne sont pas rendus publics, les citoyens en âge de voter afficheront une certaine indifférence vis-à-vis des opérations préélectorales. Tout comme ils peuvent ne pas s'inscrire pour montrer que le jeu politique ne les intéresse pas ou même que leur participation aux échéances électorales n'est pas décisive.

Mais pourquoi les Camerounais de la zone rurale s’inscrivent plus que ceux qui sont en milieux urbains ? « En zones rurales on est moins exposés aux débats politiques et moins exigeant à  l'égard des entrepreneurs politiques contrairement à la ville », explique Augustin Tala Wakeu.

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