L’intéressé s’en défend et dénonce une tentative de dénigrement.

Le 13 octobre dernier, Alain Guichard Ndo Nna, commandant du groupement actif des douanes du Nord se réjouissait devant les médias d’avoir mis la main sur une cargaison de 160 cartons de médicaments de contrebande en provenance du Nigeria voisin, dans la localité de Djatoumi sis dans l’arrondissement de Demsa et dans le département de la Bénoué. Mais un jour après, des enregistrements audios en circulation sur les réseaux sociaux remettaient en cause la campagne médiatique menée par ce dernier.

C’est que, les commerçants et les transporteurs assurant la ligne du Nigeria dénoncent les exactions mafieuses du commandant de groupement actif du Nord qui, selon eux, les astreint à payer des montants exorbitants pour faire passer leurs marchandises. «Nous transportons des marchandises qu’on dédouane. Il peut arriver que parmi ces marchandises, l’on retrouve des produits interdits que nous transporteurs ne connaissons pas. Alors le commandant qui venait de mettre la main sur une cargaison de carburant nous a rassuré qu’il nous aiderait aussi. Il a exigé la somme de 2 500 000 Fcfa. Les commerçants lui ont remis cette somme. Lorsqu’il a senti que sa hiérarchie a été mise au courant de ses pratiques, il nous a livré et veut se laver les mains», indique un convoyeur de marchandises.

«D’ailleurs, une plainte a été déposée à son encontre pour abus de confiance, escroquerie et abus d’autorité au commissariat spécial de Gaschiga, puis auprès d’un huissier », poursuit celui-ci qui dit agir conformément à la règlementation en vigueur. Non sans dire que les faits se sont déroulés le 13 octobre 2017 à Gaschiga lorsque deux camions en provenance du Nigeria sont stoppés par la douane. Une fouille organisée en présence des autorités locales s’avère infructueuse. Pas de produits de contrebande. Un troisième camion arrivé plus tard aurait fait l’objet d’un deal entre les transporteurs, les commerçants et le chef de groupement actif de douanes du Nord. «Le commandant a demandé d’attendre qu’il résolve en promettant de convoyer le camion jusqu’à Garoua. Mais il a exigé une forte somme de 2 500 000 Fcfa. Les commerçants lui ont remis cette somme. Comme il n’a pu, redoutant que sa hiérarchie soit au courant de l’affaire, il nous a tous ignoré et jeté en pâture.

Les commerçants lui ont réclamé leur argent et c’est, après une forte pression qu’il a rétrocédé cette somme en partie puisque dans le camion saisi se trouvaient des médicaments. Nous transportons des marchandises parfois emballées dont nous ignorons le véritable contenu. C’est la douane qui sait ce qu’il y a lieu de faire», confie Abdoulaye D. alias Dangote, transporteur. Des médicaments, soit 160 cartons ont été exposés devant les autorités administratives de l’arrondissement de Demsa entre autres, le sous-préfet, le maire, le commissaire spécial, le chef de bureau de Douanes et les médias.

«Si le commandant était un homme de loi, un bon douanier, il aurait expliqué aux gens comment qu’il nous rançonne des millions depuis qu’il est arrivé ici à Garoua. Il nous prend 1 500 000 Fcfa par camion. Pourquoi il ne le dit pas à la télévision. Cette fois comme il s’est senti coincé, il veut se disculper. Et il ne parle du carburant qu’il convoie. On a des preuves de ses pratiques mafieuses», soutient un commerçant au marché de Garoua.

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Contre toute attente, trois conversations téléphoniques) circulent sur les réseaux sociaux. Des voix identifiées comme celles d’Abdoulaye Daouda, propriétaire de la voiture saisie, Nassourou, guide-douanier et Nna Alain Guichard, commandant du groupement Actif de Douanes du Nord. Ces documents dont votre journal a obtenu des copies, remettent au goût du jour l’affaire qui défraie déjà la chronique à Garoua. Joint au téléphone, le commandant du groupement actif de Douane du Nord a dit agir dans le strict respect des textes et nie en bloc les accusations portés à son encontre.

«Les faits sont là, vérifiez.  Nous avons fouillé et saisi ce camion avec une cargaison de 160 cartons de faux médicaments en présence des autorités. Un procès-verbal est établi, cette cargaison est stockée et nous avons remis l’affaire au secteur des douanes du Nord », renseigne-t-il. Interrogé sur les enregistrements téléphoniques, il poursuit en ces termes : «Avec les nouvelles technologies, des gens sont capables de monter ce genre de choses. Ce sont des allégations visant à discréditer notre travail. Mais nous restons déterminés à lutter contre la contrebande. Je vous assure que cette action sera pérenne». Nassourou le guidedouanier, au coeur de la transaction, quant à lui se refuse de tout propos : «Je ne vais rien vous dire sur cette affaire, rapprochez-vous de la douane ».

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Dans une interview qu’accordait le chef secteur des Douanes du Nord à votre journal, le 9 octobre dernier, Séraphin Bello évoquait avec détermination, les efforts fournis afin d’améliorer les performances en misant sur la réduction de la contrebande qui a atteint des proportions inquiétantes au secteur des douanes du Nord. «Ce secteur est assez particulier parce que les agents des douanes du fait d’encourager ou de se rendre complices des actes de contrebande ne favorisent pas l’amélioration des recettes douanières.

Nous travaillons avec la hiérarchie afin d’identifier les mauvais agents pour les sanctionner. Il faut faire comprendre à tout le personnel que la priorité c’est d’abord de collecter les recettes de l’Etat et non de travailler pour soi-même. C’est une préoccupation assez sérieuse dans le secteur des douanes du Nord», a-t-il relevé. Et de poursuivre, «Il y a également l’incivisme des usagers. Certains commerçants pensent que c’est un normal d’importer des marchandises et de frauder systématiquement parce qu’on va faire plus de bénéfices en ce moment.» Une situation qui embarrasse les douaniers véreux. D’autant que les enregistrements audios et la colère des transporteurs et commerçants remet le feu aux poudres.