Crise à la commune d’EsékA : Le Minatd et le Consupe mettent la pression sur le maire Bayiha
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Alors qu’une mission du Consupe y est à pied d’œuvre afin de vérifier l’effectivité de l’exécution des travaux d’entretien routiers pour les exercices 2014, 2015 et 2016, l’une des pommes de discorde entre le maire et une grande frange des conseillers municipaux, le ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation vient de demander au préfet du Nyong et Kellé de lui rendre compte de la requête des conseillers frondeurs portant sur la convocation d’une session extraordinaire du Conseil municipal.

J ’ ai l’honneur de vous demander de bien vouloir me faire tenir dans les meilleurs délais possibles, un rapport circonstancié, assorti de mesures prises et/ou envisagées pour le règlement de cette affaire ». C’est la principale recommandation de la correspondance adressée au préfet du Nyong et Kellé le 11 août 2017 par le secrétaire général du Minatd - le Ministère de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, agissant au nom du ministre René Emmanuel Sadi et par délégation, au sujet de la « convocation d’une session extraordinaire du Conseil municipal de la commune d’Eséka », tel que précisé en objet de la correspondance.

En effet, c’est depuis le 23 juin 2017 que 16 des 22 conseillers municipaux de la commune d’Eséka exigent l’organisation d’une session extraordinaire du Conseil municipal, à l’effet de retirer leur confiance au maire Jean René Libog Lilim Bayiha. La raison de ce désaccord avec la tête de l’exécutif municipal, de nombreux griefs portés à la gestion du maire, parmi lesquels, la gestion jugée opaque du restaurant municipal, la construction du nouvel hôtel de ville à hauteur de 455 millions de FCFA par une prétendue « entreprise écran » appartenant au maire, la convocation des sessions d’adoption des comptes administratifs des exercices 2014, 2015 et 2016 en violation des dispositions légales, la passation d’un marché de 412 millions de FCFA sans l’approbation du Conseil municipal, et surtout, le décaissement sans suite visible des fonds destinés à l’entretien routier de la commune pour les exercices 2014, 2015, et 2016.

Des présumés  manquements managériaux du maire qui coûte à la municipalité d’Eséka d’être privée de plusieurs dotations financières des pouvoirs publics pour le compte de l’exercice 2017 en cours. Toutefois, en dépit de la gravité de ces accusations, la demande des conseillers n’a jamais prospéré, du fait des manœuvres de complicité ou de complaisance de l’ancien préfet du Nyong et Kellé, selon les complaintes des conseillers frondeurs. Son successeur, installé depuis le mois de juillet, ne semble pas lui aussi se préoccuper de cette fronde qui met à mal la sérénité au sein du Conseil municipal. C’est sans doute ce qui explique cette correspondance du ministre de l’Administration territoriale, qui sonne comme un rappel à l’ordre à l’autorité préfectorale - tutelle de la commune.

Mais depuis le 11 août 2017 - date de la signature de la lettre du Minatd, le nouveau préfet du Nyong et Kellé ne semble pas lui aussi pressé de donner suite à la correspondance venue de Yaoundé, avec ampliation au gouverneur de la région du Centre. Perpétuation de la complicité présumée entre le maire et le préfet, ou de la complaisance de l’autorité de tutelle ? Toujours est-il que René Emmanuel Sadi attend la réaction du préfet « dans les meilleurs délais possibles ».

Fonds d’entretien routiers

Néanmoins, en dépit du silence remarqué du préfet, la pression ne retombe pour autant pas sur le maire Jean René Libog Lilim Bayiha. En effet, depuis le 24 août 2017, une nouvelle mission du Consupe - le Contrôle supérieur de l’Etat, est à pied d’œuvre à la commune d’Eséka, avec pour mandat de vérifier l’effectivité ou non, de l’exécution des travaux d’entretien routier de la commune pour les exercices 2014, 2015, et 2016. A en croire certaines coulisses, le maire Bayiha prétend, au contraire des accusations de ses conseillers frondeurs, que ces travaux ont été exécutés dans certains quartiers de la ville. Une descente sur le terrain à l’effet de constater de visu ces travaux, prévue le 24 août dernier, a capoté.

Pourtant, à en croire des sources, les populations des quartiers concernés attendaient de pied ferme cette mission dans l’optique d’exprimer leur colère. Selon des sources, ce n’est que partie remise. Mais en attendant, le maire semble s’embourber dans ses tentatives visant à convaincre de l’exécution de ces travaux. En effet, selon une demande de renseignements de la Brigade de contrôle de la direction de la programmation des investissements publics du Minépat que Sans Détour Camer.be a consultée, la liasse des dépenses présentées par le maire pour appuyer ses affirmations relatives à l’exécution des travaux d’entretien routier recèle de nombreuses incongruités et incohérences qui le placent dos au mur.

L’exploitation de  cette liasse de dépenses laisse transparaître des constats aberrants relevés par la Brigade de contrôle. Notamment, le projet d’exécution et les plans de recollement inexistants, l’utilisation d’une désignation générique des tâches, indépendamment de la référence mercuriale, pour l’exercice 2014, dont la dotation était de 13 800 000 FCFA. Pour l’exercice 2015 dont l’enveloppe afférente à l’entretien routier était relevée à 27 700 000 FCFA, la brigade de contrôle du Minépat note que le projet d’exécution présenté par le maire n’est pas conforme à l’orthodoxie en la matière, les devis estimatif et qualitatif des travaux ne figurant pas dans le document qui, par ailleurs, n’a pas été validé par le délégué départemental des Travaux publics - l’ingénieur de l’Etat.

De même que ne figurent pas dans le document présenté par le maire le rapport des études géotechniques, les procès-verbaux d’amenée, de repli de matériels et d’installation des chantiers, tout comme les cartes grises des engins loués pour l’exécution des travaux. En tout état de cause, selon l’observation de la Brigade de contrôle du Minépat, « les justificatifs produits (approche Himo), ne correspondent pas à la nature des travaux arrêtés par le devis estimatif et quantitatif signé par le délégué départemental des Travaux publics du Nyong et Kellé ».

Autant de dysfonctionnements qui pourraient donner crédit aux revendications des conseillers municipaux, même si le maire dans un sursaut de défense n’entend pas lui aussi se laisser conter. Certaines indiscrétions laissent entendre que des manœuvres visant à persuader les populations de l’effectivité de l’exécution de ces travaux d’entretien routier à polémiques ont commencé à Eséka.

Mais au regard de la détermination des conseillers, qui n’entendent pas s’approprier par complaisance et cautionner le bilan jugé catastrophique du maire, à quelques mois des prochaines élections municipales - en principe prévues pour l’année prochaine, il y a lieu de se demander jusqu’à quand traînera encore la convocation de cette session extraordinaire du Conseil municipal que réclament à cri les conseillers municipaux. Autant reconnaitre que le feuilleton ne fait que commencer.

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