Jeudi noir : Emeutes et morts à Bamenda
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Le Pm et le secrétaire général du Comité central du Rdpc séquestrés à la place de fêtes où devait se tenir un meeting du parti au pouvoir.

Les rues de Bamenda ont tout l’air d’un champ de bataille. Entre des barricades et des projectiles, ce 08 décembre 2016, une bande de jeunes, visiblement surchauffés, transportent la dépouille de Julius Akum  d’un point à l’autre de la ville. La colère vient de remonter dans les esprits, à la suite du décès de l’étudiant de l’université de Bamenda (26 ans), atteint par balle.

Un soulèvement populaire, organisé en vue d’empêcher la tenue d’un meeting du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc), au cours duquel des membres du Comité central du parti, conduit par son secrétaire général, Jean Nkueté, devaient appeler au calme. Ou encore encourager les manifestants, devenus plus nombreux depuis quelques semaines, à opter pour la voie du dialogue, afin de favoriser la résolution de ce qu’il convient de qualifier de «problème anglophone au Cameroun».

Aux premières heures de la matinée, alors que les principales artères de la ville sont occupées par des hommes en tenue, le ton monte. On le constate à divers endroits : Food market, Hospital Round Abou, Vetenary Junction etc. Des policiers et gendarmes qui devaient parer à toute éventualité, font face à une foule qui se multiplie. «Les grévistes ont commencé à poser des barricades pour traduire leur mécontentement à l’organisation de ce meeting», rapporte un témoin arrivé au centre-ville plus tôt.

Sur des pancartes, on peut lire : non au Rdpc. La colère grimpe jusqu’au moment où au lieu-dit Water side, des grévistes déchirent la tenue d’un militant du parti au pouvoir et la brûle. Les forces de sécurité débarquent pour disperser les manifestants. L’affrontement est inévitable. «A l’aide d’un véhicule anti-émeute, les hommes en uniformes ont propulsé une forte quantité d’eau, sans pouvoir étouffer les manifestants. Par la suite, ces forces ont fait usage des tirs en l’air pour dissuader une foule qui avançait en balançant des objets de toutes sortes».

Il faut alors éviter le pire. Des tirs à balles réelles se font entendre. On compte un mort. Ailleurs dans la ville, des scènes similaires, reconnaissent nos sources, se produisent. «Il y a aussi eu des morts», rapporte une source sans autre précision. On y enregistre de nombreux blessés : «Beaucoup l’ont été grièvement, et il ne faut pas être surpris que la liste des morts s’allonge», rapporte un autre témoin. Toute chose qui met le feu aux poudres. Bamenda s’embrase. La violence reprend de plus belle. Les véhicules du commandant de la légion de gendarmerie du Nord-Ouest et du commissaire du commissariat central sont brûlés.

Dans la foulée,  les émeutiers s’attaquent à deux symboles de la puissance publique. Ils mettent le feu sur le commissariat du 3ème arrondissement de Bamenda situé à metta Quater et saccagent le commissariat central. Dans certains coins de la cité, des manifestants n’hésitent pas à hisser le drapeau du southern Cameroon National Council (scnc), mouvement qui milite pour la partition du Cameroun. En fin de soirée, les manifestants débarquent à la place de fêtes où attendent le Premier ministre, le SG du comité central et les autres, pour déposer deux corps, visiblement des victimes.

Ces manifestants ne veulent rien entendre et organisent une sorte de séquestration. «Il semble que le Pm a ordonné qu’on ne tire pas sur la foule», répercute un journaliste parvenu sur le lieu peu avant. Au moment où nous allions sous presse, des négociations étaient annoncées au palais de congrès entre le Comité central du Rdpc, les membres du gouvernement présents et des leaders d’opinion, afin de trouver un consensus et faire une déclaration publique. Reste que le meeting du Rpdc a été perturbé, il n’a pas eu lieu comme programmé.

Au regard de la confusion générale qui a régné hier à Bamenda, aucun bilan exhaustif n’était disponible. On se souvient que la veille, alors que la délégation des hauts dignitaires de la République partie de Buea pour Bamenda était signalée, des badauds ont dressé des barricades à partir de Batibo, pour tenter de l’empêcher d’accéder au chef-lieu du Nord- Ouest. Tout laisse croire que le Pm et sa  suite sont passés avant.

 

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