Inondations inquiétantes : le monde moderne se noie-t-il ?
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FRANCE :: Inondations inquiétantes : le monde moderne se noie-t-il ?

Paris titube dans la marre. La Seine est sortie de son lit des suites des récentes fougueuses intempéries qui ont frappé l’Ile-de-France. Dix-neuf mille ménages ont déjà perdu l’électricité. Deux morts sont à déplorer (bien que celle de la vieille dame de Souppes-sur-Loing ne soit pas liée aux crues). Même la statue du Zouave du pont de l’Alma a le pan de sa robe dans l’eau. Au moment de la rédaction de cet article les autorités françaises parlaient d’activer le plan Neptune qui est un plan de sauvetage à grande échelle. Alors que Ban Qi Moon est à Paris pour la médiation du conflit israélo-palestinien, l’hexagone retient son souffle. La capitale française, elle, s’imbibe davantage. Mais il faut tout de suite rappeler que le cas de Paris n’est pas un cas isolé. Les inondations et les autres débordements de la nature sont devenus de plus en plus récurrents dans le monde moderne. De nombreux autres cas sont légions à l’heure actuelle. D’où la grande question : le monde moderne se noie-t-il dans les eaux de la modernité ?

Certes les regards des analystes et autorités sont tournés ailleurs. Pour le cas de Paris certains parlent d’un phénomène cyclique. Ils en veulent pour preuve l’inondation de la Seine de 1910. En cette année-là la Seine avait atteint près de neuf mètres de hauteur. Cette fois-ci, il faut espérer beaucoup moins que cela mais toujours est-il que le niveau de l’eau est critique. Cela étant dit, il serait très malheureux de parler d’un simple phénomène cyclique et passer à un autre sujet. Les raisons de ce point de vue sont évidentes.
La terre est cyclique. Certes. Mais les mêmes causes produisent les mêmes effets si les conditions restent les mêmes. En d’autres termes, si la Seine décide de sortir de son lit une fois tous les cent ans, les effets causés en 1910 seront sensiblement les mêmes dans les années 2010, les années 2110, les années 2210, et ainsi de suite. Mais Paris d’il y a un siècle n’est pas Paris de l’heure actuelle. Beaucoup a changé et donc la Seine en tiendra compte.

La ville de Paris est une ville très belle. Elle tire sa beauté de ses constructions exotiques et de son architecture ornementale. Un tel rapport ne vient pas au gratuit car il y a un prix à payer pour tout. Pour rendre sa beauté à Paris, les constructeurs ont dû sacrifier quelques terres cultivables aux infrastructures du monde moderne. Et cela se paye en cash. Quand les terres cultivables sont prises pour des constructions, les conséquences sont multiples. L’une de ces conséquences est les inondations.

Les spécialistes des sciences de la terre vous diront que l’eau des précipitations a deux moyens rapides de disparaitre de la surface : par infiltration ou par lessivage. L’infiltration intervient quand l’eau entre à travers les pores de la terre. Cette eau voyage ainsi par le moyen des canaux souterrains et aidée par la force de la pesanteur jusqu’à la nappe phréatique. Ce phénomène-ci se produit plus souvent avec moins de désagréments dans la nature. L’infiltration est plus souple dans l’humus. L’humus est cette terre arable qui produit les plantes. C’est malheureusement cet humus qui est détruit lors des constructions. A l’absence de l’humus, la terre procède au lessivage pour se débarrasser des eaux supplémentaires.

Lors du lessivage l’eau coule à travers les surfaces imperméables et à une allure plus accélérée vers des espaces rabaissés de la terre. Pour le cas d’espèce la Seine offre un réservoir idéal pour des eaux orphelines en quête d’abri. Le résultat immédiat est la montée rapide du niveau de l’eau dans des cours d’eau.

Est-ce que c’est ce qui se passe à Paris ? Aucune prétention d’y apporter une réponse. Mais quand on sait que Paris et ses environs excellent en parking-autos, en aéroports d’envergure, en autoroutes influentes, et immeubles gigantesques et en d’autres infrastructures imposantes, on peut comprendre que les eaux des précipitations auront à faire au dur tarmac et au béton armé qui abondent autour de ces superstructures modernes. Bien d’autres approches peuvent expliquer le même phénomène naturel. Mais la question de fond reste à l’évidence. N’est-il pas temps que les urbanistes repensent les villes modernes ?

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