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© Facebook : Boris Bertolt
- 11 May 2016 17:31:54
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CAMEROUN :: COLERE DANS L’ARMEE :: CAMEROON
Les soldats du contingent camerounais en République centrafricaine ne sont pas contents. Et c’est peu dire. Entre eux et leur hiérarchie militaire, ce n’est pas le grand amour. Ca file du mauvais coton, à cause de l’argent des primes de l’ONU. Ceux qui sont au Cameroun envisagent d’ailleurs rééditer le mouvement de septembre 2015 où ils avaient pris d’assaut les rues de Yaoundé pour revendiquer leurs primes. Le chef de l’Etat, Paul Biya, depuis Genève où il se trouvait en séjour privé, a du intervenir personnellement pour trouver une issue favorable à la crise. Mais, il semble que les choses se sont à nouveau compliquées.
En début de mars 2016, une délégation composée entre autres du général Elokobi Njock et du Représentant militaire du Cameroun à la Mission camerounaise aux Nations-Unies à New-York, s’est rendue à Bangui pour rencontrer les soldats camerounais encore à Bangui. La rencontre a été houleuse et violente à la limite. La hiérarchie militaire du Cameroun informait ses soldats qu’elle entend opérer des rétentions énormes sur les primes versées par l’ONU, afin de payer les charges liées à leur mission, notamment leur formation avant le départ et l’achat du matériel militaire et policier qu’ils utilisent pendant la mission. Les officiers supérieurs camerounais ont prétexté que la guerre contre Boko Haram exige beaucoup de dépenses, et nécessite un engagement soldats dans cet effort de guerre surdimensionné.
Selon des sources au sein du contingent camerounais à Bangui, l’ONU verse une prime d’environ 1500 US $/mois à chaque soldat du contingent (les officiers perçoivent directement leur argent de l’ONU). Soit environ 865 000 FCFA, au taux du dollar au moment où nous publions. Cependant, Elokobi Njock et ses collègues ont proposé la somme de …250.000 CFA/mois à chaque soldat camerounais. Soit près de 600 000 Fcfa de coupe. Colère noire des soldats de la paix camerounais!
Pour eux, il ne s’agit ni plus ni moins que d’une escroquerie. Aucun pays engageant ses soldats n’opère ce genre de coupes sur les primes de ses soldats. L’information est revenu dans les oreilles de ceux qui rentrés au Cameroun attendent le paiement de leurs prime. Ces derniers menacent à nouveau de porter leur colère dans l’espace public.
De quoi s’agit-il?
Lorsqu’un pays engage des soldats dans une mission de paix comme celle de la Minusca en RCA (Mission des Nations Unies pour la stabilisation de la Centrafrique), l’ONU paye chaque mois des primes à ces soldats à travers leur gouvernement. Les Nations Unies louent aussi, tous les mois, le matériel que le contingent utilise lors de cette opération. Dans le cas du Cameroun par exemple, le contingent est composé de militaires, qui sont destinés justement aux opérations militaires et d’une composante Police, constituée de gendarmes et d’agents de la police nationale. Tous ce qu’ils utilisent est donc loué (avions, voitures, véhicules de combats, armes diverses, matraques, menottes, etc.)
Cash Investigation n’a pas encore obtenu tous les tarifs de location du matériel militaire et policier par l’ONU. Mais nous pouvons vous assurer qu’il s’agit de sommes exorbitantes. Par exemple, une matraque de la police est louée à 5000 FCA/jour environ. Calculez sur une année, combien une matraque de police, achetée à moins de 1000 F CFA, rapporte au gouvernement camerounais. On imagine ainsi le prix d’une voiture, d’un char de combat, d’un car « Abraham » (qui a été très efficace à Bangui entre 2012 et 2014, lors des violences), d’une kalachnikov. En réalité, les soldats qui suent sang et eaux en terrain de conflit, n’ont pas besoin de contribuer à cet effort de guerre que lui impose l’armée nationale.
La délégation est rentrée à Yaoundé, sans avoir obtenu une entente avec les soldats, mais l’armée camerounaise serait bien résolue à appliquer lesdites coupes.
Un autre problème crée des frustrations au sein de l’armée. Le Cameroun a décidé depuis le début de l’année 2016 à n’envoyer que des officiers retraités dans les missions de casques bleus. Prétextant toujours la guerre contre Boko Haram qui nécessite des soldats vigoureux disponibles, l’armée camerounaise rappelle les officiers déjà à la retraite pour ces opérations qui rapportent quand même un substantiel mensuel d’au moins un million de francs/mois à chaque officier engagé, en dehors de son salaire payé par l’État camerounais.
En plus de frustrer les officiers encore en activité, cette décision pénalise le Cameroun au niveau de l’occupation des postes au sein des missions de l’ONU, devenue une véritable bataille entre les pays. Les officiers renvoyés au pays après 6 mois ou une seule année au sein de l’ONU perdent les postes qu’ils occupaient et ne sont pas remplacés par des compatriotes. C’est le cas du Général Tumenta, commandant de la Force de la Minusca en RCA, décédé en décembre dernier qui a été remplacé par son adjoint, un Sénégalais, là où les Camerounais espéraient que l’ONU leur propose de désigner un autre général. « Nos dirigeants ne se cultivent pas, ne lisent même pas sur le fonctionnement des missions de paix où ils nous envoient », commentent un officier camerounais à Bangui.
Les exemples venus d’ailleurs
Cash Investigation a voulu savoir comment d’autres pays qui pourvoient l’ONU en casques bleus fonctionnent. Au Sénégal par exemple, une règlementation existe depuis bien longtemps et est connue de tout soldat appelé pour les missions de l’ONU. Sur les 1500$ versés par l’ONU, le pays retiendrait 250 $/mois pour compenser les frais de formation (environ 4 mois avant le départ en mission). 1000$ sont versés chaque mois, directement dans le compte privé du soldat et les 250$/mois restants sont bloqués en attente de la fin de mission.
Après son check out au niveau de la Mission et au niveau de l’armée nationale, si le soldat n’a commis aucune infraction appelant des sanctions (viols, destruction ou perte de matériel, etc) ce reste d’argent lui est reversé comme prime de bonne conduite pendant l’opération. Le Sénégal, confie un officier du pays de la Teranga à Cash Investigation, a même acheté tout un avion pour ses contingents en mission de la paix à travers le monde.
Le Rwanda et le Burundi, grand pourvoyeurs de soldats, retiennent tout simplement 200$ environs/mois sur chaque soldat, afin de compenser les frais de formation. « Le Sénégal et les autres pays ont compris que ces missions sont un business très rentables pour les armées et ils mettent le paquet pour leurs soldats. Ils renouvellent leur matériel tout le temps parce que, plus le matériel est vieux, moins cher il vaut en location de l’ONU. Or nous utilisons du matériel d’une autre époque à comparer au matériel de l’armée rwandaise, par exemple », tempête un officier camerounais.
D’autres pays, de l’Europe de l’Est ou d’Asie, gèrent les problèmes de chômage et de délinquance chez eux à travers les missions de l’ONU. Ils prennent des délinquants, des chômeurs dangereux, leur offrent des formations rapides et c’est eux qu’on expédie dans les contingents de casques bleus. Pendant ce temps, au Cameroun gérontocratique, on préfère envoyer en mission, des officiers retraités.
Cependant, ceux des militaires camerounais qui avaient marché la dernière fois ont été puni en dépit d’avoir été payé. La réaction du gouvernement attendue.
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