AFFAIRE ME HARISSOU : Audience sur fond d’intimidations et d’expulsions
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Les membres des familles et certains journalistes n’ont assisté au procès qu’après l’intervention du commissaire du gouvernement.

Il est 13 h 46 le 19 février 2016, quand dame Abega, le magistrat militaire qui a présidé l’audience de l’affaire qui oppose maître Harissou, Aboubakar Siddiki, Baba Wame, Felix Cyriaque Ebole Bola et Rodrigue Ndeutchoua Tongue à l’Etat du Cameroun, prononce le renvoi au 18 mars prochain pour communication de la liste et citation des témoins de la défense. Ce, après avoir instruit au commissaire du gouvernement de : «notifier les accusés de tous les éléments de preuve à charge. Qu’ils sachent au moins pourquoi ils sont poursuivis».

Une décision qui survient après les réclamations insistantes des avocats de la défense sur la mise à leur disposition des pièces par le ministère public. Le renvoi a par ailleurs été motivé par le fait que les cinq accusés ayant tous plaidé non coupables, le commissaire du gouvernement a évoqué une disposition de la loi qui convoque l’intervention des témoins. Et pour le cas d’espèce, le commissaire du gouvernement a déclaré avoir reçu deux listes de témoins dont la première avait des noms sans adresses et la deuxième n’ayant été déposée qu’à la matinée de l’audience.

«Le ministère public a été neutralisé par cette insuffisance», a-t-il indiqué. C’est que, à 12h 45, au moment où s’ouvrait l’audience, le commissaire du gouvernement a d’abord tenu à  rappeler que les audiences au tribunal militaire sont publiques, tout en adressant ses excuses à l’auditoire. Pourtant à notre arrivée au camp de l’Unité de Yaoundé, à 10h27 ce 19 février, deux militaires en faction, armes au poing, expliquaient avec la plus grande fermeté que les audiences ne sont plus publiques. «C’est comme ça depuis quelques semaines, ce sont des ordres», lance l’un des militaires, intimant l’ordre de libérer l’entrée.

ECHANGES MUSCLÉS

Certains membres de la famille de Me Harissou, qui ne voient en cette «loi» aucun fondement, font le pied de grue, face au peu d’égard des militaires venus renforcer l’intransigeance de leurs deux collègues. «Allez faire ça ailleurs. Ce n’est plus le Cameroun que vous croyez-là. Si vous voulez, tuez nous», a tonné un membre de la famille de Me Harissou. Un fils du notaire incarcéré à la prison centrale de Kondengui, plus ou moins pondéré, lui, va clamer : «C’est notre droit». Des éclats de voix qui vont voir intervenir le capitaine Alain Wilfried Essengue.

«On ne suit plus les audiences. Votre présence ici n’est pas nécessaire. Nous sommes des militaires, on reçoit des ordres et on les exécute. Vous avez des droits, mais aussi des devoirs. Ce n’est pas moi qui vote les lois. Votre devoir, c’est de respecter les lois qui sont décidées», a-t-il sermonné. Le commissaire du gouvernement se sentira l’obligation d’apaiser les tensions, admettant tout le monde au camp. Une issue qui fera tout de même ruminer Alain Wilfried Essengue, tant il estimera que le «frère» de Me Harissou est «particulièrement discourtois». D’où l’ordre de son expulsion hors du camp.

«Tuez aussi notre frère et donnez-nous le corps», criera ce dernier au moment où les soldats l’emmènent à l’extérieur du camp. Le capitaine va d’ailleurs rééditer l’exploit en tentant d’expulser un autre membre de la famille de Me Harissou. Sans succès cette fois. C’est finalement sur deux journalistes, dont votre reporter, jusquelà simples observateurs de la scène, qu’Alain Wilfried Essengue et ses sbires vont déverser leur fiel.

Le ton de ces militaires déchainés se durcit davantage : «Vous les journalistes, vous aurez affaire à nous. Et vous êtes ici dans un camp militaire, donc, quand je parle, vous vous taisez et vous dites : oui, mon capitaine», intimera Alain Wilfried Essengue. Pas moyen de placer un mot bien que voulant comprendre l’objet de ces menaces proférées, certains militaires étant d’ailleurs prêts à dégainer. Le seul reproche : être venus assister à l’audience en qualité de journalistes.

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