Le prix d’une vie au Cameroun
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Le prix d’une vie au Cameroun :: CAMEROON

Vendredi dernier, au petit matin, une vingtaine de Camerounais ont laissé leur vie sur une de nos routes. Mais ce n’est pas parce que nos routes tuent tous les jours que l’on doit laisser ainsi passer ces événements d’une extrême gravité, dans le silence le plus lourd qui soit. 

Il y a une dizaine de jours, c’est une bonne trentaine de Camerounais qui ont été abattus dans des circonstances non encore élucidées à ce jour, dans le contexte compliqué de la guerre contre le terrorisme à nous imposée par Boko Haram. Une semaine auparavant, Amnesty International s’émouvait de dizaines de morts non clarifiées, dans notre pays, sur le même terrain de guerre. 

Lors des « émeutes de la faim » de février 2008, il y eut des morts dont la vie à ce jour a été passée par pertes et profits…On peut ainsi citer à l’envi, des morts et encore des morts, dont plus personne ne s’émeut, et surtout pas ceux qui nous gouvernent et qui sont comptables de nos vies, par ailleurs.

Simple incurie ou complot contre les Camerounais ? 

Un peu les deux à la fois…En se soustrayant à un certain nombre de ses obligations ( protéger le citoyen, donner des explications aux familles et au public lorsqu’il en faut), les tenants du pouvoir mettent dans la tête de chacun qu’il doit d’abord et avant tout compter sur lui même, lorsqu’il s’agit de questions essentielles, quitte à ce que tous les actes « normaux » que doit effectuer un Etat soient présentés comme des manifestations de la magnanimité et de la grande bonté du prince. 

Nous retombons-là sur cette fameuse « résilience », le nouveau vocable introduit dans l’abécédaire politique de nos années, qui compte déjà de belles fleurs…

Vingt morts à Kon-Yambetta vendredi dernier, dans cet accident de la voie publique qui aurait pu être évité si on faisait vraiment attention à nos vies, c’est bien plus que les morts de l’attentat de Charlie-Hebdo ! Sans vouloir se livrer à quelque comparaison macabre qui n’aurait humainement aucun sens, une vie humaine étant une vie humaine, il est important de dire que, si l’on revient sur les circonstances des événements qui provoquent des morts, ce n’est pas seulement pour s’acquitter d’un devoir de respect vis-à-vis des nôtres qui nous quittent. C’est pour comprendre, afin de protéger les vivants, pour que pareille chose ne survienne plus.

Parce que lorsqu’on sait, on peut se prémunir. Et éviter que le pire ne se répète. Mais nous avons depuis longtemps, reculé dans notre république, les limites, non seulement du ridicule, mais aussi du pire.

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