L’installation du général de brigade Bouba Dobékréo à la tête du secteur n°1 de la Fmm augmente la cacophonie dans la lutte contre Boko Haram.

Le général de brigade Bouba Dobekréo a été installé en toute solennité vendredi dernier à Mora. Selon des sources officielles, c’est dans cette ville de l’Extrême-Nord que sera installé le poste de commandement du secteur n°1 de la force multinationale mixte (Fmm) dont il est le commandant. Une force qui ne finit pas de se mettre en place. C’est au détour d’une tournée d’inspection que le commandant de la Fmm, le général Iliasssou Abba, a installé le général camerounais. Mais en dehors de cette image du général qui tend l’étendard orange de la Cblt a son collaborateur camerounais, on  n’en sait toujours pas plus sur la Fmm. La Fmm est toujours imprécise.

Jusqu’ici, seul le Cameroun a nommé des officiers dans son état-major. Des cinq pays (Nigeria, Cameroun, Tchad, Niger et Bénin) qui la constituent, le Cameroun est aussi le seul à avoir décrit la taille des éléments qui devraient y être affectés. Les détails sur les unités d’où doivent provenir les 2450 soldats du Cameroun manquent crucialement. La Fmm est inaudible voire aphone. Du coup, malgré la nomination d’un officier chargé de la communication, le lieutenant-colonel camerounais Laurent Hubert Claude Nguiamba, c’est toujours vers le chef de la division de la communication du Mindef, le colonel Didier Badjeck, que les journalistes doivent se tourner pour en savoir plus sur la Fmm.

Combien sont-ils ?

Selon les confrères français Rfi, très au fait des affaires de la Fmm, le Nigeria déploiera 3 750, le Tchad 3 000, le Cameroun 2 650, le Niger 1000 et le Bénin 750. Seulement, une simple opération d’arithmétique permet de voir que la somme de ces effectifs donne 11.150 hommes au lieu des 8700 hommes initialement annoncés par les chefs d’état-major. En réalité, ce plafond de 8700 hommes sera dépassé si tous les Etats décrivent leurs effectifs en fonction de leur influence. Le Nigeria a annoncé qu’il enverrait le plus grand nombre d’hommes. Le Tchad a déjà au moins 2400 hommes déployés au Cameroun et presque autant au Niger.

Autre incompréhension, le Tchad auto-présenté comme en première ligne des pays engagés dans la lutte contre Boko Haram, n’est pas compris dans la distribution des trois secteurs militaires. Il y en aura à Mora au Cameroun et à Gambarou et Baga au Nigéria. Les autorités d’Abuja, échaudées par l’escapade tchadienne et nigérienne aux mois de février et mars derniers, tiennent à ce qu’aucune troupe étrangère ne combatte plus sur son territoire. Pour dissuader leurs partenaires, ils ont bloqué le mécanisme d’une résolution de l’Onu et menacé que la Fmm puisse intervenir indifféremment sur tous les territoires des pays membres. Les partenaires ont naturellement reculé.

Alpha, Emergence 4, Fmm…

Mais, la Fmm vient surtout avec une curiosité bien camerounaise. A en croire le colonel Didier Badjeck, elle va agir en « appui » aux opérations Alpha et Emergence 4 déjà en cours au Cameroun et qui ne seront pas démontées. Désormais, il y aura trois opérations au Cameroun pour lutter contre Boko Haram. « C’est une force mixte, il y a des chefs militaires qui appartiennent à tous les pays », explique le colonel Badjeck. « La coordination va se faire de manière excellente et les actions également. Ce sont des ordres de coordination qui vont être faits. C’est assez facile, dans notre lexique militaire, de comprendre ce genre d’organisation, donc il n’y aura aucun problème dans l’intégration de toutes les forces en présence et sur le terrain», a déclaré le chef de la division de la communication au ministère de a Défense.