Droits d’auteur : La symphonie inachevée des musiciens
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L’harmonie n’est toujours pas revenue dans le domaine de l’art musical et les acteurs ne semblent pas prêts à chanter d’une même voix.

Les musiciens camerounais semblent ne plus savoir sur quel pied danser. Au fil des années, le flou s’installe dans la gestion des droits d’auteurs dans le domaine de l’art musical. Le dernier épisode en date fait état d’un échange épistolaire entre la ministre des Arts et de la Culture, Ama Tutu Muna, et les services du Premier ministre. La première correspondance, en date du 27 avril 2015 et signée du secrétaire général des services du Premier ministre, Louis Paul Motaze, essayait de stopper la création annoncée d’une nouvelle société civile de gestion des droits des musiciens.

La lettre demandait notamment d’attendre les résultats du comité ad hoc mis sur pied pour trouver une solution à la crise actuelle du droit d’auteur dans l’art musical. La première lettre a été suivie d’une autre, signée le 29 avril par le directeur du cabinet du Pm. Celle-ci avait pour but de comprendre pourquoi les musiciens avaient créé une nouvelle société de gestion des droits d’auteurs. En fait, toute l’agitation actuelle est partie de l’annonce de la création d’une nouvelle société. Cette annonce a été faite le 28 avril dernier à Mbengwi, à l’occasion de la cérémonie de remise de 250 guitares aux artistes musiciens. La cérémonie était présidée par la ministre Ama Tutu Muna et le président du Syndicat national de la musique, Roméo Dika. Et au cours de celle-ci, les musiciens ont annoncé la naissance de la Société Camerounaise civile de Musique (Socacim).

Cette annonce a été faite dans un contexte marqué par une espèce de vide, car la Socam, la dernière société à avoir reçu l’agrément du ministère des Arts et de la Culture dans le domaine de l’art musical, l’a perdu il y a quelque temps. La situation actuelle n’arrange donc personne et un certain nombre de tractations ont été visibles au cours des dernières semaines. Le 03 avril, lors d’une cérémonie précédente de distribution de guitares, les musiciens avaient déjà évoqué le besoin de créer une nouvelle société. Au cours de cette cérémonie, la ministre des Arts et de la Culture avait déclaré que son département ne pouvait pas donner un agrément à une poignée de musiciens, mais à une société qui les rassemblerait tous. Ce jour-là d’ailleurs, elle avait semblé déplorer l’absence de Sam Mbende et Ndedi Eyango. Le premier avait été président de la Cameroon Music Corporation (Cmc), qui a géré un moment le droit d’auteur au Cameroun avant de se voir retirer l’agrément. Quant au second, il a été élu à l’issue de la dernière assemblée générale de la Socam, avant d’être contesté (on lui a reproché, la ministre aussi, de n’être pas de nationalité camerounaise).

La Socam et la Cmc

Ces deux acteurs, qui ont clairement des raisons d’en vouloir à Ama Tutu Muna, se sont retrouvés moins de deux semaines après la cérémonie du 03 avril à Douala. Au cours d’un point de presse qu’ils ont donné dans la même ville le 13 avril, ils ont dit leur volonté de fédérer la Cmc et la Socam. « Le souci de la CMC et de la Socam est d’aboutir au choix de l’émergence d’un seul organisme de gestion collective du droit d’auteur et des droits voisins du droit d’auteur du domaine musical fort en conformité aux dispositions réglementaires et législatives en matière de droit d’auteur au Cameroun. (…)

Au regard de la paralysie de la gestion collective du droit d'auteur du domaine musical depuis 2008, un constat simple se dégage aujourd'hui: l'interventionnisme du ministère des Arts et de la Culture et ses décisions querellées n'ont occasionné à ce jour que des préjudices irréparables tant aux dirigeants, aux membres de la Cmc et de la Socam qu'à leurs personnels, en ce que leurs droits sont demeurés irrémédiablement compromis », indiquaient-ils dans le communiqué conjoint qu’ils ont publié à l’occasion. La sortie de Sam Mbende et de Ndedi Eyango semblait être une réaction à celle de Roméo Dika et de ceux qui ont participé à la cérémonie de remise des guitares le 03 avril à Douala. Une autre réaction, portée celle-là par Raymond Tchengang, le président du du syndicat national des professionnels de l’art musical (Synaprom).

Au cours d’une cérémonie à Bafoussam, le 11 avril, où il installait le bureau régional de son syndicat, il a déclaré qu’il fallait combattre la précarité et la détresse, en faisant le lobbying pour la reprise des activités d’une société de droits d’auteur et « non distribuer des guitares ».. Facile donc de comprendre l’annonce de Mbengwi, où il était encore question de distribuer des guitares, comme une autre tentative du camp de Roméo Dika de marquer des points dans la course vers l’agrément pour la gestion du droit d’auteur chez les artistes musiciens qui suscite depuis de longues années de féroces appétits. Cette actualité, tout comme les correspondances des services du Premier ministre à la ministre des Arts et de la Culture, montrent bien que la chanson est loin d’être terminée.

© Le Jour : Jules Romuald Nkonlak

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