Philemon Yang adresse une demande d’explication à Ama Tutu Muna
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La ministre des Arts et de la Culture est accusée par le Premier ministre d’avoir encouragé la création d’une société de gestion des droits des musiciens.

C’est un véritable tir de barrage qui a plu sur la tête de la ministre des Arts et de la Culture (Minac) ces derniers jours, en provenance des services du Premier ministre. Le 27 avril, Ama Tutu Muna reçoit un fax du secrétaire général de l’Immeuble étoile, Louis Paul Motaze, agissant au nom du chef du gouvernement Philemon Yang. Le correspondant s’émeut de ce qu’il lui est revenu, «de manière récurrente», que des artistes s’organisent pour la création d’une nouvelle société civile du droit des musiciens. Il lui est instamment demandé de passer le message à ceux qui s’agitent, pour leur dire de surseoir à cette initiative en attendant les résultats du comité ad hoc, qui siège à la primature depuis le 21 avril en vue de proposer des pistes de réforme du secteur décadent du droit d’auteur.

Le 29, Ama Tutu Muna reçoit un deuxième fax, émanant cette fois du directeur du cabinet du Premier ministre. C’est une demande d’explication en règle et en trois points. Elle doit dire pourquoi les artistes ont créé une nouvelle société civile des droits des musiciens en dépit de la mise sur pied d’un comité ad hoc par le Pm, et surtout du message fax demandant de surseoir à toute initiative de cette nature. Le même jour, la Minac est convoquée toutes affaires cessantes à la primature. Philemon Yang la fait recevoir par son directeur de cabinet. L’échange est tout, sauf cordial, selon un témoin.
 
Il a en effet lieu au lendemain de la création, à Mbengwi (Nord-Ouest), de la Société camerounaise civile de musique (Socacim) dont le bureau du conseil d’administration intérimaire est composé de 27 membres. Le courroux de Philemon Yang vient du fait qu’il vient d’être mis devant un acte de défiance, voire de rébellion d’un membre du gouvernement. Du moins le croit-il.
 
La rebelle de la République

Dans sa réplique écrite, la Minac indique avoir reçu une autorisation de déplacement à elle notifiée par le secrétaire général des services du Premier ministre, en vue de participer à la cérémonie de remise de 250 guitares à des artistes par le Syndicat national de la musique (Sycamu), programmée le 28 avril 2015 à Mbengwi. Après un dîner et un concert de musique, la veille, et à l’approche de l’horaire de l’événement, Ama Tutu Muna explique alors avoir reçu la visite du gouverneur de la région du Nord-Ouest accompagné du préfet de la Momo et de tout son état-major de sécurité, ainsi que du représentant du délégué général à la Sûreté nationale (Dgsn). «C’est seulement à cet instant que des documents non signés, notamment un communiqué final d’une supposée assemblée générale des artistes, m’ont été présentés. Surpris par l’information, nous avons à l’instant demandé à l’organisateur, Monsieur Louis Roméo Ndoumbé Dika, ce qu’il en était et il dira ne pas être au courant», écrit-elle.

Dans cette réponse, que votre journal a pu consulter, Ama Tutu Muna indique que sa délégation et elle-même, «rassurés du caractère non établi desdits documents», ont sereinement poursuivi leur agenda à Mbengwi. «En somme, au regard de la délicatesse de l’information portée à mon attention et surtout de son impact sur l’environnement du droit d’auteur dans le secteur de l’art musical, en ce moment où le chef du gouvernement vient de mettre en place un comité destiné à lui faire des propositions dans ce cadre, je me propose d’adresser des correspondances respectivement au gouverneur de la région du Nord-Ouest et au président du Sycamu pour leur demander des éléments d’information pouvant m’éclairer sur ce qui s’est réellement passé», poursuit la Minac avant de s’engager, à l’issue de cette démarche, à adresser au Premier ministre «un rapport circonstancié à cet égard, assorti de propositions concrètes pour sa gestion appropriée».

Toujours est-il que, de sources introduites, l’heure n’est pas à l’apaisement entre la Minac et certains hauts responsables des services du Premier ministre, dans une ambiance ponctuée de coups bas, d’intrigues et de tentatives d’instrumentalisation. Un peu à l’image de tout le gouvernement qui ressemble davantage à une pétaudière qu’à une équipe de combat.

© Mutations : Félix C. Ebolé Bola

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