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© integrationafrica.org : Aboudi Ottou
- 16 Mar 2015 09:17:46
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Boko Haram : Pourquoi Biya hésite à se rendre dans l'Extrême-Nord Cameroun ? :: CAMEROON
Nombres de ses conseillers pensent qu’il est la vraie cible de ce qui se passe actuellement dans cette partie du pays.
Le débat sur la posture de Paul Biya envers les victimes de la guerre contre Boko Haram déclarée en mai 2014, a refait surface la semaine dernière. A l’origine, un photomontage publié sur le site de la présidence de la République du Cameroun. Cette image tente de faire croire que le président de la République, pourtant en «court séjour privé en Europe» depuis le 1er mars, a présidé en personne la cérémonie d’hommage à 39 soldats (tombés dans la défense de l’intégrité territoriale du Cameroun) organisée cinq jours plus tard. La presse qui crie au scandale parle «d’une manipulation» de la cellule de communication de la présidence de la République. Le gouvernement camerounais assure que le «grossier montage photographique (...) est l’œuvre d’un pirate informatique entré par effraction sur ledit site». Issa Tchiroma Bakary, le ministre de la Communication, annonce d’ailleurs l’ouverture d’une enquête. Objectif: identifier «ces malfaiteurs qui ont causé un immense préjudice à l’image de notre pays».
En attendant que cette enquête livre ses conclusions, la polémique engendrée par ce photomontage a révélé chez les Camerounais un besoin d’information sur les raisons de l’absence de leur chef de l’Etat, par ailleurs chef des armées, aux cérémonies d’hommage aux soldats morts sur le champ de bataille. Bien plus, l’opinion publique questionne son hésitation à se rendre à l’Extrême-Nord, à l’effet de galvaniser les troupes et rassurer ou réconforter la population.
En fait, même à la présidence de la République, la posture que Paul Biya doit adopter face aux victimes civiles et militaires de la guerre contre Boko Haram fait débat. L’idée de voir le président présider les cérémonies d’hommage aux soldats tombés aux fronts, ou encore de rendre visite aux victimes de guerre, s’est vue opposer l’incertitude de l’issue de cette guerre.
«Nul ne peut dire combien de temps mettra cette guerre. Encore moins avec quelle récurrence elle fera des victimes. Dans ces conditions, sommes-nous certain que le chef de l’Etat sera toujours disponible pour présider ces cérémonies et effectuer ces visites?
C’est pourquoi nous avons conseillé au chef de l’Etat de laisser d’abord le ministre délégué à la présidence chargée de la Défense s’en occuper d’abord» se défend un conseiller également opposé à un voyage du président à l’Extrême-Nord du pays. «Pour des raisons de sécurités» soutient-il.
Paranoïa
Dans une vidéo postée sur YouTube le 5 janvier 2015, le chef de Boko Haram, Abubakar Shekau, sʹen est frontalement pris au président camerounais. Mais, ce n’est pas cette vidéo que ce collaborateur de Paul Biya a en tête en mentionnant les raisons de sécurité. Il pense plutôt à ces fameuses «tentatives de déstabilisation des institutions avec l’appui de certaines puissances», dénoncées en septembre dernier dans l’appel de la Lekié. D’ailleurs, plusieurs signataires de ce document disent l’avoir fait, parce que «les instructions venaient de très haut».
En effet, contrairement au discours officiel, la thèse d’un complot contre Paul Biya reste fortement prégnante au sein du sérail.
«Je suis revenu de l’Extrême-Nord avec le sentiment qu’il y a véritablement un Boko Haram camerounais» s’inquiète par exemple un membre de la délégation de trois ministres (Nganou Djoumessi, Alamine Ousmane Mey et Zacharie Perevet) ayant séjourné en début de ce mois de mars dans cette partie du pays. Pour justifier son sentiment, ce fonctionnaire proche des cercles du pouvoir évoque par exemple «la pénurie organisée de ciment» au moment où le gouvernement vient de lancer son programme d’intervention d’urgence pour l’éducation.
Présenté comme la riposte du gouvernement aux perturbations sociales occasionnées par les exactions de Boko Haram, le projet d’un coût global de plus de 5 milliards de francs CFA vise la construction (en 40 jours) des salles de classe équipées de tables-bancs et bureaux de maîtres, des blocs de latrines et des forages, afin de renforcer les capacités d’accueil des écoles en charge des élèves déplacés. Au passagee du ministre de l’Economie, de la Planification et de l’Aménagement du territoire (Minepat) dans certains chantiers, des entrepreneurs ont exprimé leurs inquiétudes quant au respect des délais, invoquant notamment la rareté du ciment.
«Mon camion est garé depuis 5 jours à Cimencam et attend toujours d’être servi» a indiqué l’un d’entre-eux. L’affaire est prise très au sérieux au Minepat. Le maître des lieux auraient même déjà saisi son collègue du ministère des Relations extérieures, également président du Conseil d’administration de Cimencam, filiale locale du groupe français Lafarge.
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