Comment les Chinois exploitent les richesses du Cameroun
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Comment les Chinois exploitent les richesses du Cameroun :: CAMEROON

Une étude commandée par le Fonds mondial pour la nature a été menée dans ce sens.  Le rapport a été publié au cours d’une conférence, jeudi 19 février 2014 à Douala.
L’étude a été réalisée pendant l’année 2014, et sera remise au gouvernement camerounais. Il s’est agi pour le Bureau d’études techniques, économiques et commerciales (Be Tec), d’inventorier les différents secteurs de développement au Cameroun qui bénéficient des investissements de la Chine. C’est en présence du directeur national du Fonds mondial pour la nature (Wwf Cameroun), du délégué régional pour le Littoral du ministère de l’Economie de la Planification et de l’aménagement du territoire…que le rapport a été présenté à la presse, jeudi 19 février 2014 à Douala.

«Le Cameroun, comme la plupart des pays africains, dispose d’une riche base de ressources naturelles avec une concentration des minerais les plus stratégiques dans le monde, tels que le pétrole, l’uranium et le minerai de fer», remarque le Wwf. Qui note pour le décrier que  «Malheureusement, ces pays souffrent des capacités financières et techniques limitées et du manque des infrastructures nécessaires pour exploiter ces ressources.» Conscient de ce potentiel inexploité, la Chine s’investit de plus en plus dans les pays africains.

Au Cameroun, le pays de Xi Jinping prend un intérêt direct dans les entreprises et des projets. Quelques exemples cités dans l’étude : la prise de contrôle par Sinopec d’Addax Petroleum pour l’exploitation pétrolière offshore au Cameroun ; Sinostell pour le permis d’exploitation du minerai de fer du Mont Mamelles, près de Kribi, à proximité du parc national de Campo Ma’an ; la société Yang Chang Logone development holding company, avec deux permis d’exploration pétrolière onshore dans la partie septentrionale. En dehors des engagements directs dans les projets, les autres financements de projet par la Chine le sont sous forme de partenariat et de contrat.

Il y a le projet d’assainissement de Yaoundé, financé grâce à un prêt de la Banque africaine de développement. La China international water and electric corporation a gagné le contrat de la construction du canal de la rivière Mfoundi et la construction du barrage hydroélectrique de Lom Pangar. Le financement chinois intervient également dans les projets de construction du barrage hydroélectrique de Mekin, la construction du port en eau profonde de Kribi, le barrage hydroélectrique de Memve’ele, l’autoroute Yaoundé-Douala, l’approvisionnement en eau potable de Douala, le renouvellement du matériel du Matgénie. La liste n’est pas exhaustive. De quoi pousser le délégué régional du Minepat,  Blaise Ella à «féliciter les investissements chinois au Cameroun».
 
Mauvais traitement

Des journalistes ne partagent pas toute cette fleur offerte aux Chinois. Pendant que certains reviennent sur la «maltraitance dont sont victimes les ouvriers camerounais sur les chantiers dirigés par les Chinois, ce qui n’est pourtant pas évoqué dans le rapport», d’autres critiquent l’objectivité de l’étude, menée en collaboration avec Wwf Chine. Des remarques qui vont entraîner une déferlante de réactions presque pro-Chine. Ella Blaise : «Le partenaire chinois nous apporte des financements. Je ne sais pas ce que vous appelez maltraitance. Il faudra essayer de revoir ce mot.» Pour le directeur national du Wwf-Cameroun Njiforti Hanson Langmia, «la plupart des sociétés chinoises présentes au Cameroun sont encore nouvelles, surtout les grandes industries. Donc pour l’heure, on ne peut pas encore établir les impacts négatifs de leurs investissements.»

Le meneur de l’étude, Martin Tsounkeu explique : «Tous les travailleurs exercent dans la même condition. Quand nous sommes allés à Memve’ele, nous avons vu les Chinois travailler sans repos. Les ouvriers sont traités de la même manière. Cette idée de maltraitance doit être reconsidérée parce que les gens (Camerounais) ne peuvent pas paresser et espérer un salaire équitable à la fin. Tout ce que nous avons vu, nous l’avons dit dans le rapport. Nous n’avons pas noté de violations de contrats, même dans le traitement des ouvriers.»

Le consultant reconnait néanmoins que le comportement sur les chantiers des projets dépend de la négociation des contrats. «Les Chinois ne sont pas chez nous parce qu’ils nous aiment ou parce qu’ils veulent nous apprendre la technologie. Ils sont là par intérêt. Ils ont tout un agenda, qui prouve qu’ils savent ce qu’ils sont venus faire au Cameroun et dans les pays africains. Nous ne devons pas attendre que la Chine vienne résoudre tous nos problèmes. Nous devons, bien négocier. Il nous appartient de défendre nos intérêts, même ceux de nos  ouvriers». Tout est dit.

© Le Messager : Valgadine TONGA

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