Grandes manoeuvres de Biya pour Biya
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A quelques mois de l’échéance et partout dans le pays, des citoyens dépeignent l’actuel président de la République du Cameroun sous les traits d’un sauveur, seul capable de guérir le pays de toutes les écrouelles.

24 mai 2018 à Eséka, dans le département du Nyong et Kelle, région du Centre. Daniel Ruben Um Nyobè est face à la presse au domicile du député Robert Bapooh Lipot, à un jet de pierre du poste de péage de Boumnyébel. L’exercice est délicat, l’émotion particulièrement vive. Surtout qu’elle se trame dans un contexte de batailles entre caïds de l’Union des populations du Cameroun (UPC). Auréolé d’une dimension de porte-parole d’une faction de cette formation politique, le fils du nationaliste assassiné en 1958 lance deux phrases. « camer.bePaul Biya est un homme disponible qui a l'expérience, la sagesse nécessaire et une stature incontestée d'homme d’État. Un homme qui a la capacité d'écouter les Camerounais et de les asseoir autour d'une table afin de trouver les solutions du moment et de demain pour le Cameroun», dit d’entrée de jeu le fils du Mpondol.

La suite, débitée par «Mpondol Junior» au cours de ce moment particulier de trois minutes puise dans l’émotionnel: «Paul Biya est le choix de notre mémoire, le choix d'un Cameroun  indivisible, uni dans sa diversité et véritablement tourné vers la quête de sa prospérité». Courte, la déclaration est riche de sens et de symboles. «Elle dessine le portrait de Paul Biya et peint par touches et phrases simples les éléments clés du profil d’un homme qui, aux yeux d’une faction de l’UPC, est le meilleur candidat à l’élection présidentielle 2018 au Cameroun», décrypte le sémiologue André Michel Manga Ambassa.

En clair, «la  déclaration de l’UPC» est portée par un triptyque aux allures de talisman électoral au service de Paul Biya. «Le président attentif, le politique de conviction, le bon candidat dans ce présent désormais historique dans le pays», selon le rejeton de Ruben Um Nyobè. Par sa sortie, cette UPC-là signe une étape fondamentale dans la construction et l’effort de légitimation de la candidature de l’actuel locataire du palais de l’Unité au scrutin présidentiel prévu en octobre prochain. Récemment, des autorités traditionnelles dans les régions du Nord-ouest, du Sud-ouest, de l’Ouest, de tout le septentrion et du Littoral ont officiellement donné leur position par rapport à cette échéance politique. Elles vont voter pour Paul Biya à qui elles demandent de se déclarer candidat à cette élection. Pour l’instant, le destinataire ces appels reste muet.

Vielle recette

On peut s’emparer de cette actualité, moins pour la lire simplement que pour y puiser des éléments capables de comprendre une dynamique. «Celle qui accompagne la candidature de Paul Biya à sa propre succession cette année est la même que celle de 1992», situe Adamou Koupit. Le communicateur de l’Union démocratique du Cameroun (Udc) estime même que l'intuition populaire qui a inauguré le quinquennat de l’actuel chef de l’Etat est la même qui teinte le contexte actuel.

A promener le regard sur le balancier sociopolitique, cette année, l’activité est reprise, avec les mêmes forces mobilisatrices. Dans la presse à capitaux publics notamment, on trouve des noms des personnalités déjà blanchies sous le harnais des responsabilités, ceux des acteurs beaucoup plus jeunes, ceux des représentants de ce qui se pense comme la nouvelle société civile et ceux des politiques chevronnés et épaulés par d’innombrables réseaux. «Ici et là, ils se décrivent ouvertement et avec empressement comme défricheurs et de financeurs de la campagne de Biya», ironise Sylvanus Taboh, un militant du Social democratic Front (Sdf) dans le Mfoundi.

Au comité central du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc), le parti de Paul Biya, l’on n’y voit pas seulement des clichés qui flattent l’égo du «candidat naturel ». «Il y a, dans ces soutiens venus de l’opposition que de certaines catégories socioprofessionnelles, une aide réelle en termes de consolidation de notre candidat», croit savoir Jacques Fame Ndongo.

Le secrétaire national à la communication de cet appareil politique refuse d’assimiler les appels à candidature en faveur de Paul Biya à un programme insidieusement conçu pour maximiser les chances de rentes et favoriser les mobilités sociales. Il y voit plutôt l’expression d’une société camerounaise «transmutée par une nouvelle appréhension de la politique». Vous avez dit grandes manoeuvres !

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