Pauline Nalova lyonga Egbe  : D’abord le bâton, ensuite la carotte
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Le recteur de l’université de Buea a fait appel, comme à son habitude, aux forces de répression, avant de se pencher sur les revendications des étudiants.

Deux communiqués à l’endroit des étudiants signés de Roland Ndip, secrétaire général de l’université de Buea ont été rendus publics le mercredi 30 novembre 2016. Dans le premier communiqué, «le recteur de l’université de Buea informe tous les étudiants que les inscriptions ont été rouvertes et que les étudiants peuvent compléter leurs frais universitaires et s’inscrire sans aucune charge». Le second communiqué, pour sa part, précise que «les étudiants de l’université de Buea dont les noms ont été oubliés de la liste des étudiants devant bénéficier de la prime de l’excellence sont informés que le ministre de l’Enseignement supérieur a régularisé la situation et que les paiements vont se faire incessamment». Voilà le contenu des deux communiqués qui viennent mettre un terme aux deux principales revendications des étudiants, revendications, elles-mêmes provoquées par un communiqué rendu public vendredi 25 novembre 2016.

Un «happy end» pourrait-t-on dire. Mais c’est sans oublier les scènes d’horreur et la barbarie dont ont été victimes les étudiants de la part des éléments des forces de maintien de l’ordre. C’est que, cette énième manifestation des étudiants de l’université de Buea a été réprimée avec une violence particulière. «Nous avons été violentés, frappés, battus, poursuivis, pourchassés par les policiers. Nous avons été traités pire que des animaux. La police a été particulièrement violente alors que nous faisons une grève pacifique, sans aucune casse. Mais, ce n’est pas de cette façon qu’on va nous empêcher de revendiquer nos droits», déplore sous anonymat un étudiant. À en croire le secrétaire général du syndicat national des enseignants du supérieur (synes) branche de Buea, «les étudiants ont été pourchassés jusque dans les quartiers et même dans leurs lieux d’habitation».

Plus graves ont été les vidéos qui circulaient sur les réseaux sociaux  montrant des policiers en train de traîner des étudiants dans la boue, en les frappant avec leurs chaussures et à l’aide d’une matraque. Cette grève estudiantine violemment réprimée va davantage alourdir l’atmosphère déjà tendue à l’université de Buea depuis le lancement du débrayage des enseignants anglophones. «Le recteur n’était pas du tout d’accord avec la grève que nous avons lancé et qui consistait pour les enseignants anglophones à déserter les campus et les salles de classes. Le recteur et le directeur des affaires académiques ont voulu instrumentaliser les étudiants afin qu’ils dénoncent la grève des enseignants. Mais les étudiants ont profité de cette occasion que leur a donnée l’administration de l’université pour porter au-devant de la scène leurs propres revendications», note Fontem Neba, sg du synes-Buea.

Bir

Cette grève n’est cependant pas la première depuis la prise de fonction de Pauline Nalova Lyonga Egbe  comme recteur de l’UB le vendredi 29 juin 2012, en remplacement de Vincent Titanji. La deuxième femme recteur cette université a connu, en quatre ans, près d’une demi dizaine de grèves alors qu’au moment de son installation, beaucoup voyaient en elle, un gage d’accalmie dans cette université régulièrement secouée par des vents de contestation. À en croire un membre de l’University of Buea students Union (Ubsu), les grèves ont repris, seulement sept mois après sa nomination.

Le ton avait été donné le 14 février 2013 par les étudiants membres de l’Ubsu qui avaient séquestré le recteur pendant quatre heures dans son bureau. Elle avait été libérée après avoir cédé aux exigences des étudiants qui réclamaient l’ouverture d’une bibliothèque au sein de l’université de Buea ainsi que l’accès en salle d’examen, même sans avoir versé la totalité des frais de scolarité. Quelques temps après, c’est au tour des enseignants de revendiquer le paiement des primes de recherche. En date du 15 mai 2013, une autre grève est lancée. Les étudiants revendiquent le retour des photocopieuses sur le campus universitaire, l’augmentation des frais de défilé, l’amélioration du repas au restaurant universitaire et l’organisation de l’élection du bureau de l’Ubsu. Le refus du recteur de négocier avec les étudiants plonge l’université dans sept jours de grève. Les cours sont interrompus.

Le campus est assailli par des éléments des forces de l’ordre et des dizaines d’étudiants sont interpellés et gardés à vue. Un mois plus tard, une nouvelle grève est lancée par les étudiants avec, comme principale revendication, la libération de leurs camarades interpellés au cours de la précédente grève. Cette fois ci, la réaction du recteur est plus musclée. En plus de la police, Pauline Nalova Lyonga fait appel au Bataillon d’intervention rapide (Bir). C’est le «sauve qui peut» dans le campus. Les étudiants sont arrêtés, matraqués, pulvérisés au gaz lacrymogène. Pas de cours pendant plusieurs jours. Le procès des étudiants s’ouvre et, au bout de trois audiences, il se déroule à huis clos. Puis, suite à une plainte du recteur, dix, puis, sept enseignants sont convoqués à la police des polices pour leur implication dans la grève des étudiants. Mécontent, le syndicat des enseignants du supérieur (synes) branche de Buea lance 10 jours de grève.

Pour beaucoup, la raison de ces grèves à répétition à l’université de Buea est simplement «l’incapacité du recteur à diriger l’université. Elle refuse de s’ouvrir au dialogue et veut tout imposer», fulmine un enseignant. Pour un autre, «Nalova Lyonga a bien su cacher ses griffes. Quand elle a été nommée, nous étions tous optimistes au regard du discours qu’elle a tenu», indique-t-il. Et de poursuivre : «Sa mal gouvernance vient de ce qu’elle n’est pas ouverte au dialogue, elle n’est pas dynamique et n’admet pas d’avis contraire au sien. Elle est sournoise et a bien su cacher son caractère ». Des enseignants sous anonymat disent également que, du temps où elle était vice-recteur, Nalova Lyonga n’assistait jamais aux réunions de crise. Elle faussait compagnie à son supérieur hiérarchique pendant les grèves et laissait le recteur seul dans le chaudron.

«C’est pourquoi quand il y a une grève, sa première réaction consiste à appeler la police pour mater les étudiants», note un enseignant. Originaire de la région du sud-ouest, Nalova Lyonga est titulaire d'une Licence en art et Littérature obtenue à l'université de Yaoundé dans les années 80. Figurent également sur son Cv un mBa décroché au sheffield University United Kingdom en Angleterre et un PHD obtenu à l'université d’Ann Arbor dans l'état du Michigan aux Etats-Unis. Férue des lettres modernes, elle est logée à l’enseigne des pionnières de la littérature camerounaise d'expression anglaise. Elle est auteure de plusieurs publications de la Littérature africaine sur les doctrines féminines.

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