Le devoir d’ingratitude, pilier moral de l’indépendance du Conseil constitutionnel
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Dans un monde politique souvent gouverné par les jeux d’allégeances et de loyautés silencieuses, la neutralité du Conseil constitutionnel doit s’élever au-dessus des passions partisanes. Ce principe fondamental trouve sa plus vibrante incarnation dans les mots historiques de Robert Badinter, ancien garde des Sceaux et artisan de l’abolition de la peine de mort en France. Lorsqu’il fut nommé président du Conseil constitutionnel en 1986 par François Mitterrand, il n’hésita pas à lui déclarer : « Monsieur François Mitterrand, mon ami, merci de me nommer président du Conseil constitutionnel, mais sachez que dès cet instant, envers vous, j’ai un devoir d’ingratitude. »

Cette déclaration, empreinte de solennité et de courage institutionnel, rappelle la nature même de l’organe qu’il s’apprêtait à diriger. Le Conseil constitutionnel n’est pas un lieu de récompense politique, mais une forteresse juridique. Son rôle est de contrôler, parfois de censurer, les décisions d’un pouvoir qui, paradoxalement, est souvent à l’origine de la nomination de ses membres. Voilà pourquoi ce devoir d’ingratitude est non seulement légitime, mais indispensable à la démocratie.

Les institutions démocratiques reposent sur une séparation stricte des pouvoirs. Lorsque le Conseil constitutionnel se voit investi de la mission d’arbitre suprême du droit, il doit se détacher de toute influence personnelle, politique ou émotionnelle. L’ingratitude ici ne traduit pas le mépris ou l’oubli, mais une vertu : celle de se désolidariser de toute dette morale envers celui qui nomme, pour mieux servir l’État et le droit. L’histoire de la justice constitutionnelle ne saurait s’écrire avec la plume de la reconnaissance. Elle se rédige avec l’encre froide de l’impartialité.

À l’heure où la légitimité des institutions est souvent remise en question, rappeler ce principe est crucial. Il ne s’agit pas de jeter l’opprobre sur les figures politiques, mais de garantir que le dernier rempart de la démocratie la Constitution ne soit jamais pris en otage par des fidélités personnelles. Il est vital que les membres du Conseil constitutionnel adoptent cette posture d’indépendance, même si elle doit leur coûter sur le plan humain ou politique.

Robert Badinter a ouvert la voie en érigeant cette posture comme une exigence. Aujourd’hui plus que jama

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