Libération de Lydienne Eyoum : Le rôle central de Michel Thierry Atangana
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Comme avec la libération d’Atangana aux « forceps », la diplomatie française aura encore su faire plier l’échine à Paul Biya. Mais loin d’avoir réussi à démasquer les contours de cette victoire au goût incomplet d’un arbitraire incompréhensible, la rétrospective ou le rétropédalage d’une offensive médiatico-administrative et diplomatique pousse à plusieurs interrogations sur les suites à donner à ces dossiers au Sommet des Etats.

Pour le cas Lydienne Eyoum, après l’obligation de la libérer conditionné à la signature du 3e C2D, la France prouve à suffisance qu’elle à plusieurs cordes à son arc. Ayant plaidé pendant des mois pour que l’issue favorable soit officielle, elle a su faire avancer progressivement ses billes. Mais comme une mauvaise pilule donnant des urticaires lorsqu’on l’a ingurgité, plusieurs pontes du régime croient encore en leur « maigre » puissance en arguant que l’Avocate à tout intérêt à rembourser le préjudice causé à l’Etat dans cette affaire. D’après nos sources, l’avocate encore en repos dans les murs de l’Ambassade de France avoue ne pas refuser de rembourser la somme querellée mais soutient également que ses honoraires dans le cadre de la défense de ce dossier seront payés par le Cameroun.

Sous les éclairages de juristes et procéduriers, l’argument avancé par d’abord Issa Tchiroma le soit disant porte parole du gouvernement parlant du remboursement de la somme « dérobée » par Me Lydienne Eyoum et par d’autres pontes du régime sur des poursuites non éteintes de la procédure, il revient que le Cameroun en ressort encore perdant. L’avocate pouvant rembourser les sommes même scellées, pourra par la suite intenter une procédure judiciaire contre l’Etat du Cameroun pour le paiement de ses honoraires qu’elle n’aura aucun mal à gagner.

Gracié mais sans amnistie comme elle l’avait demandé dans sa lettre adressée au Chef de l’Etat au soir de sa condamnation en Septembre 2015, Me Lydienne Eyoum s’apprête dans quelques heures à quitter le sol camerounais. Dans l’histoire d’un rebondissement diplomatique entre le Cameroun et la France, elle n’a pas oublié le rôle central qu’à pu jouer son compatriote Michel Thierry Atangana auparavant.

L’implication de l’ancien bagnard du SED

Au départ était une prise de position ferme sur la libération de Me Lydienne Eyoum par Michel Thierry Atangana avant et après sa sortie de prison. Ayant longtemps fait le parallèle avec son incarcération jugée d’arbitraire par le Groupe de travail des Nations Unies sur les droits de l’Homme, le natif de Nsimeyong aura jusqu’au bout cru en la force de la diplomatie française. Approché aussitôt après le décret du 04 juillet 2016 portant grâce présidentielle en faveur de Me Lydienne Eyoum epse Loyse pour livrer ses sentiments sur la libération de la française, Michel Thierry Atangana s’est refusé de tout commentaire, se contentant tout simplement de dire qu’il est heureux de cette libération.

Ce refus nous a obligés à mener quelques investigations pour comprendre les motivations d’une telle attitude, au moment où l’on se serait attendu à des déclarations fortes. Il nous a ainsi été révélé ses malentendus, ses multiples incompréhensions et ses divergences de point de vue quant à l’approche à adopter dans le cadre des actions de plaidoyer pour la libération de l’avocate, avec certains de ceux qui de près ou de loin ont joué un rôle dans la mobilisation de l’opinion et des détenteurs d’enjeux. La première prise de position sur le cas de l’avocate c’était juste après sa libération le 28 février 2014. Michel Thierry Atangana avait alors été vertement critiqué.

Ses avocats au Cameroun avaient trouvé scandaleux son engagement pour la libération de Me Lydienne Eyoum, lui reprochant de coller son nom à celle de l’avocate. La jalousie des confrères avocats avait fini par créer une tension injustifiable ressentie à l’Ambassade du Cameroun et même au Quai d’Orsay. Le Ministre de la communication avait d’ailleurs dit que Me Lydienne Eyoum ne sortira pas de prison. Favorable à une démarche qui privilégie toutes les formes de négociation constructive entre l’Etat du Cameroun et la France, en vue de renforcer à terme la coopération bilatérale entre les deux pays, Michel Thiery Atangana s’est heurté aux défenseurs de la méthode forte, des sorties médiatiques tapageuses et du dénigrement.

De sources crédibles, il s’est catégoriquement opposé à cette manière d’aborder des questions aussi sensibles que celles liées à la vie humaine, au point de se désolidariser des avocats français de Lydienne qui avaient envoyé une lettre au Président Paul Biya au contenu peu élégant. Pour Michel Thierry Atangana, la dignité humaine doit être respectée. Elle se situe au-dessus des calculs politiques. 17 ans de cellule le confortent dans cette position. Il faut éviter toute fanfaronnade quand la vie humaine est en danger.

Nul ne devrait se réjouir de l’incarcération de qui que ce soit. L’incarcération doit demeurer une voie d’exception et non une voie d’humiliation. Toute démarche qui s’attaque au pouvoir politique lorsque la vie humaine est en danger est contre-productive. La diplomatie ne s’accommode pas de bruits.

On comprend aisément pourquoi dans ses sorties médiatiques, loin de jeter un discrédit sur le pouvoir de Yaoundé, Michel Thierry Atangana a toujours souhaité, comme ce fut le cas dans son dossier, un examen d’Etat à Etat. Validant ainsi une conception différente de la défense des droits de l’homme et la dignité humaine. Même dans sa cellule au SED, Michel Thierry Atangana soutenait mordicus l’hypothèse d’une commission France-Cameroun pour examiner son dossier et celui de Lydienne Eyoum.

Plate-forme idéale pour relancer la coopération entre les deux Etats, pour attirer les investisseurs et relancer l’économie. Avec la libération de Me Lydienne Eyoum, on observe finalement que l’homme politique a répondu favorablement à la demande de la France. Le président Paul Biya a été attentif aux préoccupations de ceux qui ont soutenu Me Lydienne Eyoum.

Il a le droit, pour le maintien de la paix sociale, d’utiliser ses prérogatives constitutionnelles pour réparer les problèmes de droit que la justice n’a pas pu régler. Il est le premier magistrat, garant des institutions. Mais des questions demeurent pour lesquelles il est impératif de trouver des réponses. L’acte du Chef de l’Etat l’innocente-t-il ou la culpabilise ? Qu’est-ce qui est prévu après sa libération ? Qu’en est-il pour sa réhabilitation ? Depuis deux ans, Michel Thierry Atangana court toujours après sa réhabilitation et son indemnisation. Toutes choses recommandées par le Groupe de travail de l’ONU sur la détention arbitraire qui s’est aussi prononcé il y a peu, sur le dossier de Me Lydienne Eyoum.

Comme Michel Thierry Atangana il y a deux ans, Me Lydienne Eyoum avocate franco-camerounaise condamnée à 25 ans d’emprisonnement, a bénéficié d’un décret de remise totale des peines signé par le Président de la République le 04 Juillet 2016. L’on se souvient qu’à sa sortie de prison, Michel Thierry Atangana avait fait de la libération de Me Lydienne Eyoum une de ses principales préoccupations. Conscient de ce que la dignité humaine n’a pas de prix. Il a dirigé à sa création, son comité de soutien en France. Il a mis ce dossier au centre de ces multiples discussions avec l’Etat français aussi bien au Quai d’Orsay qu’à l’Elysée.

Il l’a plaidé à l’ONU, au Département d’Etat américain. Il a plaidé pour Me Lydienne Eyoum devant le Barreau de Paris. Il a obtenu pour elle une médaille de reconnaissance de ses pairs avocats lors du Congrès de l’Union Internationale des Avocats tenu à Valences en 2015. A chacune de ses rares sorties médiatiques, il a rappelé à l’opinion internationale la situation difficile de Me Lydienne Eyoum.

Loin d’un triomphalisme, la France n’a certes pas fini avec le Cameroun sur les dossiers sensibles touchant les intérêts de ses ressortissants. Mais que dire des décisions du groupe de travail des Nations Unies ayant également émis des Avis en faveur des ex-ministres Marafa Hamidou Yaya, Jean Marie Atangana Mebara et autres ? Si les cas ne sont similaires avec le sésame principal que constitue la nationalité étrangère, il serait impératif de préciser que les Avis du Groupe de travail viennent de réussir la prouesse de faire libérer Saïf Al-Islam (Fils de Khadafi) en Lybie et Karim Wade (Fils d’Abdoulaye Wade) au Sénégal.

Sous les éclairages de Charlemagne Pascal Messanga Nyamnding, Enseignant de droit international, qui soutiendra lors d’une intervention radiophonique dans un média de la place que même si le Cameroun pense évoluer dans un vase clos en ne respectant pas les Avis ou Décision d’un démembrement de l’ONU, ce qui est une aberration diplomatique ou encore une monumentale erreur d’interprétation, il faudrait bien comprendre qu’il n’est à l’abris d’un chantage d’un autre genre parlant de toutes les subventions et aides que bénéficient notre pays venant de cette instance. La même chose pourrait donc en conclusion arriver au Cameroun venant de l’ONU qui devra à un moment donné toute occasion de défendre son travail. Paul Biya ou son successeur se sentira en ce moment là à l’étroit. Va-t-on y arriver ? Affaire à suivre.

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