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© Camer.be : Rév. Dr Joël Hervé BOUDJA
- 13 Jun 2021 07:11:43
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FRANCE :: PREDICATION DU DIMANCHE 13 JUIN 2021 PAR LE REV. DR JOËL HERVE BOUDJA
Textes : Ezéchiel 17,22-24 ; 2 Corinthiens 5, 6-10 ; Marc 4, 26-34
Qu’il dorme ou qu’il veille, le semeur, la semence de la Parole de Dieu grandit et se développe toute seule. Je ne suis sûr que ce soit toujours la bonne graine qui se développe toute seule dans le cœur de l’homme. Bien au contraire, c’est souvent la mauvaise graine de l’orage et de la tempête qui croît et qui se développe dans notre cœur.
C’est comme la météo : trois jours de beau temps et un jour d’orage. Après une période d’accalmie, il n’y a rien à faire, il y a de l’électricité dans l’air et on se dit que c’est toujours les mêmes bêtises qu’il fait et en plus il trouve ça amusant. C’est comme ça qu’on découvre que ce n’est pas évident d’aimer et de vivre ensemble. Tout d’abord, il y a la rencontre émerveillé et inattendue, mais bien vite il y a ensuite la découverte de la réalité, la réalité de ce qu’il est vraiment et la réalité de ce qu’on est vraiment. Alors on se demande comment vivre avec un bazar pareil. La splendeur de ses chaussettes qui traînent par terre ne provoque pas le délire amoureux, ni un chant de louange à Dieu.
Alors comment faire ? Eh bien, c’est ce que nous faisons ici ce matin. Tout arrêter et prendre le temps de se rappeler les merveilles du passé. Se souvenir de la première belle rencontre. Non pas par nostalgie, mais pour retrouver ce moment de surprise et d’enthousiasme. C’est ce que le peuple juif fait sans cesse : se rappeler la sortie d’Egypte et la rencontre au Sinaï.
Ce moment de libération et de vie nouvelle. De la même façon, c’est à chacun d’entre nous de se rappeler le moment de la première et vraie rencontre avec l’autre, avec Dieu, ce moment où on a commencé à exister et à vivre vraiment. Il faut faire attention car la poussière de la vie et la boue des déceptions peuvent recouvrir ces perles précieuses dans notre cœur.
Il faut les laver et les frotter. Oui, alors ces petites pierres peuvent briller et les petits moments de bonheur du passé peuvent à nouveau nous rappeler pour qui et pourquoi nous sommes ici. Mais tout cela n’est-il pas fort égocentrique ? Est-ce que nous sommes ici pour parler de nous ou pour rencontrer quelqu’un d’autre ? Et tout d’abord quel est-il cet homme qui nous parle aujourd’hui de Jésus-Christ ? C’est l’évangéliste Marc, un apôtre, un martyr. Il faut être fort et courageux pour pouvoir écrire que la graine de la Bonne Nouvelle croît et se développe en secret. Marc a encore le cri des suppliciés dans les oreilles et l’odeur de la chair brûlée quand il écrit cela.
Il faut y croire. Et pourtant ce fut l’attitude Marie, la mère de Jésus. Cet enfant qu’elle a eu de façon étonnante n’avait pourtant rien de bien exceptionnel. Oui, d’accord, il a fait une fugue au Temple de Jérusalem, mais il a fallu attendre trente ans pour qu’il se décide à sortir et à faire quelque chose. Et encore, ce n’était pas toujours bien efficace. La preuve, c’est qu’il se mit à dos toutes les autorités religieuses. Et ce fut la grande solitude entre la crucifixion et la Pentecôte.
Oui, le grain de la Parole de Dieu grandit et se développe dans notre cœur, mais il donne un fruit inattendu, non pas le fruit de la consolation qui rétablirait les choses comme avant, mais un fruit de vie nouvelle qui nous entraîne dans une nouvelle aventure, celle de l’amour infini. Bien-aimés dans le Seigneur, Dans son spectacle « Les hommes viennent de Mars, les femmes de Vénus », Paul Dewandre explique que beaucoup d’hommes, lorsqu’il leur est demandé de faire bouillir de l’eau, restent à côté de la casserole comme s’ils pensaient que l’eau allait bouillir plus rapidement.
Il n’y a bien évidemment aucune corrélation entre la présence à côté d’une casserole et la rapidité avec laquelle l’eau va bouillir. Alors pourquoi les hommes agissent-ils souvent de la sorte ? Certains diront que, vu qu’ils sont mono tâches, ils ne peuvent accomplir qu’une action en même temps, d’autres diront qu’ils ont besoin de contrôler que l’eau va bouillir convenablement et surtout comme ils l’ont envisagé.
Si cette dernière hypothèse est correcte, alors il est bon de méditer l’évangile que nous venons d’entendre. En effet, celui-ci nous invite à une véritable dépossession, une démaîtrise ou encore un lâcher pris : « nuit et jour, qu’il dorme ou qu’il se lève, la semence germe et grandit, il ne sait comment ». Notre vocation humaine est d’une simplicité déconcertante dans le projet divin. Nous sommes des semeurs. Nous ne devons jamais nous arrêter de semer. Telle est notre tâche. Telle est notre destinée.
Non seulement parce que semer, c’est s’aimer mais aussi parce que, toutes et tous, nous avons été appelés à la vie. Oui, osons semer sans jamais nous arrêter. La manière dont nos semences vont germer et grandir ne nous appartient pas. Il en est du ressort de la liberté de celles et ceux en qui nous avons semé. Il en va d’ailleurs pour nous comme pour Dieu.
En effet, Dieu est le semeur par excellence et dès l’instant où il semé notre Création, il a choisi de s’en retirer pour nous laisser tout l’espace nécessaire afin que nous puissions à notre tour devenir des semeurs d’amour, des semeurs d’humanité. Mais comment faire pour vivre tout cela dans la sérénité ? Peut-être en acceptant de prendre le parti de la confiance et de la patience. Confiance et patience sont les qualités premières de tout semeur.
Au tout début de notre existence, nous avions confiance puis au fil des ans, celle-ci a parfois été trahie, abimée. Nous avons appris à nous méfier et aujourd’hui, nous faisons confiance, c’est-à-dire qu’elle est devenue le fruit de notre volonté. Nous le décidons. Nous le risquons. Lorsque nous semons, nous sommes à notre tour invités à faire confiance en celles et ceux en qui nous avons semé. Ils sont la bonne terre de Dieu. Et comme toute terre, celle-ci est parfois un peu rocailleuse, un peu encombrée de mauvaises herbes.
Osons cette confiance que la semence germera et grandira même si nous ne savons pas comment. Si Dieu nous a fait confiance, n’est-ce pas la moindre des choses d’en faire de même ? Mais la confiance doit s’armer de patience. Cette dernière doit être élevée au rang de vertu tellement elle est fondamentale. Dans la vie, nous avançons chacune et chacun à notre rythme. Il n’y a pas une voie universelle que tout le monde pourrait emprunter. Nous sommes façonnés par nos histoires respectives.
Nous portons parfois des ballots de blé qui ne nous appartiennent pas et qui nous encombrent sur le chemin de notre destinée. Il peut aussi nous arriver de nous tromper, de trébucher, d’errer, voire parfois de transgresser. Telle est notre condition humaine. La patience est alors la vertu qui est capable de tolérer l’imperfection des conduites afin de mieux les parfaire. Je me permets de vous répéter cette dernière phrase : la patience est alors la vertu qui est capable de tolérer l’imperfection des conduites afin de mieux les parfaire.
En ce sens, la vie peut nous sembler parfois douloureuse. Nous aimerions tant que ce que nous avons semé puisse mûrir tel que nous l’avions envisagé. D’où l’importance d’accepter cette démaîtrise, ce lâcher prise pour permettre à chacune et chacun d’advenir à lui-même à son propre rythme malgré ses incohérences. Effectivement, nous sommes les biographes de nos histoires et lorsque nous choisissons de l’écrire avec l’encre divine, nous en devenons les théographes. La théographie est la calligraphie de la foi qui s’écrit avec l’encre de la confiance et de la patience. S’il en est ainsi, il ne nous reste plus qu’à prendre notre confiance en patience et notre patience en confiance. Alors et alors seulement, viendra le temps de la moisson puisque le blé sera mûr.
Amen.
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