PREDICATION DU DIMANCHE 23 MAI 2021: FÊTE DE LA PENTECÔTE PAR LE REV. DR JOËL HERVE BOUDJA
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FRANCE :: PREDICATION DU DIMANCHE 23 MAI 2021: FÊTE DE LA PENTECÔTE PAR LE REV. DR JOËL HERVE BOUDJA

Textes : Actes 2, 1-11 ; Galates 5, 16-25 ; Jean 15, 26-27 &16, 12-25

Avez-vous déjà remarqué que la Pentecôte est une histoire à couper le souffle. Elle est tellement extraordinaire, que je manque de souffle pour vous la raconter au risque même de m'essouffler sans pour autant craindre de rendre le souffle. La vie vaut trop la peine d'être vécue. Reprenant cependant mon souffle, je me dis que c'est époustouflant ce qui est arrivé il y a deux mille ans.

Il est d'ailleurs étonnant de constater que cette fête de la Pentecôte n'a plus tellement la côte parmi de nombreux chrétiens aujourd'hui. Ce qui en fait sa spécificité dans notre pays, c'est qu'il y a congé le lendemain.

Et pourtant, pourtant c'est sans doute une des fêtes les plus importantes de notre foi car sans elle nous ne serions pas ici en ce moment. Beaucoup connaissent les semaines du Carême, celles où il faut soit disant faire des efforts, un brin de culpabilité mais peu ont gardé en mémoire la richesse du temps de Pâques, ces cinquante jours de joie, d'espérance qui se clôture par la fête de la vie. En effet, la Pentecôte est l'histoire de la vie puisque l'absence de souffle est synonyme de mort.

Notre souffle est notre respiration. Mais avoir du souffle va bien au-delà de cette métaphore, avoir du souffle c'est pousser jusqu'aux limites les forces de vie et d'amour que nous portons en nous, écrit Charles Singer.

C'est repousser les limites qui empêchent d'aimer jusqu'au bout. C'est tout simplement laisser fleurir jusqu'à l'épanouissement la vie qui habite en chacune et chacun de nous. En ce sens, le souffle divin est une folie, la folie de Dieu. Un nouveau concept est ainsi né : celui de la folie de Dieu. Notre regard sur la vie passe par ce prisme qui donne à cette dernière une couleur arc-en-ciel. Un peu comme si Dieu attendait de nous de devenir des êtres fous à lier mais à lier d'amour. Et cela passe par la folie du souffle de l'Esprit, cet Esprit d'amour.

Comme je vous l'ai déjà souvent dit, la folie de Dieu n'est pas loin. De plus, elle est très contagieuse. Aucun vaccin ne lui résiste même si les  antibiotiques de la bêtise humaine, de l'orgueil, du désir de puissance et d'écrasement de l'autre peuvent l'empêcher pendant un temps, parfois long, d'éclore et de prendre toute la place qui lui est due. Certains essayent même de faire des OGM de folie, c'est-à-dire de remplacer la folie de Dieu par la folie des hommes. Absurdité. Il n'y a pas d'autres mots. La folie des hommes conduit toujours à la mort.

L'histoire actuelle ne peut hélas démentir mes propos. Par contre, la folie de Dieu, elle conduit à la vie, au bonheur en soi avec les autres. La folie de Dieu est le rêve d'un monde à réaliser, un monde d'amour et de paix, en fait un monde qui commence avec et par nous. Si la Pentecôte nous rappelle un évènement passé, elle est plus encore un processus, un incendie qu'une étincelle a allumé un jour en Palestine et qui se répand progressivement sur tous les continents.

Déjà dans les Actes des Apôtres, la Pentecôte se déroule en trois étapes : à Jérusalem, entre Juifs de différentes langues, puis en Galilée avec les Samaritains, enfin chez les nations païennes. On pourrait dire qu'elle s'étend depuis la communion entre nous, jusqu'à l'œcuménisme et enfin le dialogue inter religieux et inter convictionnel.  Vivre la Pentecôte, c'est vivre d'un Souffle qui permet de surmonter la tentation du communautarisme fermé, bien sûr mais aussi la tentation permanente d'une fausse unité, celle qui ne respecte pas la diversité.

Le mythe de la tour de Babel nous montre le risque permanent d'une uniformité brutale qui écrase les individus dans un projet prométhéen où l'orgueil et le désir de puissance échoue à rejoindre le ciel et sombre dans la folie. Des tours gigantesques se construisent partout. Le bruit assourdissant des armes, le jargon informatique, le langage des chiffres et de l'argent n'ont pas besoin de traduction. Vivre la Pentecôte, c'est vivre d'un Esprit qui n'est pas celui de la domination mais celui de l'amitié, de la solidarité et de la communion.

L'Esprit de liberté relativise les règlements pour mettre  l'homme, le prochain, au cœur des préoccupations : les pauvres, les faibles, les enfants, les vieillards, les cultures dominées.        

Vivre la Pentecôte, c'est vivre les béatitudes comme un vrai bonheur, la pauvreté, la pureté, la douceur, la paix, la justice, la vérité et le pardon, dans le regard du Ressuscité. Vivre la Pentecôte, dans un monde désenchanté, c'est l'émerveillement sans cesse renouvelé de la présence de Dieu en nous, frères ennemis réconciliés, différents et semblables, ensemble responsables d'une belle planète bleue, acteurs d'un avenir commun pour les prochaines générations. Vivre la Pentecôte, c'est l'ivresse sans alcool, l'enthousiasme sans fanatisme, l'absolu sans aucune drogue, la confiance et la réciprocité. C'est la vie de Dieu  versée à profusion dans notre cœur, l'amour plus fort que la mort, la vie libérée de la peur.

                                                        Vivre la Pentecôte, c'est vivre l'Alliance scellée en Jésus Christ, l'amour définitif, offert sans retour. C'est être tous poètes pour le célébrer, artistes, enfants de  Dieu, créateurs à l'image et ressemblance du Créateur. La Pentecôte, le feu qui prend à la baraque parce que la communauté initiale n'est pas un refuge mais un tremplin ; c'est être descellés de l'origine, propulsés à l'extérieur, envoyés. La Pentecôte nous fait prophètes de grand vent, sans besoin de censure ni de contrôle, accordés de l'intérieur. Vivre la Pentecôte, c'est avoir tout donné, n'avoir plus rien à perdre, tout à offrir, à proposer, parce que la faiblesse de Dieu est plus forte que le monde et que seule la pauvreté peut désarmer les puissants.

C'est faire le pas d'aller de l'avant, à la rencontre du différent, pour le découvrir et le valoriser. C'est être sel de la terre, lumière du monde, révélateur de la beauté, du goût, de la saveur, de la joie, de vivre et d'aimer. C'est vivre debout, pour la gloire de Dieu ! Bien-aimés dans le Seigneur, Aujourd'hui, nous nous rappelons que nous sommes entrés dans le temps de l'Esprit Saint. L'Esprit de Dieu est à l'œuvre en notre monde. Il est venu se poser sur chacune et chacun d'entre nous. Sa marque est le signe de la tendresse de Dieu à notre égard.

Elle est comme une caresse offerte. Toute la douceur de Dieu vient se poser au bord de notre cœur pour y apposer son don merveilleux. Au plus intime de nous, là où se noue en nous notre humanité et notre divinité, l'Esprit de Dieu est venu s'établir. Il ouvre notre cœur et illumine notre regard pour que nous puissions, là où nous en sommes dans notre vie, devenir de véritables témoins de sa présence.  Par l'événement de la Pentecôte, toutes et tous, nous sommes l'Esprit de Dieu à l'œuvre en notre monde.

Et ce qui étonne parfois, alors que lorsque nous sommes confrontés à l'expérience douloureuse de la maladie, du deuil, de la trahison, au-delà d'un sentiment de silence divin, l'Esprit Saint est extrêmement bruyant. Il est le chahuteur de Dieu. Il crie à pleins poumons et nous fait ainsi découvrir que Dieu n'est point muet mais bien plus présent que nous aurions pu l'imaginer.

Il est à nos côtés par le biais de tous ces humains que nous croisons et qui nous portent à leur manière, sans bruit avec pour seule raison, l'amour  d'amitié qui nous lie.  La Pentecôte nous fait ainsi prendre conscience qu'au plus profond de notre solitude, que face à l'immensité du mystère de la vie qui nous étreint, nous ne serons plus jamais seuls. Dieu ne nous a pas abandonné. Nous ne vivrons jamais plus le cri du Fils de Dieu sur le bois de la Croix. Nous sommes baignés dans la lumière d'une présence divine qui n'arrête jamais de se dévoiler à nous dans le regard de l'autre. Tel est le paradoxe de la Pentecôte.  Dieu est venu inhabité en moi tout comme il a choisi de venir demeurer en toute créature humaine. Ne levons plus les yeux au Ciel pour tenter de le rencontrer mais plutôt posons notre regard dans notre cœur.

Il est là, en nous. Il nous suffit de partir à sa rencontre pour le découvrir et nous laisser interpellé par cette présence toute intérieure qui ne cherche qu'à se dévoiler à nous pour que nous puissions toujours mieux être dignes de partir à la rencontre de celles et ceux qu'il mettra sur notre route.

Et ce qu'il y a de merveilleux dans cette prise de conscience de la divinité au cœur de notre humanité, c'est de découvrir une nouvelle fois que l'Esprit jamais ne s'endort. Il est toujours en éveil, prêt à bondir, à rebondir lorsque nous nous faisons proches de lui.  En termes contemporains, je dirais même qu'il suffit de l'appeler en utilisant le GSM de notre cœur .

Et le plus étonnant, c'est que sa ligne n'est jamais occupée. Il répond toujours. Il suffit de composer son numéro privé. Certains d'entre vous me diront peut-être : « mais je n'ai jamais trouvé le numéro privé de Dieu pour pouvoir lui parler directement ».  En ce jour de la fête de la Pentecôte, une fois encore Dieu nous révèle le code qui nous permet de lui parler directement non plus en tête à tête mais en cœur à cœur.

Alors, pour composer le numéro de Dieu et pour échanger avec lui tout ce qui nous épanouit ou nous tracasse, pour lui demander les forces nécessaires pour affronter les affres de la vie, pour rendre grâce des signes de tendresse qu'il nous transmet par le biais de celles et ceux qui se sont fait proches de nous, en primeur, ce matin, il nous donne son code d'accès : il suffit tout simplement, tout tendrement, de lui parler dans notre fort intérieur. Et sa voix d'amour nous répond toujours. Heureuse fête de Pentecôte,

Amen.  

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