Mobilisation de mineurs à Maroua : les questions éthiques autour d’un meeting politique de soutien
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CAMEROUN :: Mobilisation de mineurs à Maroua : les questions éthiques autour d’un meeting politique de soutien :: CAMEROON

Maroua, chef-lieu de l’Extrême-Nord du Cameroun, a été ce jour le théâtre d’un événement politique qui ne cesse de faire couler de l’encre. Intitulée « 100 000 jeunes pour soutenir la candidature de Paul Biya », cette cérémonie a été organisée par Boukar ABDOURAYIM, Directeur de cabinet du Président de l’Assemblée nationale. Mais au-delà de la mobilisation impressionnante, c’est la présence visible d’un grand nombre d’enfants mineurs qui suscite aujourd’hui l’interrogation.

Alors que la scène politique camerounaise se prépare en vue de l’élection présidentielle d’octobre 2025, cet événement de soutien au président en exercice, Paul Biya, pose une question de fond : quelle est la place légitime des mineurs dans une telle mobilisation politique ?

Les images et vidéos largement relayées sur les réseaux sociaux montrent des enfants en T-shirt scandant des slogans de soutien à un homme politique. Or, cette implication massive de mineurs dans un événement partisan interpelle aussi bien les observateurs que les défenseurs des droits de l’enfant. De nombreuses voix s’élèvent pour dénoncer une instrumentalisation politique de la jeunesse.

Ce contraste est d’autant plus saisissant qu’il entre en contradiction directe avec une déclaration célèbre de Paul Biya lui-même, prononcée en 1991 : « La politique aux politiciens, l’école aux écoliers. » Cette formule, devenue emblématique, résonne aujourd’hui avec une acuité particulière.

Sur le plan éthique, plusieurs spécialistes de l’éducation et du droit estiment que cette cérémonie pourrait constituer une forme de manipulation psychologique sur des esprits encore en formation. D’un point de vue juridique, le code camerounais de protection de l’enfant interdit l’exploitation des mineurs à des fins de propagande ou de mobilisation partisane.

En pleine période préélectorale, la question de la mobilisation citoyenne reste essentielle. Toutefois, l’utilisation de mineurs dans ce cadre interroge sur les limites à ne pas franchir. La responsabilité des organisateurs, mais aussi celle des encadreurs et établissements impliqués, pourrait être engagée, tant sur le plan moral que légal.

Cette affaire pose plus largement le débat sur la nature de la mobilisation politique au Cameroun et sur le respect des principes démocratiques, notamment la séparation entre sphères éducative et politique. Dans un pays où les enjeux liés à l’éducation, à la jeunesse et à l’avenir démocratique sont cruciaux, il est urgent de recentrer la réflexion.

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