PREDICATION DU DIMANCHE 25 AVRIL 2021 PAR LE REV. DR JOÊL HERVE BOUDJA
FRANCE :: RéLIGION

FRANCE :: PREDICATION DU DIMANCHE 25 AVRIL 2021 PAR LE REV. DR JOÊL HERVE BOUDJA

Textes : Actes 4, 8-12 ; 1 Jean 3, 1-2 ; Jean 10, 11-18   « Je suis le bon pasteur, c’est-à-dire le vrai berger » : l’Evangile de Jean a ceci de caractéristique qu’il est le seul à présenter Jésus en train de dire : « je suis ».

Il le fait à plusieurs reprises : je suis le pain de vie, je suis la lumière du monde, je suis la résurrection et la vie. Tous ces titres nous rappellent combien Jésus dépasse notre entendement. Dieu est plus grand que notre cœur et notre intelligence. Tout ce que nous pouvons savoir de Dieu, ce n’est qu’un petit aspect de cette immense et insondable personnalité qu’est le Christ, qu’est Dieu.  

Voilà pourquoi il y a dans l’Eglise tant de mouvements et tant de tendances différentes. Il y a les conservateurs et les progressistes. Il y a les charismatiques et les fonctionnaires du culte. Toutes ces images de Dieu, toutes ces sensibilités dans la foi et dans l’engagement chrétien sont autant de cordes dans un piano, autant de fleurs différentes dans un bouquet. Tous ces différents titres donnés à Jésus sont autant de cris de joie et d’émerveillement devant la splendeur du Bien-aimé.   « Je suis le bon pasteur ».

C'est une des métaphores les plus connues du Nouveau Testament. Jésus est le berger, et nous sommes les brebis. C'est une métaphore riche qui a une longue histoire dans la tradition juive. Le roi David était connu comme berger ; « Berger » est devenu titre royal ; en s'appelant berger Jésus prétend donc être roi des juifs. Dans le livre du prophète Ézéchiel Dieu rejette les bergers humains, les rois d'Israël, et dit qu'il deviendra lui-même un jour le berger de son peuple.

En s'appelant berger, Jésus dit que Dieu est présent en lui, et qu'en lui Dieu guide son peuple. C'est donc une métaphore importante et centrale. Mais il faut dire que ce n'est qu'une métaphore. Nous ne sommes finalement pas des brebis. La vie d'une brebis est simple : elle mange de l'herbe, elle dort, elle s'accouple de temps en temps avec un bélier.

Elle suit les autres brebis, qui suivent le berger. Puis, on l'abat et on la mange. Ce n'est pas une bête remarquable. La vie humaine est beaucoup plus compliquée, plus intéressante, plus difficile et pleine de beaucoup plus de possibilités que celle d'une brebis.   Si nous ne sommes pas des brebis, Jésus n'est pas un berger non plus. La relation entre Jésus et nous n'est pas la relation entre un berger et ses brebis. La brebis peut s'égarer dans les rochers, et alors le berger va la chercher.

Mais il ne la cherche pas par amour ; il la cherche parce qu'elle lui appartient, c'est sa propriété, s'il la perd, il perd de l'argent, ou il aura moins à manger. Certainement, et contrairement à ce que dit Jésus, il ne mourra pas pour ses brebis. En parlant de la mort du berger Jésus dépasse les limites de la métaphore.   Comme toute métaphore, celle-ci est à dépasser.

Dieu, et notre relation à Dieu, n'est pas à saisir, il n'y en a pas d'image cohérente. Mais il y a quand-même un élément de l'image du berger et de ses brebis qui est important. C'est en suivant leur berger que les brebis trouvent leur nourriture et leur sécurité, c’est-à-dire leur vie. Les brebis ne suivent pas n'importe qui. Les brebis, dit Jésus, reconnaissent la voix du berger à qui elles appartiennent.  

Puisque la vie humaine est plus compliquée que celle d'une brebis, nous avons besoin d'une nourriture plus compliquée que celle dont a besoin la brebis ; pour vivre une vie vraiment humaine nous avons besoin d'une nourriture qu'on peut appeler spirituelle. Et si une brebis peut s'égarer parmi les rochers, nous pouvons nous égarer dans le monde.

Nous pouvons perdre notre orientation dans le monde, ou le monde et la vie peuvent perdre leur sens, ils peuvent devenir muets et ne plus nous parler ; et alors, dans ce silence, nous sommes profondément perdus. Nous avons besoin de plus qu'un berger. Nous avons besoin de quelqu'un qui nous permette de nous retrouver, en qui nous puissions retrouver le sens de notre vie et du monde.  

C'est pourquoi, si Jésus parle de lui-même comme d'un berger, son évangéliste Jean l'appelle « Verbe de Dieu », la parole vivante de Dieu par qui tout est créé. Selon Jean, il y a une parole dans les choses, une parole qui est à l'origine des choses, à leur centre, une parole qui peut établir - ou rétablir - une sorte de communion entre nous et le monde, une parole qui nous dit le sens du monde. Cette parole s'est faite chair, c'est Jésus, le berger. C'est pourquoi il est tellement important d'écouter et de reconnaître la voix de ce berger, de ne pas suivre n'importe quelle voix. Nous ne suivons pas Jésus pour être pieux, ou obéissants, ou saints, mais pour trouver un sens dans le monde, pour vivre humainement.  

Tout cela nous invite à la modestie et à la reconnaissance. Non ! Je ne suis pas plus malin qu’un autre. Je n’ai qu’une petite perception de l’immense et insondable mystère qu’est l’amour de Dieu pour chacun d’entre nous. Cette modestie nous permet et nous invite à accepter ce titre de gloire d’être des brebis, les brebis du Seigneur. Certes, dire de quelqu’un que c’est une brebis, un mouton, ce n’est pas une remarque flatteuse.

Cela évoque la soumission et la bêtise. Non, sommes-nous prêts à crier, non, je ne suis pas un mouton, je suis fort et fier, prêt à me battre pour ma liberté et mon indépendance. Mais que nous dit le texte ?   « Ses brebis à lui, il les appelle chacune par son nom ». Oui, en vérité, je ne suis pas un homme perdu dans l’immensité froide et sombre de l’univers, je ne suis pas perdu dans le fleuve immense de l’histoire de l’humanité.

Fussé-je un grain de sable sur le rivage de l’éternité, Dieu connaît mon nom et il m’appelle par mon nom et je le suis parce qu’il me connaît personnellement. Et ce Dieu, il me met en garde, en garde de suivre de faux bergers, de faux pasteurs, ceux que j’appelle des bonbons pasteurs, ces escrocs qui non seulement abusent de vous, mais vont jusqu’à vous demander de les sucer. Un humoriste camerounais Saidou Abacha disait que : « quand tu es bon une fois, tu es bon. Mais quand tu es bon deux fois, tu deviens bonbon et on te suce ». Pardon ! Pardon ! Je refuse qu’on me suce.  

Et quels sont-ils ces pasteurs qui suivent leur propre intérêt ? Ne serait-ce pas moi, moi-même quand emporté par l’orgueil je veux imposer ma conception étroite et partielle de Dieu, quand je parle intelligemment de la vraie Eglise alors que par mes propos je déchire le manteau sacré de Jésus crucifié ?   Oui, l’Evangile d’aujourd’hui nous invite à la modestie et à l’humilité.

Non pas à une humilité de ver de terre devant la toute-puissance de Dieu, mais l’humilité admirative du croyant devant l’immense bonté de Dieu pour chacun d’entre nous, l’humilité de celui qui reconnaît que Dieu est beaucoup plus grand, beaucoup plus beau que je ne peux l’imaginer, et qu’avec tous mes frères et sœurs j’essaie de chanter. Oui, Dieu nous appelle tous par notre nom et tous nous le suivons parce qu’il est le chemin, la vérité et la vie.

Amen.   

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