Didier Badjeck:« La subreptice déstabilisation, les marqueurs opérationnels d’une main invisible ? »
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Le Cameroun était jusque-là, un exemple de paix et d’unité nationale dans un continent secoué comme jamais par des menaces crisogènes accélérées par les effets pervers de la mondialisation. Terrorisme, irrédentismes, trafics illicites et activités interlopes connexes ont atterri sur ce continent à grande vitesse, compromettant les embellies économiques promises comme alternatives à une croissance mondiale essoufflée par un primat libéral monotone. La taxinomie de crises larvées sur le continent africain nous interpelle cependant. Les zones crisogènes coïncident aussi avec les régions les plus riches potentiellement…

Cameroun : cinq années d’élongation crisogène

Depuis la guerre déclarée contre le groupe terroriste Boko Haram, le 17 mai 2014, les Forces de Défense et de Sécurité camerounaises n’ont connu que de courtes pauses, se déplaçant d’un théâtre à un autre. En effet, par des périodes légèrement décalées, des braconniers lourdement armés venant de l’Est de l’Afrique ont tenté d’investir la réserve de Bouba Djidda, au même moment où les rebelles Centrafricains écumaient la bande transfrontalière Est, et que le littoral connaissait également quelques soubresauts liés à la piraterie maritime dans sa zone hauturière. Cette situation n’a cependant pas interrompu les maux habituels tels que le grand banditisme et les activités précises des coupeurs de route tendant d’ailleurs à se généraliser sur les axes routiers. C’est dans ce contexte qu’intervient aussi la crise sociopolitique du Nord-Ouest et du Sud-Ouest.

Dans ce contexte éruptif, les efforts ont été entrepris dans le sens d’une stabilisation opérationnelle et politique à mesure de juguler les crises en cours avec des résultats encourageants, cependant contrariés par des entreprises de sapes, apparemment cordonnées, s’il faut analyser leurs ingérences disproportionnelles aux valeurs éthiques dont elles se prévalent portant, au point où il est légitime de s’interroger sur les objectifs poursuivis dans ce cas. À long terme, les rancœurs rebelles manifestées contre les dirigeants du Cameroun sont-elles à l’épreuve de ce que perdrait la communauté internationale à voir ce pays devenir un État failli ? Sans compter l’effet domino qu’un tel scénario provoquerait notamment auprès des pays de l’hinterland, fortement dépendants de la vitalité du Cameroun.   Dans ce calcul géostratégique inconsistant, la déstabilisation de la locomotive de la région Afrique Centrale n’est pas un objectif stratégique global, encore moins pertinent, mais milite vers un simple calcul individuel qui consiste in fine à souhaiter un changement de chaises dans le même contexte socioéconomique global ? L’on pourrait donc s’en passer pour une économie d’échelle, au niveau social, économique, et même politique.

Rien ne peut expliquer l’acharnement répétitif auquel ne compatissent pas heureusement certaines organisations internationales de renom et sérieuses qui, de culture éthique, ne s’embrigadent pas aussi facilement, surtout dans des mécanismes sordides de déstabilisation. Certains évoqueront une paranoïa systématique des Camerounais, mais force est de constater tout de même que les angles de perception de certaines ONGs, de médias qui ont une grande audience sur le continent, et bien d’autres influenceurs ont un regard « objectivement biaisé » sur le Cameroun, quand il n’est pas à géométrie variable. C’est à croire que ce qui est condamnable dans un code minimal d’humanité, ne l’est pas quand il s’agit du Cameroun, au motif d’un pouvoir qui a duré dit-on, ou du diktat d’une volonté lobbyiste contre celle d’un peuple. Le prisme visuel devient alors réducteur et ridicule, quant à la notion de démocratie qui n’est qu’une vague notion évanescente et déconstruite. Sinon, comment comprendre que juste deux ans après qu’une élection présidentielle ait été organisée au Cameroun, l’on attribue un sens à la notion extensible de l’opinion réduite à un conglomérat de casseurs et de barbares qui ne savent ni se tenir, ni prendre très au sérieux ce qui constitue les valeurs de la République, nous faisions allusions à ses institutions.

De l’imposture à l’infamie

Soroya SIDANI dans son ouvrage intitulé « Intégration et déviance au sein du système international [1] » dépasse les préjugés des Relations internationales comme effet de puissance unique et démontre aisément dans son livre que d’autres entrées sociologiques doivent être reconnues au demeurant. C’est sans ambiguïté qu’elle établit que les normes internationales peuvent être modifiables selon la taille et le poids d’un pays. Mais de là à empiéter aussi grossièrement la souveraineté et l’image d’un pays, il y a lieu d’y déceler bien d’autres raisons qui portent sur des intérêts géostratégiques différents sur le plan conventionnel.

La médiascopie de la chaîne de radio RFI à capitaux publics nous intrigue depuis un moment, parce qu’elle semble être en opposition de phase avec la ligne éditoriale imposée par des relations saines entre la France et le Cameroun, marquées en l’occurrence par une coopération fructueuse. Cela est d’autant plus surprenant, car une telle posture ne cadrerait pas avec une stratégie élaborée de soft power, visant à promouvoir la culture française en direction de l’Afrique et particulièrement du Cameroun qui est une puissance sous régionale. Cela est tout aussi étonnant, parce que cette approche in fine met à mal certains acquis solides qui jusque-là entretenaient une belle amitié. Il faudrait relever la clairvoyance de l’État français qui vient de prendre une position forte en mettant devant leurs responsabilités, les hors-la-loi qui, jouissant de l’hospitalité de la France, ont confondu le cadre d’expression civilisé à un cadre de pugilat, cela, avec la bénédiction de leurs mentors. Le piège ainsi se referme.

Si détruire l’image du Cameroun est un objectif défini, nous sommes d’avis que l’on n’aurait pas mieux fait. C’est régulièrement que le Cameroun, et son Chef de l’État sont pris à partie, et pour ce faire, la voix est donnée aux adeptes de l’invective dans un cadre qui pour le moins ne nous semble ni éthique, ni déontologique. Il ne s’agit pas de dicter à la chaîne RFI, une ligne éditoriale aux ordres du Cameroun, mais d’exiger des rendus d’un certain équilibre en dépassionnant l’information. Malheureusement et pour le déplorer, Rfi ne fait plus de l’information en direction du Cameroun, mais de la communication. Pourquoi les analyses manquent-elles de manière aussi importante d’objectivité ? La sémiologie nous permet de faire une analyse scientifique du système de communication qui impacte tout de même une tendance subjective dans des positions déstructurant la vie publique camerounaise que l’on ne retrouve pas dans les angles de traitement d’autres cas à valeurs égales.

Ceci commence à être irritant car les Camerounais se vexent facilement et cet environnement cultive un sentiment xénophobe à la longue. Pour l’étayer, même les émissions de variétés constituent des occasions opportunes de charge pour relever un pseudo régime tyrannique au Cameroun, qui cependant, laisse dans une totale liberté de la presse, fuser toutes sorte d’invectives contre les gouvernants. Parler donc d’un recul de liberté au Cameroun ne semble pas fondé.

Heureusement, un État doit assumer la sécurité des personnes, de leurs biens et de celui qui incarne les institutions. C’est également une de ses missions régaliennes qui est celle d’assurer son intégrité territoriale. Cette défense peut être faite par une utilisation légitime de la violence. Si des personnes sont déclarées comme étant des vecteurs de trouble à l’ordre public, manifestant des velléités de violence non-équivoques, bénéficiant par ailleurs de l’encouragement de sympathisants qui ne se désolidarisent pas de tels actes, l’État se doit de réagir avec ses moyens pour préserver la paix et la sécurité et anticiper sur de telles planifications, n’en déplaise à ceux qui ont une notion très évanescente du maintien de l’ordre.

Aujourd’hui, le Cameroun a besoin de se refaire sur le plan économique, l’insécurité ayant ruiné au moins 3% du capital de son PIB. L’apologétisme qui a cours au profit du chaos, de l’insécurité, et de l’instabilité participe d’une jonglerie de l’esprit transfigurant la victime en bourreau. Ce qui est d’autant plus dommage est la connivence remarquée d’une poignée de camerounais acquis à cette entreprise inavouée. Des marqueurs d’analyse devraient ramener certains à une vérité géopolitique et non passionnée de la situation au Cameroun. Heureusement, certaines ONGs ont reconnu les atrocités insoutenables commises par les irrédentistes dans le NoSo, même si sur la question, Rfi a plutôt relevé une population prise entre deux feux…

Des images intolérables ont circulé dans les réseaux sociaux, avec la bénédiction des infrastructures qui doivent pourtant censurer cette espèce de déshumanisation. À ce propos, il n’existe plus de frontière entre les hommes et les animaux. Rien n’y fait, nous sommes en plein apologétisme du terrorisme, proscrit pourtant par les canons de l’information sous d’autres cieux depuis la date fatidique du 11 septembre 2001, mais toléré sous les tropiques. Il n’y a pas de bons terroristes et de mauvais terroristes. La mondialisation n’est pas seulement celle de la finance. Lorsque l’on s’enrhume à Yaoundé, l’on éternue à Londres…

Toutes ces récriminations peut-être non-fondées, libre à chacun d’en apprécier la pertinence, font tout de même suite à des constats troublants et récurrents, pour garder une approche scientifique humble. Elles semblent alors justifier, paranoïa mise à part, d’un modus operandi relevant d’une suspecte organisation souterraine que plusieurs langues commencent à dénoncer un peu partout. Tout au moins, ces constats ne sont pas pour favoriser des relations amènes entre les peuples, à moins que les intérêts sous-jacents de prédation vaillent la chandelle de la compromission d’une pérennité sentimentale.

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