Trois questions à… Christelle Nadia Fotso : « Le Patriarche Fotso avait un rêve, nous le réalisons »
CAMEROUN :: SOCIETE

CAMEROUN :: Trois questions à… Christelle Nadia Fotso : « Le Patriarche Fotso avait un rêve, nous le réalisons » :: CAMEROON

Présidente de la Fondation Fotso Maptué, fille du Patriarche défunt, avocate aux barreaux de Washington DC et de Bruxelles. Elle explique les raisons du double hommage international.

Victor Fotso, votre père, est décédé à Paris, le 19 mars dernier. La Fondation Fotso Maptué, dont vous êtes la présidente, lui rend un double hommage à Paris et à Bruxelles. Pourquoi ?
Le Patriarche Fotso est mort le 19 mars dernier à Paris. La pandémie et le contexte ont rendu des hommages difficiles. Nous lui devons de célébrer sa vie comme il l’aurait souhaité. Ceux qui ont réellement connu Victor Fotso savent qu’il avait le sens des valeurs et de l’Histoire. Il souhaitait que sa fin fasse non seulement parler de lui mais de Bandjoun, des Grassfields, du Cameroun et de l’Afrique. Il se voyait comme faisant partie de quelque chose de plus grand que lui, conscient qu’il avait réussi sa vie également parce qu’il avait été porté par ses ancêtres et notamment sa mère Maptué. Il a toujours pensé que son devoir était de montrer l’exemple et de permettre que les futures générations, les siens, aillent de l’avant. Les dernières obsèques qu’il a vu à la télévision furent celle du feu Président Chirac. Il avait été ému jusqu’aux larmes en se demandant si cela serait possible pour lui. Nous avons souhaité réaliser son dernier rêve.

Nous organisons ces hommages pour lui dire merci et surtout pour montrer sa dimension internationale. Le contenu sera plus important que le reste. Le Patriarche Fotso était flamboyant mais sa flamboyance n’était pas vulgaire car elle reposait sur les valeurs ancestrales des Grassfields, c’est pour cette raison qu’il était le Dernier Bamiléké, un trait d’union entre un passé pas suffisamment raconté, un présent angoissant et un avenir incertain qu’il faut rêver mais qui n’est pas possible sans histoire. L’Afrique doit se réconcilier avec son histoire et ces hommages sont notre contribution à notre devoir commun de savoir qui est aussi important que celui de mémoire. Nous ne souhaitons pas mettre l’accent sur les personnalités qui seront présentes parce que ce n’est pas le plus important et surtout ces hommages ne seront pas des moments pour s’afficher ou afficher. Il appartient à l’Etat camerounais, aux pays africains dans lesquels il a investi, à la France, le pays où il a fait tant de belles choses et ou il est mort, à ses amis, à ses pairs et à ceux qui l’ont côtoyé de témoigner et de participer en sachant que leur intimité sera préservée...

Nous respecterons le droit des personnalités et des anonymes de saluer la mémoire sobrement sans publicité. Les messes publiques le sont parce que notre choix est comme le Patriarche Fotso d’être inclusif et de permettre à tous ceux qui l’ont connu, admiré ou aimé de se joindre à nous en sachant qu’ils sont tous bienvenus. La covid-19 rend cela compliqué mais le but n’étant pas que le recueillement dans la sobriété, nous organisons ces hommages maintenant pour dire au Patriarche Fotso qu’il avait raison de toujours voir haut tout en mettant autant qu’il a pu l’accent sur la qualité et non la quantité. Avec raison, l’histoire est impitoyable avec ceux qui oublient leur passé et ne respectent les morts particulièrement lorsqu’ils ont construit en nous faisant avancer. La Fondation Fotso Maptué choisit d’être du bon côté de l’histoire qui se souviendra qu’un illettré de Bandjoun né indigène a eu droit aux mêmes honneurs qu’un président français.

Vous avez créé la Fondation Fotso Maptué pour les 90 ans de votre père, Victor Fotso. Quelles en sont les missions essentielles ?
La Fondation Fotso Maptué a vu le jour en avril 2016 et son objectif a toujours été non pas de tout faire mais de guider et d’assister en se centrant sur trois piliers l’entrepreneuriat, l’éducation et la culture en essayant autant que possible de mettre en avant les femmes. Nous allons continuer ce que nous avons commencé et ce que le Patriarche Fotso a fait en mettant au service notre expertise et justement en continuant de faire rayonner le nom Fotso dans le monde. Nous avons le privilège d’avoir un exemple tout en ayant accès à des outils qu’il n’avait pas donc on tâchera d’être plus efficient en travaillant avec les autres.

Victor Fotso était un homme multidimensionnel, qui transformait en or tout ce qu'il touchait. Comment allez-vous entretenir son héritage pour perpétuer sa mémoire ?
Nous sommes encore dans le temps du deuil et du recueillement. Heureusement, on ne perd son père qu’une fois dans une vie et lorsqu’il est un Patriarche, il faut prendre le temps de prendre le temps. Le Patriarche Fotso avait un rêve, nous le réalisons, la suite viendra plus tard, au bon moment et il est certain qu’il en aurait été fier puisque nous commencions par réaliser son dernier rêve qui montre qu’il est possible de naitre à Tséla, d’être illettré et cependant de bâtir un empire, de servir son pays, de mourir seul mais d’avoir droit à des honneurs majestueuses en France et en Belgique. Peu comme le Patriarche Fotso ont symbolisé l’excellence et la beauté africaines.

Lire aussi dans la rubrique SOCIETE

Les + récents

partenaire

Vidéo de la semaine

évènement

Vidéo


L'actualité en vidéo