Pourquoi la diaspora camerounaise résistante donne-t-elle l'assaut final sur elle-même ?
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Il y a de cela quelques années qu'une partie de la diaspora camerounaise s'est désignée diaspora résistante. Désignation de ralliement pour tous ceux de cette diaspora qui disent s'opposer au régime en place au Cameroun depuis 38 ans. Même si les sorties des rangs de certaines figures semblent plus une réorganisation stratégique qu'un abandon, on peut se poser certaines questions. Qu'est ce qui peut expliquer que des gens qui disent vouloir être des martyrs de la libération du Cameroun démissionnent à la moindre difficulté ? N'est-ce pas la preuve que ce sont leurs intérêts qu'ils poursuivent et non ceux du pays et des Camerounais ? Comment expliquer cette situation ? Ci-dessous quelques esquisses de réponses.

· Partage de postes virtuels : le pouvoir comme mangeoire et non comme un instrument de libération du Cameroun

Force est de constater que la diaspora camerounaise dite résistante affiche la libération du Cameroun comme objectif alors qu'elle caresse juste le rêve de prendre la place de ceux qui sont en place pour jouir des privilèges qui en découlent. La preuve en est que cette diaspora, sans un mot sur l'avenir du peuple, se déchire sur le partage des postes d'un pouvoir qu'elle n'a pas encore. Président, ministre, consul, ambassadeur... constituent quelques figures de comment se rêve demain cette diaspora après Biya. En d'autres termes, libérer le Cameroun se réduit à devenir président, consul, ministre, ambassadeur...

Le fait que cette dispute sur les postes ébranle l'union de la diaspora camerounaise dite résistante, montre que c'est cela sa motivation première et non la libération du Cameroun. Elle reste donc dans la conception du pouvoir comme une mangeoire, ce que le politologue Bayard appelle la politique du ventre.

· Le syndrome de l'opposition camerounaise.

La diaspora camerounaise dite résistante est une opposition au régime Biya. À ce titre, elle n'est qu'une extension extérieure, notamment occidentale, des tares de l'opposition camerounaise. De là le fait que savoir qui doit être le président de la diaspora camerounaise résistante, entraîne sa dislocation autant que trouver un candidat unique contre le régime au sein de l'opposition camerounaise. La guerre des chefs et des CV atteste finalement d'un combat égoïste et égocentrique où libérer le Cameroun est sacrifié sur l'autel des intérêts individuels et de gloire nombriliste. Comme chacun veut être le prochain Biya, alors tout le monde se neutralise en ouvrant ainsi la voie à ce que j'appelle dans un ouvrage le « Biyaïsme sans Biya ». Le Cameroun est un pays où on préfère le statut quo si on n'est pas le prochain big man aux commandes du bateau. Par conséquent, comme les partis politiques de l'opposition nationale les organisations de la diaspora camerounaise résistante ont aussi des présidents à vie. Égoïsme, individualisme et absence de démocratie dans ses propres organisations sont donc chroniques.

· L'absence de division du travail

Comme chaque individu de cette diaspora camerounaise résistante se rêve numéro 1, la division du travail est impossible. Ils sont tous des mandarins en puissance. Or, dans une lutte, il faut distinguer au moins deux processus conduits par des hommes et des femmes aux qualités différentes. Le processus de massification critique et d'harmonisation de l'opinion sur un régime est une affaire d'esprits et d'intellectuels. Et le processus de massification des actions de terrains contre le régime est du ressort de l'activisme. Les mandarins qui peuplent cette diaspora ne peuvent faire cette division du travail car ils veulent tous être le nouveau César.

· La défaite morale

In fine, il faut évoquer la défaite morale. Celle-ci est très souvent le fondement historique d'une défaite politique. Avoir été aux côtés des acteurs qui ont entraîné des milliers de morts en Afrique pour le pouvoir, n'est pas anodin. Une vieille bombe à fragmentation au sein de la diaspora camerounaise, à savoir le conflit ivoirien, la torpille de nouveau à cause du fait que celui qui y revendique le leadership a participé à la destruction de Laurent Gbagbo et à la lutte contre la révolution du balai citoyen au Burkina Faso. Se pose ici la question de l'opportunisme politique qui fait que certains se positionnent toujours du côté des vents favorables pour la conquête du pouvoir et jamais du côté de l'effort ingrat et parfois anonyme pour la liberté de l'Afrique et des Africains.

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