L'hypothèse d'une candidature de Paul Biya en 2025 soulève des interrogations majeures sur l'avenir politique du Cameroun. Après plus de quatre décennies au pouvoir, cette éventuelle reconduction pose la question fondamentale de la gouvernance moderne dans un contexte démocratique africain en mutation.

L'Invisibilité Présidentielle comme Style de Gouvernance

Le style de gouvernance actuel se caractérise par une absence présidentielle remarquée sur la scène publique nationale. Cette discrétion institutionnelle, perçue par certains observateurs comme une forme de règne silencieux, interroge sur l'efficacité de la conduite des affaires publiques dans un pays confronté à de multiples défis socio-économiques.

Cette approche présidentielle minimaliste génère des débats passionnés entre partisans d'une présence renforcée du chef de l'État et défenseurs d'une gouvernance déléguée. Les critiques pointent du doigt les risques d'une paralysie institutionnelle favorisant l'émergence de centres de pouvoir parallèles.

Le Débat Ethnique et l'Unité Nationale

Les analyses de certains observateurs comme Dieudonné Essomba soulignent la complexité ethnique du Cameroun comme obstacle à l'alternance politique. Cette vision déterministe suggère que la diversité culturelle camerounaise constituerait un frein naturel à la formation de coalitions politiques viables.

Cependant, l'histoire politique camerounaise offre des contre-exemples significatifs. L'Union des Populations du Cameroun (UPC) transcendait les clivages ethniques, tout comme le mouvement de John Fru Ndi en 1992 qui mobilisait au-delà des appartenances communautaires. Ces précédents démontrent la capacité du peuple camerounais à dépasser les divisions tribales pour embrasser des projets politiques fédérateurs.

Vers une Nouvelle Conscience Politique

Le défi contemporain du Cameroun réside dans sa capacité à construire une conscience collective moderne, dépassant les réflexes identitaires pour privilégier les enjeux de développement et de gouvernance. Cette évolution nécessite une élite politique capable de proposer des alternatives crédibles transcendant les clivages traditionnels.

L'avenir politique camerounais dépendra de la capacité des acteurs politiques à mobiliser les citoyens autour de projets de société inclusifs, dépassant les logiques clientélistes et communautaires qui ont longtemps structuré le paysage politique national.