MARCHÉS DE YAOUNDÉ : Insouciants Capharnaüms
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Dans les grands espaces commerciaux de la capitale, l’ordre du confinement n’est pas du tout visible.

C’est dit avec un brin de moquerie assumée ce 18 avril 2020 au marché Mvog-Mbi, dans le 4e arrondissement de Yaoundé. «Pas possible ! un virus ferme le marché avant 16 heures !» La phrase témoigne d’une capacité des commerçants à se reconstruire un monde parallèle, taillé à la mesure de leur ambition de vendre à tout prix. Ce matin, au secteur des vivres frais, l’ambiance trace une ligne de fuite impressionnante.

«Avez-vous entendu que le coronavirus a tué qui ici pour fermer le marché?», interroge une vendeuse. Sa réaction n’a rien de tragique. Au contraire elle est animée par une sorte de joie salutaire et bienfaisante: «Merci parce que le marché passe vite». Chez ceux qui étalent leurs marchandises à même le sol, l’on poursuit imperturbablement les activités. Les échanges continuent à se faire sans la moindre précaution.

Quelques commerçants ayant pris conscience du mal ont pu acheter des masques. Mais là encore, le soleil les décourage à les utiliser. Il fait si chaud que les porter le plus longtemps possible relève d’une gageure. «J’ai acheté un masque et des gants pour me protéger et protéger les clients. On ne sait pas qui a la maladie. Mais le soleil fait que ça chauffe trop. Mes mains cuisent dans les gants. Voilà pourquoi je les ai retiré», explique une vendeuse de légumes.

Au lieu-dit «Petit marché Emombo», toujours dans le 4e arrondissement, plusieurs minutes après l’heure officielle de fermeture des marchés, c’est encore la cohue dans un «club matango» niché à l’arrière.

Des clients y twistent comme de beaux diables. L’un d’eux raconte vouloir «boire le dernier verre avant la fin du monde». Ici, les bouteilles se vident, les verres se mélangent, les mains s'effleurent. Éclats de rire, éclats de voix, sourires… Malgré les mesures de distanciation sociale, des mécanismes d’aveuglements collectifs sur la pandémie du covid-19 semblent avoir vu le jour. «Le matango tue le coronavirus ! Plus tu bois ça, plus tu n’as pas de problème. C’est pour ça que nous sommes assis côte-à-côte», affirme un homme visiblement largué par la dose d’alcool.

Au marché 8e (Yaoundé II), le premier réflexe observé chez quelques commerçants est de défendre et de proclamer la liberté. Tandis que la pandémie de coronavirus progresse inexorablement, cet espace marchand s’est scindé en en deux mondes parallèles : celui des boutiques qui ferment à 16 heures et celui du commerce «Ho Ha». Selon Patrick, un habitué des lieux, l’expression désigne la catégorie de commerçants va-t-en-guerre.

«La présence des policiers ne leur dit rien», dénonce-t-il, mettant en relief plusieurs drames de corruption qui se nouent chaque jour ici. Or selon les autorités publiques, le nettoyage quotidien des marchés s’opère entre 7h et 9h pour la phase matinale et 16h-18h pour la phase de fin de journée. L’ouverture des marchés au grand public est supposée se faire dès 7h jusqu’à 16h. Entre 18h et 5 h le marché doit en principe rester fermé.

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