COVID-19 au Cameroun : le peuple sacrifié à l’autel d’une oligarchie de fonctionnaires
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COVID-19 au Cameroun : le peuple sacrifié à l’autel d’une oligarchie de fonctionnaires :: CAMEROON

Alors que le « COVID-19 » déploie inexorablement ses tentacules mortifères, la polémique sur l’évanescence du commandant en chef a quelque chose de surréaliste, tant elle témoigne de l’état de décrépitude absolue auquel est parvenu ce pays.

Point la peine de s’attarder sur l’argumentaire des uns et des autres ; l’ampleur des sacrifices à consentir par la nation pour repousser ce péril suffit largement à donner à la parole présidentielle son caractère impératif. Il convient plutôt de procéder à une sommaire description de la configuration du tissu socio-économique du Cameroun avant de souligner les conséquences induites sur la riposte contre l’horrible pandémie qui menace les populations. Notons que cette analyse est aisément reproductible dans la plupart des régimes autocratiques d’Afrique et d’ailleurs.

S’agissant du tissu socio-économique, peuplé par environ vingt-cinq millions d’habitants, le Cameroun entretient quasiment deux cent cinquante mille fonctionnaires. Soit pratiquement un pour cent de la population qui prélève entre quatre-vingt et cent milliards de franc CFA au titre de salaires et divers traitements des administrations publiques. Pour un poids annuel de plus ou moins mille deux cent milliards de franc CFA, ces privilégiés captent plus de la moitié du budget de l’Etat hors concours extérieurs. L’essentiel du solde restant étant affecté à la charge du service de la dette, autant dire que les quatre-vingt-dix-neuf pour cent de la population demeurent peu concernés par le partage de la rente étatique. Pour sanctuariser cette charge, la loi portant régime financier de l’Etat stipule qu’il s’agit d’une dépense impérative toutes affaires cessantes. Rapporté à l’impact économique d’une éventuelle riposte sérieuse à la pandémie, le caractère incompressible de cette dépense est justement un facteur limitant.

Au bout de tous les tâtonnements, le confinement général de la population apparaît l’unique solution pertinente. Son coût prohibitif conduit les décideurs du Cameroun ou d’ailleurs à repousser l’échéance. Pour combien de temps ? A-t on envie d’affirmer. Autant s’infliger rapidement la douloureuse pour conjurer le péril plutôt que d’étaler indéfiniment la descente aux enfers.

En prenant l’hypothèse d’une ration journalière d’une valeur de cinq cent franc CFA soit environ  un dollar par tête, confiner la population camerounaise toute en lui garantissant un minimum vital, aurait un impact budgétaire d’environ douze milliards et demi par jour, trois cent soixante et quinze milliards le mois soit sept cent cinquante milliards pour deux mois, durée probable d’efficacité d’un confinement. En plus des coûts logistiques il faudrait prévoir huit cent milliards de franc CFA. Une telle mobilisation financière n’est possible que sous réserve d’un leadership innovant. Espérer les recevoir d’une aide extérieur est parfaitement chimérique. En revanche, sursoir pendant trois mois à la masse salariale des un pour cent des privilégiés permettrait de dégager chaque mois une centaine de milliards et trois cent au bout de trois mois. Le solde de cinq cent milliards peut être mobilisé en préemptant les dividendes des deux cent cinquante plus gros contribuables personnes morales.

Quitte à reconvertir ces sommes en emprunts obligataires dès la première session budgétaire après la crise. Précisons que cette suspension temporaire des salaires ne sera d’aucun préjudice particulier dans la mesure où elle s’accompagnera de dispositions accessoires tels que le rééchelonnement d’éventuelles traites, les loyers… En tout état de cause la puissance publique sera à mesure de réquisitionner l’ensemble des vivres disponibles sur le territoire, et en importer pour organiser une distribution par des forces de l’ordre bien encadrées ; tandis que les personnels de santé mieux équipés structureront une riposte sanitaire crédible.

Aussi bien au Cameroun que partout en Afrique, cet augure semble peu probable. Cela tient essentiellement à la très faible légitimité des régimes autocratiques en place. De fait le pouvoir ne se maintient en place que grâce à la violence exercée par cette oligarchie sur le corps social. Violence physique, violence symbolique. Relais de la propagande conservatrice, agents d’influence pour l’orientation des votes et le bourrage des urnes etc ; plutôt que de servir les masses, la fonction publique n’est jamais qu’un instrument d’asservissement d’un peuple sous éduqué. Symétriquement, consciente de faire le roi, elle en fait son otage.

Aussi inviter une fonction publique « concentré de tous les fléaux » de la nation à une telle générosité républicaine revient littéralement à s’auto saborder. Le monarque préfère s’accommoder d’une situation ubuesque dans laquelle, quatre-vingt-dix-neuf pour cent de la population (pays réel) corvéable erre à longueur de journée au risque de contamination juste pour subventionner le confinement d’une minorité  (pays légal). Comble du tragique le gouvernement camerounais peine même à prendre des mesures fiscales d’accompagnement ; surtout pas grever la manne !

Faute de leadership sérieux, surgissent de partout toutes sortes d’initiatives ; soit individuelles, soit d’appareils politiques. Celle du mouvement pour la renaissance du Cameroun apparaît actuellement la plus déterminante bien que mr Maurice KAMTO fasse l’objet du tir groupé de ceux-là qui ne font jamais rien si ce n’est pour leur nombril. Son vrai crime est de rompre la conspiration du silence de cette oligarchie parasite ; très prompte à psalmodier des prêches patriotiques mais si peu disposée au moindre rognage de ses avantages. Le MRC ayant fait ces dernières années ses preuves dans l’organisation de la solidarité envers ses membres en difficulté ou encore vis-à-vis de nos compatriotes anglophones, reste en désespoir de cause à souhaiter plein succès à cet effort pour le grand soulagement de nos populations abandonnées.

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