Les « coupeurs de route » de Kekem snobent le juge à Bafang
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Ils opéraient à bord d’un véhicule. Les passagers qu’ils embarquaient étaient violentés et dépouillés de leurs biens. Ils ne comparaissent pas alors que leur procès est ouvert.

Pendant quelques mois, le tronçon Kekem-Melong-Bafoussam a pris les allures d’une «route de la mort». Et pour cause, un gang de braqueurs y sévissait. Les malfrats opéraient à bord d’une voiture notamment une «Toyota carina». Ils portaient les passagers dans leur véhicule avant de les dépouiller de leurs biens. Les victimes étaient tenues en respect avec des couteaux, parfois elles étaient violentées. Les cibles préférées étaient la gent féminine. Par un coup de chance, les auteurs présumés de ce forfait ont été interpelés. Les faits déplorés sont en effet mis sur le dos de Norbert Sonka, Flaubert Pajip, Vivian Meh Njacha et Lydie Wontcheu Touko. Les concernés sont traduits devant le Tribunal de première instance (TPI) de Bafang. Ils répondent des supposés faits de vol et d’escroquerie et comparaissent curieusement libres.

Les plaignantes sont quatre dames : Michelle Sandrine Hako Guejui, enseignante au lycée de Bafang, les commerçantes Charlotte Mandja Mouluem, Anne Kejolapoue et Diane Anita Yoppa. Le 20 janvier dernier, le juge en charge de l’examen public de ce dossier a ouvert les débats avec l’interrogatoire de deux plaignantes. Les accusés ont répondu aux abonnés absents lors de cette audience. Charlotte Mandja Mouluem réside à Melong. Elle raconte que dans la soirée du 19 juin 2019, elle voulait se rendre à Foumban, au chevet de sa soeur malade. Sous une pluie battante, elle a donc emprunté un véhicule à bord duquel se trouvait outre le chauffeur, quatre passagers. Les occupants du véhicule l’ont bien accueilli avec une causerie. Ce qui l’a rassurée. «Un homme costaud assis devant disait qu’il est un homme en tenue, une dame assise à côté de moi disait qu’elle travaille à la Sonel.»

Seulement, en cours de trajet, le chauffeur a bizarrement changé d’itinéraire en faisant demi-tour. «La commerçante a pointé le couteau sur moi. Le chauffeur m’a dit de fermer la bouche, de ne surtout pas chercher à me défendre. Ils m’ont pris 4,5 millions de francs et m’ont projeté hors de la voiture.» La dame indique : «je me suis blessée partout. Le lendemain, j’ai déposé une plainte contre inconnu».

Coup de chance

Un mois plus tard, alors qu’elle se rendait à Foumban avec son mari cette fois dans leur véhicule. Un problème de chauffage les a poussés à garer. Elle est restée surveiller la voiture pendant que son mari cherchait de l’eau. Coup de chance, la voiture de ses agresseurs est passée. «Celui qui était costaud m’a reconnu puis a tenté de cacher son visage. J’ai relevé le numéro d’immatriculation du véhicule. Ce qui m’a permis de compléter ma plainte.» Le 8 novembre 2019, alors que son mari allait au champ en compagnie de ses ouvriers, il a reconnu l’immatriculation du véhicule à Kekem. Avec l’aide de la population, il a fait interpeller les occupants du véhicule. Le portail des camerounais de Belgique(@camer.be) Sur les cinq personnes interpellées ce jour-là, quatre faisaient partir de ses agresseurs. Comme pièces à conviction, elle a versé un certificat médico-légale dressé le 10 juillet 2019 à l’Hôpital de district de Melong. « Vous avez été agressé en juin mais c’est un mois plus tard que vous avez fait un certificat médico-légal », interroge le juge. «Il y avait rupture d’imprimés dans les hôpitaux de Melong, Kekem et Nkongsamba», répond la dame.

Pour sa part, Anne Kejolapoue commerçante à Kekem déclare qu’elle se rendait aux obsèques de son cousin à Mbouda. Elle a emprunté la voiture querellée avant d’être dépouillée des 450 mille francs gardés dans son porte-monnaie. «Ils ont tout pris. Même 100 francs ils n’ont pas laissé. Ils m’ont balancé dans un ravin. C’est une grosse pierre qui m’a callé.» La dame raconte que c’est grâce à l’aide des passants qu’elle a pu avoir de quoi payer le transport pour rentrer... Elle indique que son mari n’a pas cru à l’histoire puis l’a mise à la porte. «Mon mari disait que j’ai donné l’argent à mes chauds.» Elle a trouvé refuge chez sa soeur.

Lorsqu’elle a appris l’interpellation des mis en cause, elle s’est rendue à la brigade de gendarmerie de Kekem s’enquérir de la situation. «Quand je regarde, je vois ; ce sont les mêmes gens qui m'ont agressés.» «Vous avez 450 mille francs, vous prenez une voiture qui a cinq personnes pourquoi ?», interroge le tribunal. « J’allais faire comment. J’allais à un deuil. Je devais faire des achats», répond Mme Kejolapoue. L’audience reprend le 17 février prochain. Le déballage se déroule en l’absence des mis en cause.

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