Affaire Maurice Kamto et autres : le procès de la honte
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Le président du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun et ses alliés sont attendus au Tribunal militaire ce jour. Ils sont jugés pour insurrection, hostilité contre la patrie, rébellion, etc. et risquent jusqu’à la peine de mort.

C’est finalement devant le Tribunal militaire que comparaîtra, dès aujourd’hui, Maurice Kamto et ses 91 coaccusés. C’est ce qu’on le sait depuis que la cour d’appel du Centre a, de façon curieuse, rejeté le recours des avocats de Maurice Kamto et ses coaccusés, qui font savoir que le procès d’un civil devant un tribunal militaire n’est ni conforme à la Constitution du Cameroun ni aux engagements internationaux de l'État camerounais. L’ouverture du procès, ce jour, est fort attendue. Mais encore faudra-t-il que Maurice Kamto et ses coaccusés se rendent devant le Tribunal militaire. Ils continuent certes de contester le fait qu’ils, des civils, soient jugés par un Tribunal militaire, mais sont prêts à aller devant la barre.

« En contestant la compétence du Tribunal militaire à juger les civils que nous sommes, nous voulons que force reste au droit et que la notion d’état de droit ait un sens dans notre pays. Pour le reste, nous sommes prêts à faire face à la justice pour que la vérité éclate dans cette affaire. Plus précisément, sous réserve de la décision finale sur cette question de la compétence de votre Tribunal à juger les civils, nous sommes prêts à comparaître devant votre juridiction », indiquaient-ils dans une correspondance adressée lundi à la présidente du Tribunal militaire de Yaoundé. Maurice Kamto, Christian Penda Ekoka, Paul Eric Kingue, Albert Dzongang et autres posent toutefois, dans cette même correspondance signée le 02 septembre2019, une condition à leur présence au Tribunal militaire: un procès ouvert au grand public.

« La justice étant rendue au nom du peuple camerounais, outre le traditionnel « public» composé de militaires et d’autres éléments de forces de sécurité expressément réquisitionnés pour empêcher les citoyens d’être présents dans la salle d’audience, nous attachons le plus grand prix au libre accès du vrai public dans la salle d’audience durant toute la durée du procès, ainsi que l’autorisation d’accès à la salle d’audience des médias publics et privés, nationaux et internationaux »,écrivent-ils.

Audience publique

Des acteurs de la société civile, réunis mercredi à Douala ont également exigé un procès public. « Il est essentiel que les Camerounais se mobilisent pour assister en masse à ce procès, afin d'assurer la transparence du système judiciaire », ont-ils déclaré. « Le 06 septembre, nous allons assister à un match où d’un côté on aura Kamto et son groupe et de l'autre côté, on aura Biya, la cour suprême,le tribunal militaire, les juges... »,affirme Alice Nkom. L’avocate et militante des droits de l’homme doute cependant de l’indépendance de la justice dans cette procédure: « Je ne serai pas surprise que le tribunal militaire condamne à mort, les Kamto et les autres.

La séparation des pouvoir est étranglée et c’est la loi des galons qui est exécutée dans ce procès. Les Kamto sont déjà jugés à l'avance. Les décisions qui vont découler ont déjà été prises » Une posture que partage Kah Walla. « Nous savons que le Droit ne sera pas dit dans le procès de Maurice Kamto. Si la loi est appliquée, on sera obligé de libérer tous ces militants du MRC qui sont en prison illégalement », dit la présidente du Cameroon’s People Party (Cpp). Les accusés, eux-mêmes, vont à ce procès convaincus de leur bon droit et surtout déterminés à afficher une fois de plus aug rand jour les compromissions de lajustice camerounaise. Les sept mois passés en détention n’ont pas douché l’enthousiasme de ces détenus politiques.

«M.Kamto est gonflé à bloc», a affirmé Olivier Bibou Nissack, son porte-parole. Christian Penda Ekoka, l’un des coaccusés de Maurice Kamto,a écrit aux membres du mouvement Agir dont il est le président. Il rappelle la violation permanente des droits qu’ils ont subie depuis leur arrestation et ne s’étonne pas de cet état de choses. « Pouvons-nous attendre la justice d'un État de non droit? Dois-je oublier que la construction d'un véritable état de droit fait partie de l'objet de notre lutte?», s’interroge l’ancien conseiller à la présidence de la République.

La lettre du Christian Penda Ekoka traduit surtout son état d’esprit au moment où s’ouvre le procès: « Je vais donc à ce procès le cœur léger, la tête haute, conscient de la justesse de mon combat pour la liberté et la dignité de mes compatriotes, en particulier les jeunes et les générations futures. Quel que soit le résultat, j'ai fait mienne la devise du samouraï: "La mort est plus légère que la feuille du rosier". En d'autres termes, il vaut mieux mourir libre, comme je l'ai toujours été, que de vivre dans l'aliénation de ma liberté et de ma dignité. Ne reportez pas sur vos enfants, les luttes de votre temps ».

Maurice Kamto, Christian Penda Ekoka, Albert Dzongang et plus de 100 autres personnes ont été arrêtés au domicile d’Albert Dzongang à Douala le 28 janvier 2019. Deux jours plutôt, le 26 janvier, ils avaient participé à une marche pacifique organisée dans le cadre de la campagne nationale de résistance initiée par le Mrc et ses alliés au lendemain de l’élection présidentielle d’octobre 2018. D’autres personnes ont été arrêtées à Yaoundé, Bafoussam, Douala, Bafang et Dschang. Les autorités de Yaoundé sont restées depuis lors sourdes à tous les appels à la libération de ces hommes politiques, aussi bien au Cameroun qu’à l’étranger.

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