HOMICIDE : Un prisonnier poignarde à mort son codétenu à Kondengui
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Un détenu s’est servi d’un couteau de cuisine pour écourter la vie de son codétenu. Renvoyé en jugement pour assassinat, il se cache derrière une prétendue provocation du défunt.

La prison de Kondengui a tout d’une jungle. Charles Nakongo n’est plus de ce monde. Il a trouvé la mort pendant sa détention provisoire à la prison centrale de Yaoundé-Kondengui. C’est son codétenu Éric Kombe alias Van Dame qui a abrégé son séjour sur terre en le poignardant mortellement dans la nuit du 24 au 25 octobre 2014. L’info claire et nette. Le bourreau qui purge déjà une condamnation de dix ans d’emprisonnement écopée dans une autre procédure judiciaire, répond cette fois des supposés faits d’assassinat devant le Tribunal de grande (TGI) du Mfoundi. Si le mis en cause reconnait avoir flanqué au défunt trois coups de poignard à l’abdomen et au bras droit, il dit avoir réagir à la provocation de la victime. Le verdict tombe le 16 août 2019.

Les débats publics autour de l’affaire ont eu lieu le 19 juillet dernier. En présentant les faits au centre du procès, le représentant du parquet a déclaré que feu Nakongo vendait dans une échoppe à l’intérieur du pénitencier de Kondengui, et vendait « du whisky en sachet, des cigarettes », entre autres. Le propriétaire de la boutique était l’accusé. Les deux gens se sont brouillés à cause de manquants sur la marchandise. La nuit du drame, l’accusé avait profité du sommeil de la victime pour l’achever avec un poignard. Évacué à l’hôpital central de Yaoundé, M. Nakongo a succombé à ses blessures à l’âge de 23 ans.

Pour sa part, M. Kombe prétend que le défunt était sorti de prison, mais était revenu deux semaines plus tard pour un autre forfait. Peu avant l’incident, le défunt l’avait surpris dans son sommeil en lui demandant de se méfier, car « un homme en guerre ne dort pas !». Depuis ce temps, il était sur ses gardes. La nuit des faits, aux environs de 1h du matin, la victime l’a violemment agressé avec une fourchette en le blessant au bras. « J’ai sursauté. Je l’ai poursuivi dehors. Je l’ai rattrapé avec un couteau. Je l’ai poignardé à l’abdomen puis au bras. Il est tombé. Le sang coulait beaucoup. Quand j’ai voulu l’amener à l’infirmerie, les gardiens m’en ont empêché. On m’a jeté en cellule ». Plus loin, le tribunal a demandé à l’accusé pourquoi il n’a pas pris la fourchette pour réagir à la prétendue agression. « Je sortais du sommeil », répond M. Kombe .

Témoins de la scène

Pour confondre l’accusé, le magistrat du parquet s’est appuyé sur le témoignage de David Zete et Roméo Safabot, deux détenus qui ont assisté à la scène macabre. De fait, M. Safabat, qui occupait les fonctions de « chef du quartier » où étaient écroués les protagonistes à l’époque des faits, avait révélé aux enquêteurs que l’accusé avait l’habitude de violenter le défunt après l’avoir déshabillé. M. Idriss Zete a quant à lui déclaré que le jour des faits, M. Kombe avait remis son « mandat » (matelas) prétextant vouloir faire le ménage, pourtant une manière pour lui de préparer le terrain. Il a conclu en faisant constater qu’aucun des témoins ne dit qu’il y a eu une bagarre entre l’accusé et la victime. De plus, M. Nakongo ne rapporte pas la preuve des blessures que le défunt lui aurait causées.

En présentant son réquisitoire, le magistrat du parquet s’est voulu sans pitié contre l’accusé. « Est-ce que de simples menaces peuvent justifier qu’on attente à la vie de quelqu’un ?». « Il n’y a pas de légitime défense, car il ne s’est pas référé aux autorités de la prison pour se plaindre ». Et d’ajouter, «la fourchette n’a jamais existé. Elle n’existe que dans son esprit. Mais le couteau du crime est scellé. Il y a peut-être eu altercation, mais pas de bagarre ». Il n’a pas hésité de faire allusion au physique de l’accusé disant que le rapport de force était en sa faveur, car feu Nakongo était de petit gabarit. Il a suggéré au tribunal de condamner sévèrement l’accusé. A l’opposé, l’avocat de l’accusé a plaidé la requalification des faits au centre du procès. Il s’est longuement évertué à faire la différence entre le meurtre et l’assassinat. Avant de balancer : « C’est parce qu’il y a eu provocation qu’il a réagi, mais n’avait pas l’intention de tuer », a-t-il affirmé suggérant au tribunal de requalifier les faits querellés en ceux d’homicide involontaire. Un délit. Verdict attendu ce 16 août.

Dans une autre affaire, les ayants droits de feu Samuel Baye traînent l’Etat du Cameroun devant le Tribunal administratif du Centre. Ils déplorent la disparition brutale de leur « fils » décédé en détention provisoire à la prison de Kondengui à l’âge de 25 ans le 20 juin 2015, des suites d’un coup de poignard. Le forfait est imputé à Cyrille Noah, « un grand bandit » qui y purgeait sa peine pour assassinat. Les plaignants s’insurgent contre la supposée négligence dont l’administration pénitentiaire s’est rendue coupable en ne procédant pas à de fouilles permanentes pour débusquer les objets interdits, et surtout en plaçant dans le même cachot les prévenus de délits avec les condamnés pour crimes. La famille exige 500 millions de francs au titre de dommages intérêts. Le tribunal s’est déclaré compétent pour connaître de l’affaire. Jugement à venir.

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