Pratiques de la communication politique en francophonie
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L’émergence de Europe Ecologie Les Verts (EELV) dans le paysage politique français à l’issue du scrutin européen en tant que leader de facto et espoir d’alternance pour l’opposition de gauche semble avoir bouleversé le champ politique hexagonal, au point que le mot à la mode et communément entendu dans des pays tels que le Cameroun où le leader de l’opposition a été qualifié d’homme «pressé» et de «gourmand» a refait surface en France à propos du dirigeant d’EELV, Yannick Jadot, notamment dans les médias français, à l’instar de Radio France Culture.

Il est bien connu que le gouvernement camerounais utilise les mêmes agences de communication que beaucoup d’hommes politiques français; et le fait que ce qu’on appelle les « éléments de langage » soient les mêmes ne devrait pas surprendre. De plus, ils sont liés sur les hanches par la même histoire coloniale.

Ainsi, ce type de narration politique s’allie à une version officielle de l’histoire politique où l’opposition est à peine tolérée et jamais perçue dans une logique de contribution comme dans le système politique britannique et anglosaxon en général. Par conséquent, la France et le Cameroun adhèrent de manière similaire à une stratégie consistant à faire taire les critiques au pouvoir officiel et à toujours relativiser ou nier les victoires de l’opposition.

De plus, on y retrouve le même traitement et la même répression des forces de l’opposition, dont la brutalité avec laquelle Macron et Biya ont démontré respectivement avec les gilets jaunes d’un côté, et l’opposition légitime camerounaise incarnée par le Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC) du Professeur sequestré Maurice Kamto de l’autre, totalement criminalisée dans ce second cas et dépeint comme auteur d’une soi-disant «insurrection».

Au fond, en pratique, les deux pays ont besoin de guérison civique.

En effet jusqu’à présent, ce sont des endroits où les gouvernements respectifs doivent apprendre à éviter le mépris, à surveiller les préjuges, à se méfier de la désinhibition des foules (y compris les foules dans les médias sociaux) et à ne jamais déshumaniser les opposants idéologiques, en particulier à travers le «complexe industriel de production d’outrage manufactures». – des informations sur le câble, les médias sociaux et le divertissement – qui nourrissent cette hostilité mutuelle et répandent généreusement de la haine pour se faire de l’argent.

Pour le reste d’entre nous, ce régime de dédain est comme un acide qui ronge les liens de la communauté. La plupart du temps, la conviction que ses propres points de vue reposent sur la bienveillance, alors que les positions de ses adversaires découlent de la haine, rendant toute forme de résolution politique impossible. Nous devenons dépendants du mépris politique tout en nous saoulant de Kool Aid de toutes sortes d’idéologues.

C’est précisément là que nos pays perdent l’art de se comprendre, perdant leur capacité de citoyenneté. Même les personnes instruites sont de plus en plus incapables et peu disposées à faire la distinction entre une information fausse et réelle, devenant une communauté qui ne peut se comprendre qu’à travers une simple circulation de chiffres. Le narcissisme et l’indignation y deviennent les techniques dominantes de la définition de soi.

Ce dont nous avons besoin, c’est d’une sphère publique ouverte et productive, puis d’un débat animé sur des questions de fond ; plutôt que d’une constante manipulation cynique de politiciens véreux qui parlent au nom ou en se réclamant de la démocratie, mais sont eux-mêmes en réalité des tyrans qui s’ignorent.

Olivier J. Tchouaffe, PhD, Porte-parole du CL2P

Comité de Libération des Prisonniers Politiques

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