Livre, Enoh Meyomesse; LA CONSPIRATION AU CŒUR DU POUVOIR…
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Comment se passe la conspiration autour du Président de la République ? Quel est le mode opératoire des « dauphins » auto-proclamés ? Comment entendent-ils prendre le pouvoir ? Ce livre tente de répondre à ces questions de la plus grande importance à travers le cas de l’un des « dauphins » tout récemment écroué à grand fracas à Kondengui.


Si dans les rangs de l’opposition, l’esprit est à la conquête du pouvoir par les urnes, une insurrection populaire ou une intervention militaire internationale, dans ceux de la majorité, les personnes rêvent d’une dévolution du pouvoir comme entre le Président Ahidjo et le Président Biya, soit alors d’un coup de force et n’hésitent pas pour cela à soutenir l’air de rien toute la pagaille qui secoue le pays actuellement, dans l’espoir qu’ils en sortiront grands gagnants.

On se retrouve ainsi avec des membres éminents du gouvernement en connexion avec les sécessionnistes, et d’autres qui ne désirent guère voir la paix revenir sans passer par un « dialogue inclusif » au cours duquel des postes seront répartis aux « dialoguistes » comme en RDC qui s’était retrouvée avec quatre vice-présidents de la République, un pour chaque groupe armé, ou comme en Côte d’’Ivoire ou Guillaume Soro était devenu Premier ministre, et Laurent Gbagbo a été évincé du pouvoir puis déporté à la Cour Pénale Internationale.

Pour tout dire, le pouvoir de Yaoundé est en proie depuis plusieurs années déjà à une gigantesque conspiration de l’intérieur, ses membres manœuvrant pour une succession qu’ils pressentent imminente, mais en même temps qui tarde à se réaliser...


Chapitre I :

Le pouvoir par legs : le mal camerounais.

L’histoire politique du Cameroun, de 1954, date de formation de ce qui pourrait apparaître comme le tout premier gouvernement camerounais à Buea, à nos jours, a abouti à une tradition d’accession au pouvoir par succession, à la manière de chefferies traditionnelles et non par élection.

Pourtant, tout avait commencé différemment. Le premier Camerounais à être parvenu au pouvoir dans notre pays a été Emmanuel Endeley. Son parti a remporté les législatives de 1954, et il a été investi « Chef des Affaires Gouvernementales », une sorte de Premier ministre sans l’appellation. C’est quatre années plus tard, au mois de mai 1958, à l’issue de nouvelles élections législatives, qu’il en obtiendra le titre.

Le second Camerounais à être parvenu au pouvoir dans notre pays a été André-Marie Mbida. Il a été élu député lors du scrutin du 23 décembre 1956 pour l’Assemblée Territoriale du Cameroun, ATCAM, destinée à adopter le statut du Cameroun sous administration française, à savoir une sorte de pré-constitution au sein de l’ensemble politique franco-africain que constituait l’Union Française. Il a été désigné Premier ministre par Pierre Messmer, et investi par l’ALCAM, Assemblée Législatives du Cameroun, le 15 mai 1958.

Le troisième Camerounais à avoir accédé au pouvoir dans notre pays, a été Ahmadou Ahidjo. C’était le 18 février 1958, après le coup d’Etat en règle ourdi par le haut-commissaire Jean Ramadier en sa faveur, qui avait remplacé à ce poste Pierre Messmer.

Le quatrième Camerounais à être parvenu au pouvoir dans notre pays, a été John Ngu Foncha. Il a remporté les législatives du mois de février 1959 au Cameroun méridional, face à Emmanuel Endeley.

Quatre premiers dirigeants, trois élus, et un « désigné », c’est-à-dire, sans être passé par une élection.

Malheureusement, c’est cette pratique qui deviendra la coutume au Cameroun, et qui se reproduira vingt-quatre années plus tard, au moment du départ du pouvoir du président Ahidjo. Elle a profondément influencé la pensée politique nationale au point où actuellement, seul un nombre extrêmement réduit de Camerounais s’attend à ce que le successeur du président Biya soit issu des urnes, c’est-à-dire, d’une élection. L’écrasante majorité de la population est acquise au fait que, le troisième président camerounais sera désigné par le président sortant, tout comme Ahmadou Ahidjo l’avait, selon le discours officiel, fait en 1982 pour Paul Biya.

En conformité à cette logique du pouvoir par dévolution, et non par élection, la question du dauphinat qui agite la classe politique nationale depuis déjà plusieurs années a vu le jour. Elle empoisonne considérablement actuellement la vie politique nationale.


Chapitre VIII :

La dangerosité de postuler au pouvoir lorsqu’on est une « créature » de Paul Biya

A bien y regarder, on a l’impression que le Président Biya est cent fois plus intraitable avec les gens qu’il a politiquement « créés », pour reprendre les célèbres paroles de l’un de ses adulateurs craintifs et zélés, qu’avec ceux qui l’abreuvent continuellement d’injures sans jamais avoir bénéficié de ses largesses. Combien de ses anciens ministres, totalement inconnus avant leur nomination, se sont retrouvés à Kondengui pour avoir lorgné le pouvoir, alors que dans le même temps, nul de ceux qui perdent d’un scrutin à l’autre les élections depuis 1992 n’est inquiété ? La liste est longue.

Bien mieux, le Président de la République vole même au secours de ces loosers-là, lorsqu’ils se retrouvent en difficultés. Il leur alloue régulièrement de fortes sommes d’argent, soit pour leurs soins, soit pour leurs deuils. En clair, ils ne lui inspirent aucune crainte. Il n’a que mépris et condescendance pour eux.

Nous nous retrouvons, face à cette situation, devant sa gestion singulière du pouvoir, à savoir, le soutien à des opposants, pour empêcher l’accession de l’opposition au pouvoir. On se serait par exemple attendu à ce qu’il dissolve le MRC au lendemain des casses dans les ambassades à l’étranger, que non. Le MRC lui est d’une très grande utilité pour d’un côté affaiblir le SDF, et de l’autre effrayer son électorat avec l’inquiétant discours que développent ses membres, et par voie de conséquence le maintenir au pouvoir. Il se réjouit considérablement de l’avènement de ce parti.

De même, jadis le SDF lui fut d’une très grande utilité pour affaiblir l’UNDP qui fut sa véritable menace lors des législatives du 1er mars 1992.

Il est ainsi possible de penser que sa véritable crainte proviendrait plutôt de ses anciens collaborateurs, mais pas de l’opposition classique, non pas que ceux-ci révéleraient quelques secrets jalousement gardés, mais peut-être parce qu’ils ne peuvent avoir pour vivier électoral que les troupes du RDPC, c’est-à-dire les siennes. Il ne craint pas de ce fait les John Fru Ndi et compagnie, mais bien au contraire, il s’en sert, se réjouit considérablement de leur existence et de leurs extravagances. Certains qualifieront cela de cynisme politique, d’autres de réalisme, tout simplement.


Avant-propos

  • Chapitre I :
  • Le pouvoir par legs : le mal camerounais
  • Chapitre II :
  • L’administration publique : machine politique à conquérir pour Etoudi
  • Chapitre III :
  • SSGPR, MINAT, MINDEF : positions idéales et stratégiques pour la conquête du pouvoir
  • Chapitre IV :
  • Liquidation impitoyable des rivaux : l’exemple d’Edzoa Titus
  • Chapitre V :
  • Le cas spécifique de « zéro-zéro-un super dauphin » en route pour Etoudi
  • Chapitre VI :
  • Renverser Paul Biya ou attendre sa disparition pour agir : le cœur balance
  • Chapitre VII :
  • L’impair fatal : soutien de « zéro-zéro-un » aux Sécessionnistes
  • Chapitre VIII :
  • La dangerosité de postuler au pouvoir lorsqu’on est une « créature » de Paul Biya

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