Paul Biya : Déjà plus de 200 jours sans sortir du pays
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Les observateurs assidus de la scène politique camerounaise se sont-ils rendus compte que le président de la République n’est pas sorti du territoire national depuis 201 jours ? Après avoir pris part au 2e Forum sur la coopération sino-africaine à Beijing en Chine, les 03 et 04 septembre 2018 et, après un détour à Genève (Suisse) où il a ses habitudes depuis son accession à la magistrature suprême, Paul Biya était rentré au Cameroun le 15 septembre et n’a séjourné depuis lors qu’entre Yaoundé et Mvomeka’a, son village natal.

C’est une nouvelle posture de casanier à laquelle les Camerounais n’étaient pas habitués, mais que le chef de l’Etat a presque toujours assumé pour ce qui est des voyages dans le cadre des rencontres internationales, notamment les sommets de l’Organisation de l’unité africaine (Oua), devenue Union africaine (Ua). L’Organized Crime and Corruption Reporting Project (Occrp), un regroupement de journalistes d’investigation créé en 2006 et qui enquête sur diverses thématiques dans différentes zones géographiques à travers le monde, a révélé qu’entre le 06 novembre 1982 et début 2018, le président de la République, Paul Biya, avait passé l’équivalent de plus de quatre ans à l’étranger.

Ce total, ont précisé les enquêteurs qui disaient avoir fait leurs calculs sur la base de documents officiels, notamment les archives du quotidien à capitaux publics Cameroon tribune, n’incluait pas les séjours officiels. Comme le journal français Libération dont un décompte avait révélé que le chef de l’Etat avait passé un tiers de l’année 1994 hors du Cameroun, dans la fameuse enquête « Paul Biya, un vacancier au pouvoir à Yaoundé », parue le 16 février 1995, l’Occrp a ajouté qu’il avait passé au moins 120 jours à l’étranger en 2006 et 2009. Et que tous ces voyages auraient coûté environ 65 millions de dollars américains au trésor public camerounais, soit près de 32,5 milliards Fcfa en 1645 jours. Yaoundé avait alors réagi en critiquant la méthodologie utilisée par les auteurs de l’enquête et surtout, en indiquant que le chef de l’Etat travaille partout où il se trouve pour le progrès du Cameroun.

Déception

L’enquête de l’ Occrp, additionnée aux manifestations à répétition des activistes du Collectif des organisations démocratiques et patriotiques des Camerounais de la diaspora (Code) devant l’hôtel Intercontinental de Genève au cours de ses derniers séjours là-bas, entre autres événements amplifiés dans les médias et les réseaux sociaux, auraient-ils contraints le chef de l’Etat à mettre une pause à son « histoire d’amour » avec la capitale de la Confédération suisse ? A-t-il pris du recul pour mieux s’occuper de la gestion des affaires internes du Cameroun, ou alors prendil véritablement au sérieux les menaces de la fameuse Brigade anti-sardinards (Bas) dont les membres ont saccagé les ambassades du Cameroun à Paris, Londres et Berlin le 26 janvier 2019 ? Cette organisation assure être, en effet, capable de pourrir les séjours du chef de l’Etat dans n’importe quelle ville occidentale ?

Dans la conduite des affaires de l’Etat, Paul Biya, après sa réélection en octobre 2018, a créé le Comité national de désarmement, de démobilisation et de réintégration des combattants de Boko Haram et des groupes sécessionnistes actifs dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest, et nommé un coordonnateur en la personne de l’ancien gouverneur de région Faï Yengo Francis. Il a également nommé de nouveaux directeurs généraux à la tête de la Cameroon Telecommunications (Camtel), à l’Ecole nationale d’administration et de magistrature (Enam), etc. Le 04 janvier 2019, il a formé le premier gouvernement du septennat dit des « grandes opportunités », et présidé un conseil ministériel le 16 janvier. Deux jours après, Paul Biya était à l’Ecole militaire interarmées (Emia) pour décorer les élèves officier en fin de cycle. Comme promis dans sa communication spéciale en marge de la première rencontre de l’année avec son gouvernement, il a relancé il y a quelques semaines l’opération Epervier avec l’arrestation, entre autres personnalités, de l’ex-ministre de la Défense Edgard Alain Mebe Ngo’o.

Les Camerounais restent cependant sur leur faim quant à l’amélioration de leurs conditions de vie, ce d’autant plus que la vie chère, les délestages et les coupures intempestives de fourniture d’eau ont repris droit de cité. Mais, les plus grosses déceptions du chef de l’Etat, depuis sa prestation de serment, restent sans doute l’enlisement de la crise anglophone et la non livraison des chantiers des infrastructures sportives de la Coupe d’Afrique des nations (Can), à l’échéance fin mars 2019. L'info claire et nette. Paul Biya avait pourtant pris l’engagement que le Cameroun serait prêt le jour dit dans un premier temps, et dans un second que les ouvrages seront livrés à date malgré le glissement.

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