Jean Marc Bikoko : Les résultats des régionales sont faussés d’avance
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Le point focal de Dynamique citoyenne pose comme préalable à l’organisation des élections futures au Cameroun, la modification du code électoral.

Dynamique citoyenne salué le 14 mars avec plusieurs autres OSC et partis politiques de l’opposition, dans le cadre du « Front citoyen », les communications (i) de la Commission des droits de l’homme des Nations-Unies, (ii) de l’Union Européenne et (iii) du Secrétaire d’Etat Adjoint aux Affaires Africaines des États-Unis relatives à la situation qui prévaut actuellement au Cameroun sur le plan politique et social, notamment en ce qui concerne le respect de l’état de droit et la situation des droits humains. Qu’est-ce qui sous-tend ce soutien ?
Je trouve ce soutien normal et même tardif, au vu du déni flagrant par les autorités Camerounaises des droits et libertés universels reconnus aux citoyens non seulement par la constitution et la loi N°90/55, mais également par les conventions internationales ratifiées par le Cameroun. Il est de notoriété publique que l’interprétation des dispositions afférentes à ces instruments nationaux et internationaux est à géométrie variable. L’exercice des droits est concédé quand la manifestation arrange le pouvoir, mais combattue quand elle dérange. Les gouvernants actuels de notre pays doivent toujours se rappeler que le Cameroun n’est pas un pays extraterrestre. A l’instar de l’expérience en cours en Algérie, les Camerounais et la communauté internationale ne sauraient tolérer que le Cameroun soit transformé par ses dirigeants en une prison à ciel ouvert.

Le Cameroun étant un pays souverain, le gouvernement n’a-t-il pas le droit de dénoncer une tentative d’ingérence de la part de l’Union européenne et des Etats-Unis dans ses affaires intérieures ?
Convoquer la souveraineté du Cameroun chaque fois que les agissements antidémocratiques des gouvernants sont dénoncés par la communauté internationale est un faux fuyant. Ce d’autant plus qu’il n’en est jamais question quand il s’agit de l’aide ou de l’assistance internationale. Les gouvernants actuels doivent retenir une fois pour toutes que la souveraineté du Cameroun s’arrête là où ses engagements internationaux s’imposent. Ils sont par conséquent astreints au respect scrupuleux non seulement des lois internes, mais également des conventions internationales qu’il a librement ratifiées.

Quel commentaire vous suggère la tournure qu’a prise l’affaire Kamto et les militants du MRC actuellement en détention ?
Je dirais simplement qu’il faut attendre l’issue du processus. J’ai la certitude que le Cameroun ne peut pas supporter la pression exercée aussi bien par les acteurs sociaux camerounais que la communauté internationale, qui pèse de plus en plus comme un fardeau dont il faut se débarrasser. Nous sommes convaincus que nous nous acheminons irréversiblement vers un scénario identique à celui des affaires Thierry Michel Atangana, Me Lydienne Eyoum et de Patrice Nganang, même comme ceux-ci ont fait prévaloir leurs nationalités étrangères.

Etes-vous d’avis qu’il y a un glissement vers la dictature au Cameroun ?
Il ne s’agit pas d’un simple glissement mais, le Cameroun est en plein dans la dictature. Non seulement les autorités camerounaises ne sont pas favorables à la jouissance des droits et libertés obtenues au terme des luttes, mais aussi et surtout, le dialogue et la négociation ne font pas partie de leurs instruments de résolutions des différends et des conflits.

Dynamique citoyenne, par votre voix, a annoncé il y a quelques semaines qu’à partir du mois de mars en cours, il y aurait un certain nombre de manifestations à son initiative, pour exiger, entre autres, l’adoption d’un nouveau code électoral. Où en est-on ? Avez-vous reculé ?
Je dois avant préciser que Dynamique citoyenne n’a jamais parlé de l’organisation des manifestations, mais plutôt d’une campagne de sensibilisation et de mobilisation des populations sur la modification du code électoral comme préalable à l’organisation des élections futures au Cameroun. Pour ce qui est du timing, Dynamique citoyenne, dans le cadre de la coalition nationale « Tournons La Page » (TLP Cameroun), est en train de peaufiner sa stratégie d’action, car, avec un régime liberticide comme celui du Cameroun, il faut s’entourer de toutes les garanties afin que l’on ne nous entraine pas vers un affrontement sanglant.

Il y en a qui estiment que la société civile et les partis politiques de l’opposition n’ont pas assez soutenu Maurice Kamto et le Mrc dans les difficultés qu’ils traversent. Que répondiez-vous à ce sujet ?
Ceux qui disent cela sont de mauvaise foi car, vous reconnaissez dans votre première question que Dynamique Citoyenne a salué et reconnu les communications de la communauté internationale. En ce qui nous concerne, il ne s’agit encore là que d’un soutien moral, mais, les mobilisations populaires ne sont à exclure dans les prochains jours.

De toute évidence, les toutes premières élections régionales auront lieu cette année au Cameroun. Estce une bonne nouvelle pour la mise en place effective de la décentralisation ?

Il s’agit effectivement d’une bonne nouvelle mais, après 23 ans, il n’y a pas de quoi s’en réjouir. Surtout que celles-ci sont annoncées dans un contexte de contestation du code électoral et des institutions en charge de la gestion des élections (Elecam et Conseil constitutionnel). Nous sommes convaincus que ces élections, si elles sont effectivement organisées, ses résultats sont faussés d’avance. Si l’on s’en tient au projet de loi portant modification du code électoral actuellement en examen au Parlement, et qui ne concerne que les dispositions relatives à l’élection des conseillers régionaux. En occultant toutes les autres insuffisances du code électoral dénoncées par l’ensemble des acteurs sociaux et reconnues par Elecam, le gouvernement fait preuve de mauvaise foi et de manque de volonté politique. Nous rappelons simplement aux uns et aux autres que la démocratie n’est pas le pouvoir du gouvernement pour les intérêts de l’exécutif et d’une minorité, mais bel et bien « le pouvoir du peuple, par le peuple et pour le peuple ». A bon entendeur, salut !

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